Zéro faute et après ?
Dans La loi du ghetto, Luc Bronner, journaliste au Monde, évoque le climat de violence qui plombe certains établissements scolaires de la banlieue parisienne. Il rend compte de l’initiative d’un prof de collège, qui, en 2008, à Aubervilliers, suite à des manifestations incontrôlées, avait demandé à ses élèves d’écrire une lettre à l’inspecteur d’académie. Les extraits publiés dans Rue89 (08/03/2010) donnent l’image de textes simples, parfois émouvants, lucides et directs… et bien écrits. Pourquoi faut-il alors que le journaliste de Rue89, s’attardant sur les fautes d’accord ou d’orthographe, en conclue à une « écriture catastrophique », entraînant derrière lui la risée d’un certain nombre de commentateurs prompts à traquer « l’illettrisme » derrière chaque faute de français ? Ces élèves ont des choses à dire et ils les disent bien, grâce à un prof qui a choisi de les faire écrire autrement que sous la dictée. Inversement, on voit aussi beaucoup de gens écrire sans fautes quoiqu’ils n’aient rien à dire.