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Journal d'école
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24 avril 2010

Suppression des allocs : une société infantilisée

« (…) sur les allocations, il faut faire attention. Beaucoup ne sont pas destinées aux enfants. Les pères boivent et jouent avec cet argent, c’est la triste réalité ». Ces propos (d’après boire ?) sont de Chantal Brunel, député UMP, ex porte-parole du mouvement (Vousnousils, 24/04/2010). Au 19e siècle, dans le débat sur le bien-fondé de la gratuité de l’école primaire, avant les lois Ferry,  les notables opposaient cet argument paternaliste, plein de morgue pour les petites gens : l’école gratuite aura pour effet, en dispensant les parents de tout effort financier, de permettre à ces derniers de s’adonner un peu plus à leur penchant pour l’alcool et le vice. C’était la belle époque de l’ordre moral et de la profonde méfiance pour les « classes laborieuses, classes dangereuses », pour reprendre la formule célèbre de Louis Chevalier (Classes laborieuses, classes dangereuses, 1978).

Cette dernière sortie d’une responsable UMP n’est malheureusement pas isolée : dans la droite ligne de la pensée présidentielle sur l’école, elle fait des difficultés scolaires le signe de l’infamie des familles. Pour Sarkozy, l’échec scolaire sous toutes ses formes, l’absentéisme, sont les signes avant-coureurs de la délinquance, qu’il faut traiter comme tels. Comme il l’a à nouveau répété il y a quelques jours en installant l’ancien patron du RAID comme préfet de Seine-Saint-Denis – tout un symbole, là encore - l’élève en difficulté n’est qu’une figure du « truand », du gangster, du trafiquant. L’échec scolaire ne relève plus de la pédagogie ni des enseignants spécialisés mais de la vidéosurveillance, de l’enfermement, du policier, du fichage systématique. Incidemment, mais beaucoup plus vite que prévu, on voit se mettre en place, autour de l’école, une sorte de contrôle administratif brutal, protéiforme, où le policier supplante l’éducateur. La formule, si ma mémoire est bonne, est de Mussolini.

« Les grands magasins vous diront que lors du versement des allocations familiales, le chiffre d'affaires augmente et qu'avec la prime de rentrée scolaire, on va s'acheter de la boisson ou tout autre chose » croit bon rajouter Chantal Brunel. Pour se permettre de semblables énormités, que sait-elle au juste de la rentrée scolaire et de la vie quotidienne des familles, cette politicienne qui a passé le plus clair de sa carrière dans les bureaux ministériels, soutien indéfectible à une politique dont l’effet le plus notoire aura été d’aggraver les conditions de vie de ceux qui étaient déjà dans le besoin ? Depuis plusieurs semaines, la droite multiplie les déclarations les plus extravagantes sur l’éducation, espérant sans doute par là faire oublier son échec cuisant en la matière. Ce que les déclarations de Chantal Brunel sur les allocations familiales auront du mal à masquer, c’est – avec une incapacité certaine à penser les questions éducatives et une arrogance qui autorise tous les débordements verbaux - un profond mépris pour les citoyens, surtout pour les plus fragiles d’entre eux, infantilisés, jugés incapables de gérer leur vie et l’avenir de leurs enfants.

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Commentaires
T
Personnellement, j'ai un ticket avec Madame Morano, je te la sors en boîte à Royan ce soir, tu paries combien ?<br /> http://videos.leparisien.fr/video/iLyROoafY0OF.html
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