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Journal d'école
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5 mai 2010

C'est Sarkozy qui fait peur

Le dernier discours de Sarkozy – en attendant le prochain, qui ne saurait tarder – sur la violence en milieu scolaire aura au moins réservé une heureuse surprise : les élèves perturbateurs se chiffreraient en France au nombre de 200 à 300, puisque Sarkozy envisage l’ouverture d’une dizaine d’internats regroupant chacun 20 ou 30 élèves. 200 à 300 élèves « perturbateurs » sur un total de 12 millions d’élèves, est-ce bien nécessaire dans ces conditions d’ameuter l’opinion publique avec un sujet aussi anodin ?

 

Les mesures annoncées aujourd’hui par Sarkozy avec une violence de ton, une hargne qui lui sont coutumières lorsqu’il évoque l’école et plus généralement les jeunes, ceci devant un parterre de recteurs et d’inspecteurs d’académie, grossièrement manipulés mais qui n’y trouvent manifestement rien à redire, ces mesures appellent un certain nombre d’observations.

Jusqu’à présent, même sous Sarkozy, le choix d’un établissement pour un élève relève exclusivement de la responsabilité parentale et non du président de la république ou d’une administration. Dans une autre type de société, la chose serait peut-être envisageable, mais en France, cela ne s’est encore jamais vu. Du moins pour l’instant car curieusement, au moment où Sarkozy annonçait sa dernière lubie, la ministre de la Santé présentait de son côté un plan sur la psychiatrie autorisant l’internement de n’importe quel citoyen sur simple décision administrative. Des principes hérités du goulag pour tenter de sauver un pouvoir aux abois ?

 

Il faut ne rien connaître d’un élève de 13 à 16 ans – tranche d’âge qui semble décidément concentrer toutes les phobies de Sarkozy – pour croire que l’enfermement subi, et non choisi, comme c’est le cas aujourd’hui, en internat serait de nature à remettre un élève sur les rails.  C’est faire totalement abstraction du fait que le refus de l’école manifestée par certains élèves se nourrit de l’échec scolaire. Un échec scolaire que l’UMP, empêtré dans de dérisoires considérations budgétaires et ses contradictions idéologiques, s’avère incapable de traiter à la source, en refusant de remettre en cause un système scolaire obsolète – notamment le collège – ou pire, en cherchant dans l’école du passé, dans l’école en blouse grise, dans l’école derrière les barreaux, un modèle pour le 21e siècle. On ne peut nier que depuis trois ans, la situation des établissements scolaires se soit détériorée, non seulement à cause de cette crispation bornée sur le passé mais aussi à cause des coupes sombres dans l’encadrement de l’Education nationale dont nul ne peut plus ignorer les effets. Mais après tout, c’est un choix politique très fort que celui qui consiste à supprimer des dizaines de milliers de postes d’enseignants, à laisser à l’abandon les infirmières, les médecins ou les psychologues scolaires, à rayer d’un trait de plume toute formation professionnelle pour les enseignants et, malgré tout, dans le même temps, à trouver comme par miracle les moyens budgétaires de financer des structures exclusivement d’enfermement.

 

Il y a quelques jours, Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, affirmait que « l’absentéisme scolaire était la première marche vers la délinquance », tissant ainsi un lien entre les deux échecs majeurs de Sarkozy : l’école et la sécurité. Certes, c’est l’effet d’annonce qui prime, mais cette habitude qu’ont pris certains politiciens, derrière Sarkozy, de voir derrière le jeune un ennemi, de jouer sur les peurs, de flatter les instincts vulgaires, tout cela est quand même bien inquiétant. Et pour moi qui suis prof de collège, ce ne sont pas les élèves qui me font peur, mais ces gens-là.

 

 

 

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Commentaires
T
En ce qui me concerne, je citerai Meirieu pour me demander avec lui :<br /> <br /> Quelle mise en œuvre ?<br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> Théo
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T
Sans aucun doute.
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L
A propos de respect, je m'en voudrais de ne pas citer une nouvelle fois le texte de J. Korczak, "Le droit de l'enfant au respect"...un texte qui remonte à 1929, mais toujours ignoré dans l'Education nationale.
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T
Qu'est-ce que le respect ?<br /> <br /> Personnellement, je me pose cette question, je n'ai pas de réponse actuellement !<br /> <br /> Qu'en pensez-vous ?<br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> Théo
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Y
En fait il me semble que les problèmes de l'école sont aussi anciens que l'école elle-même (en vertu du truisme "c'était forcément mieux avant"), que le problème fondamental des enseignants est qu'ils n'ont pas encore trouvé le truc pour se faire respecter (avant quand c'était mieux, ils étaient respectables et souvent respectés d'office es qualité) et celui du président de la république que les jeunes ne sont pas son électorat, pas plus que les petits délinquants (la grande délinquance se situant de mon point de vue au niveau des cols blancs qui font beaucoup beaucoup plus de dégâts parfois de façon tout à fait licite mais passons), ni généralement, que les habitants des zones prospères en "petite" délinquance.<br /> Mais on ne règle jamais rien par la violence et une société hyper sécuritaire n'est pas une société sécurisée.
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