Chatel communique

Que fait Chatel chaque week-end ? Il communique. Sa dernière sortie en date porte sur les maths et la culture scientifique, avec cette décision audacieuse visant à instaurer quinze minutes quotidiennes de calcul mental à l’école primaire. Ce qui permet à la presse de titrer sur la mâle résolution du ministre : « Chatel veut le retour du calcul mental ». La semaine dernière, c’était : « Chatel veut l’apprentissage de l’anglais à trois ans ». Peu de temps avant : « Chatel veut que les élèves fassent du sport l’après-midi ».  Sans oublier dans l’entre-temps, la prime d’obéissance pour les chefs d’établissement.

Si Chatel parlait moins, cela lui laisserait davantage de temps pour travailler ses dossiers, en commençant, par exemple, par consulter les programmes officiels de son propre ministère. On peut lire, en effet dans les programmes 2008 de CP-CE1 : « Avec l’entraînement quotidien au calcul mental, les élèves accèdent à une connaissance plus approfondie des nombres », ou encore, dans ceux de CE2-CM1-CM2 : « L’entraînement quotidien au calcul mental porte sur les quatre opérations ».

Il est vrai aussi que Chatel aurait sans doute bien du mal à rameuter micros et caméras en mettant en regard des prescriptions officielles sur l’enseignement des maths les suppressions de postes ou celle de la formation des enseignants. Avec Chatel, c’est le rideau de fumée permanent. Cette pratique forcenée de la communication qui tourne à vide ne vise ni les enseignants ni les parents placés aux premières loges pour apprécier les dégâts de cette politique mais, plus sûrement, un électorat très ignorant du contexte éducatif du moment.

La prochaine annonce du grand communicant national, c’est pour les jours qui viennent. On peut s’attendre à quelque chose du genre : Chatel veut le retour de l’histoire de France à l’école ou encore Chatel veut le retour de l’éducation civique…

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Comments

[Lubin]

Un rapport du CAS dont les conclusions démentent en effet toutes les contre-vérités énoncées sur la question, comme, par exemple, celles de Sarkozy, l'autre soir sur TF1.
Merci, Théo.

[Théo]

Ce n’est pas la lecture la plus excitante qui soit mais c'est un rapport qui donne du grain à moudre aux syndicats de l'éducation et à tous ceux qui s’intéressent à ces questions. Ça vaut le coup de rentrer dans cette étude un peu aride d’une douzaine de pages.
Dans son,« Tableau de bord sur l'emploi public 2010 » publié cette semaine, le Centre d'analyse stratégique (CAS), rattaché au Premier ministre, note en effet que parmi les pays de l'OCDE « la France présente le taux d'encadrement (nombre d'enseignants pour 100 élèves) le plus faible, tous niveaux et tous établissements confondus (publics et privés) avec seulement 6,1 enseignants pour 100 élèves ». Avec, précise-t-il, des taux plus faibles encore dans le primaire et dans l'enseignement supérieur, quand il est « médian » pour le secondaire. L'étude souligne aussi « une part importante d'emplois d'appui de nature administrative », un salaire pour les enseignants « faible en comparaison internationale». Ils sont en fait parmi les plus mal payés, avec ceux de Suède et de Norvège.. La part importante du PIB (Produit intérieur brut) a été souvent avancée pour contredire ceux qui jugent l’effort insuffisant en matière de budget dédié à l’enseignement. Le CAS bat en brèche cet argument en signalant que si cette dépense constitue effectivement une part plutôt élevée du PIB (6,7%)… c’est surtout dû à un effet masse : la population en âge d’être éduquée constituant elle-même une part importante.
Dans Les Échos qui rend compte de cette étude , on recueille quelques réactions syndicales à ce rapport. « Ce qui est intéressant, c'est que ces données montrent clairement que nous ne sommes pas dans un régime de surdimensionnement », observe par exemple Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT. Des arguments forts qui ne manqueront pas d’être utilisés dans les revendications à venir et notamment dès le 19 mars prochain avec la prochaine journée unitaire d’action contre le budget de l’Éducation Nationale.

Sarkozy a reparlé de la formation
Dans une émission jugée “ennuyeuse” par la grande majorité des commentateurs, N. Sarkozy a parlé à nouveau de la formation des enseignants. "Il faut qu'on renforce la partie stage professionnalisant, parce que pour être enseignant, il faut bien sûr connaître la matière, ça c'est l'université, mais on va faire un effort, vous avez raison, sur un point de faiblesse pour nous, pour renforcer les stages. Et pas simplement le stage pour enseigner : le stage pour animer une classe, le stage pour faire face aux situations de crise, le stage pour apprendre à se faire respecter".
(On notera au passage la conception étriquée de la formation réduite à quelques recettes de “dressage”).
C’est la deuxième fois que le président de la République aborde cette question cette année. Le 19 janvier dernier lors de ses vœux au monde l’enseignement et de la culture, N Sarkozy avait déjà annoncé : "Passer d'un niveau licence à master ne suffit pas. Il y a toute la question de la formation pratique. Je pense qu'il ne faut pas avoir peur de reconnaitre qu'il faut améliorer notre système". Mais interrogé par la suite, le ministère de l'Education nationale avait fait savoir que l'amélioration envisagée passerait surtout par une évolution des masters préparant aux concours d'enseignement.En fait, il s'agirait d'intégrer des modules pratiques de stages aux masters d'enseignement. Et d'autre part d'intégrer à la deuxième année de master des "modules pluridisciplinaires", en particulier pour les futurs professeurs des écoles qui viennent majoritairement de licences littéraires et ont besoin d'un enseignement renforcé en sciences. Rien n’est prévu semble t-il pour les enseignants du second degré. Enfin, il semblerait que pour contrer l’argument de la désaffection des candidats pour les métiers de l’enseignement, le ministère réfléchit aussi à des "masters en alternance" qui "auraient vocation à fidéliser des étudiants qui se destinent à l'enseignement", par exemple en les embauchant comme assistants d'éducation dans les établissements en même temps qu'ils finissent leurs études.

C… de Mammouth
Finissons cette chronique avec une rubrique “Faits divers”. Un dangereux dealer va passer en conseil de discipline au collège Denis Diderot de Sorguesnous apprend La Provence .
Ce jeune garçon de 12 ans , fils d’un boulanger, en bon entrepreneur junior, s'était dit qu'il pouvait vendre des sucettes dans la cour de récré. “ C'était pour rendre service car on ne les trouve que dans la boulangerie de mon père et chez le marchand de journaux à côté ” explique ce jeune garçon. Ces sucettes, ça ne s’invente pas, sont affublées du doux nom de "couille de mammouth", rapport sans doute à la rondeur et à la taille de la confiserie (60 grammes tout de même) et à l'emballage estampillé d'un dessin de la créature préhistorique. Cinq parfums possibles, des couleurs changeantes au fil de sa consommation finissant par un coeur de chewing-gum, de quoi…susciter l’engouement des jeunes élèves. Depuis novembre, il a donc vendu quatre boîtes de 36 sucettes pour un bénéfice de 28 euros
C’est donc la raison pour laquelle ce collégien a été convoqué pour un conseil de discipline le 17 février prochain. La raison : "commerce illégal dans l'établissement".
Le Mammouth est chatouilleux…


http://philippe-watrelot.blogspot.com/2011/02/revue-de-presse-du-vendredi-11-fevrier.html

[Théo]

Précision. Pour ceux ici qui n'auraient rien compris ou feraient semblant, et je sais qu'ils sont nombreux :
le problème n'est pas ce que Chatel réclame, c'est ce qu'il déclare !

Amicalement,

Théo

[Théo]

Excellent commentaire, cher Lubin !
Un bon blogueur sait mettre en forme mes pensées !!!
Je transmets à quelques amis qui devraient apprécier et me comprendre !
Bien cordialement,
Théo

[Théo]

Excellent, Lubin !

Bien amicalement,

Théo