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Journal d'école
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10 mai 2011

Rentrée 2011 : l'école en otage

Mises bout à bout, les mesures annoncées par le ministre pour la rentrée prochaine font  incontestablement sens. On apprend aujourd’hui que les évaluations de CM2 trouveront place dorénavant en fin d’année scolaire. Plus question, donc, de finalité diagnostique comme c’était le cas, au moins en façade jusqu’à présent. Et s’il ne s’agit pas officiellement, du moins pas encore, d’un examen, on n’en est peut-être plus très loin, avec cette obstination à classer, à faire rentrer dans des tableaux.

Depuis quelques jours, la très traditionnelle circulaire de rentrée évoque la possibilité d’évaluations en 5e pour le français et les maths. La même circulaire insiste lourdement sur des dispositifs, des expérimentations à la dénomination équivoque - « préapprentissage, préprofessionnalisation » - qui cachent mal une volonté de mettre à l’écart, d’exclure le plus tôt possible les élèves en difficulté.

La suite est facile à imaginer : pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les élèves qui arriveront en 6e avec un an ou deux ans de retard pour cause de redoublement – ils pourraient avoir 12, 13, voire 14 ans – seront les premiers à être sélectionnés dès la classe de 5e dans la voie professionnelle. Autrement dit, alors que jusqu’à présent les études secondaires pour tous étaient considérées comme la norme, avec pour objectif d’aller le plus loin possible, les annonces distillées de façon anodine ces derniers jours font faire au système éducatif un bond qui nous ramène presque un siècle en arrière. Il s’agit-là d’une régression sociale sans précédent, les élèves concernés étant, ce n’est un secret pour personne, issus des milieux modestes ou défavorisés.

Comme on le sait, ces mesures sont la transcription du projet UMP pour les prochaines présidentielles : avec ces décisions à la sauvette, imposées sans la moindre concertation, à quelques mois des échéances électorales, Chatel prend la responsabilité de mettre en œuvre  des choix politiques qui n’ont même pas pour eux la légitimité des urnes et que, d’ailleurs, il n’aura pas lui-même à appliquer. Il confirme ainsi, ce qu’on a eu l’occasion de vérifier en maintes circonstances, qu’il n’est à son  poste ministériel que l’agent électoral d’un parti, prêt à tout pour sauver son pouvoir. Comme sur les questions touchant aux violences scolaires, au harcèlement, à l’absentéisme, l’école est prise en otage par des préoccupations abusives, de pure tactique politicienne.

Ce que l’on peut dire de Chatel, c’est qu’il est le dernier à « agir en fonctionnaire éthique et responsable ».

 

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Commentaires
T
Et en effet,un sérieux malaise ...<br /> <br /> http://www.snuipp.fr/Travail-enseignant-un-colloque-du<br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> Théo
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L
Il y a quelques jours, on croyait comprendre que les évaluations de 5e seraient "expérimentales", mais avec cet interview de Chatel au Café pédagogique, c'est comme si elles étaient généralisées. Je sais bien que dans un an, Chatel aura dégagé, mais il y a comme un malaise...<br /> http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/05/13EvaluationCM2.aspx
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T
Essentiellement d'accord avec vous, cher Lubin.<br /> <br /> Ceci dit, je ne suis pas certain que légalement, on puisse encore comme autrefois passer son certificat d'études primaires à 13 ans et encore moins à 14 ans !<br /> <br /> (humour !)<br /> <br /> Bien amicalement,<br /> <br /> Théo
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