Les manuels scolaires sont-ils solubles dans l'autonomie des établissements ?

C’est une vieille habitude à l’UMP : couper court à un débat de société en demandant l’interdiction des manuels de SVT de première. Aujourd’hui, c’est l’identité sexuelle qui semble faire problème, comme c’est d’ailleurs le cas avec l’identité nationale, autre obsession de l’UMP. Et ce sont effectivement les mêmes acteurs - Vanneste, Luca et Cie – qui s’étaient signalés il y a trois ans en fustigeant les manuels d’histoire de collège, coupables à leurs yeux de passer sous silence « les effets positifs de la colonisation » (voir Journal d’école, 29/10/2008).

Cette initiative intempestive met à nouveau en lumière les paradoxes, les faux-semblants entretenus autour de la notion d’autonomie des établissements, tant vantée par l’UMP et le gouvernement. Car si l’autonomie doit avoir un sens, c’est bien dans la liberté pédagogique dont les enseignants peuvent faire usage, notamment, mais pas seulement,  avec le libre choix des manuels scolaires. A droite, on ne verrait sans doute pas d’un mauvais œil une sorte de manuel unique rédigée sous l’autorité du ministre, permettant de surveiller, plus efficacement qu’un inspecteur ne le fait, le travail des enseignants. L’autonomie des établissements, une idée qui, bien pensée, peut être parfaitement défendable, est ici détournée de son objet pour se limiter à une simple mesure de surveillance, de mise au pas des enseignants, le rêve étant, à terme, de faire perdre aux enseignants le statut de la fonction publique (Journal d'école, 27/06/2011).

Un statut qui, néanmoins, n’a de sens que si ses bénéficiaires utilisent la liberté qui va avec au lieu de tout attendre, comme c’est souvent le cas, de l’administration centrale et des dernières circulaires. Surtout quand la circulaire tourne à la pitrerie ministérielle comme c’est le cas pour les leçons de morale en primaire. On en reparle sous peu.

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