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Journal d'école
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12 novembre 2011

Les profs du privé en otage... en attendant les autres

Le 9 novembre dernier, prenant la parole dans le cadre du congrès national de l’UNETP, le délégué général à l’action politique du Secrétariat à l’enseignement catholique évoque, au détour d’une phrase, la révision du statut des enseignants : « elle sera possible – affirme-t-il – avec la création d’un nouveau corps d’enseignants qui effectueront davantage d’heures de cours » (Le Café pédagogique, 10/11/2011). Le futur de l’indicatif semble indiquer que le principe en est déjà adopté.

Une annonce qui ne laisse pas de surprendre. Confronté  aux réductions de postes, l’Enseignement catholique, a maintes fois affiché sa préférence pour des réformes de structures impliquant, entre autres choses, une modification du service des enseignants. Une innovation qui, outre le fait qu’elle correspond à des pratiques déjà courantes dans les établissements où les enseignants s’investissent déjà largement  dans des activités dépassant les 18 heures de cours hebdomadaires règlementaires (concertation, soutien etc), est également défendue par plusieurs syndicats du public comme du privé. Mais aux yeux de ces derniers, il était tacitement entendu qu’une augmentation du temps de présence à l’intérieur de l’établissement allait de pair avec une réduction du nombre d’heures de cours, dont on estime à juste titre qu’elles génèrent tension et fatigue pour des résultats mitigés.

Exiger des profs davantage de présence sous forme d’une augmentation des heures de cours relève tout simplement de l’escroquerie : il s’agirait, pour pallier les suppressions de postes, de faire travailler davantage les enseignants sans leur permettre de faire évoluer leurs pratiques pédagogiques, ce que, seule une redéfinition du travail quotidien permettrait de réaliser.

Avec cette déclaration venue de nulle part, quelle mouche a donc piqué les responsables de l’Enseignement catholique ? La réponse est probablement à chercher dans la convention éducation de l’UMP tenue la veille, où l’idée d’augmenter le nombre d’heures de cours a également été avancée. Depuis plusieurs semaines, des négociations informelles se tiennent entre le Secrétariat général de l’Enseignement catholique et Chatel dont les préoccupations sont davantage celles d’un militant UMP que d’un ministre en exercice. On imagine aisément le bénéfice électoral que la droite pourrait tirer d’un accord portant sur une réforme de structures du système éducatif, les tractations portant également sur l’annualisation du temps de travail, la réduction des congés ou les pouvoirs accrus des chefs d’établissement.

Bref, entre l’Enseignement catholique – ou du moins certains de ses dirigeants - et le ministre, il y aurait comme des relations inavouables qui sentent la magouille électorale.

Les syndicats du privé unanimes, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Dans un communiqué commun, où ils rappellent que le seul et unique employeur des maîtres du privé est l’Etat, ils interrogent le ministère « sur la légitimité de l’Enseignement catholique à négocier les obligations de service des maîtres ». Avec une certaine lucidité, ils avertissent que les menaces qui pèsent sur les profs du privé risqueraient bien de faire tache d’huile : ils attirent en effet l’attention du ministre « sur l’inégalité de traitement qui résulterait de la mise en œuvre de telles mesures, les obligations de service des maîtres de l’enseignement privé étant alors déconnectées de celles des enseignants du public. A moins qu’il ne soit envisagé d’étendre ces dispositions aux enseignants du public… »

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