Charognards
On a beau chercher, on ne voit pas d’autre terme pour désigner ces politiciens, ces médias aussi, qui se livrent à une exploitation éhontée de la mort d’une collégienne en Haute-Loire. Une mort tragique mais qu’aucune considération n’aurait dû autoriser à porter sur la place publique, à traiter comme un fait de société. Oui mais voilà, en période électorale, pourquoi faudrait-il se priver de flatter une nouvelle fois les instincts les plus bas, dont on attend les suffrages ?
Les analyses à deux balles sur « cette jeunesse de plus en plus violente » fleurissent, censées justifier la dérive sécuritaire – en échec une nouvelle fois – de ces dernières années. Avec Le Pen et ses éructations sur la peine de mort, la palme revient à Dati l’écervelée, regrettant que son projet de loi pénale pour les mineurs n’ait jamais vu le jour, un projet qui, faut-il le rappeler, préconisait l’incarcération des enfants de douze ans, « une mesure de bons sens », affirmait-elle (Journal d’école, 29/11/2008). Un fait divers, une loi : avec ce principe, on peut faire confiance au gouvernement pour imposer dans l’urgence une de ces mesures qui remplissent les prisons sans assurer le moins du monde la sécurité de la population.
Il y a quand même quelque chose d’effrayant devant ce déferlement sauvage et sans retenue, qui accompagne régulièrement les informations de ce type et qui n’a rien à voir, ou pas grand-chose, avec l’expression de la compassion. Quand la haine, entretenue par des politiciens puérils et ambitieux devient le moteur de l’action politique, cela se termine généralement très mal.