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Journal d'école
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15 janvier 2012

Internats d'excellence : un bien curieux bilan

Un bilan qualifié de « positif » pour les internats d’excellence, c’est du moins ainsi que le Figaro (05/01/2012) qualifie le très léger rapport d’étape d’un chercheur du Circeft, un chercheur qui, manifestement, n’aura trouvé que ce qu’il a bien voulu chercher car le moins que l’on puisse dire c’est que la méthodologie de l’enquête laisse à désirer (le meilleur est pour la fin, un peu plus bas).

Les « données incontestables » se ramènent à quelques témoignages soigneusement sélectionnés de parents, d'élèves « ravis », heureux de « pouvoir enfin travailler » et de ne plus se faire traiter de « bouffons » lorsqu’ils réussissent. Bref, la galerie de clichés  tels qu’on les aime au Figaro.

Pour le quotidien, le succès de la formule est patent : en un an, les internes auraient en effet « rattrapé le niveau des collégiens du bon établissement de centre-ville dans lequel ils sont désormais inscrits. » Mais à partir de quoi notre fin chercheur repère-t-il le niveau en question ? Réponse toute bête : « ils obtiennent des résultats supérieurs de 20% à ceux de leurs collèges d’origine.» Affirmation quand même hasardeuse : des élèves soigneusement sélectionnés parmi les plus motivés, le plus souvent sur livret scolaire,  bien suivis par leurs parents, se trouvant transplantés dans un environnement privilégié, jouissant d’un encadrement hors norme, obtiennent donc au DNB des résultats supérieurs à leurs anciens camarades. Surprenant non ? Il n’est même pas venu à l’esprit du brillant chercheur que les internats qui font l’objet de la recherche ayant ouvert leurs portes aux rentrées 2009 ou 2010, les élèves qui y ont obtenu le DNB à la session 2011 devaient la plus grosse partie de leur scolarité et donc de leurs mérites à leurs établissements d’origine.

Au passage, le rapport confirme ce qu’on sait déjà : la faible tolérance des internats dits d’excellence pour les élèves en difficultés. Ainsi, à Cergy, 12 élèves sur 29, soit plus d’un tiers, pas moins, ont été éjectés, car « peu motivés » ou « ayant des résultats médiocres ». Un tri sélectif contenu en germe dans le projet éducatif de l’UMP pour les prochaines années et qui, s'il était généralisé, déboucherait sur des taux de réussite au DNB de 120 % pour tous les collèges sans exception...

Seule observation négative : la surdose d’activités. Entre le poney, le théâtre, l’opéra, le karaté (le golf, le yachting ?), ils n’en peuvent plus, les élèves. On est quand même bien loin du recentrage sur les « fondamentaux », comprenez les rudiments, voulu par Chatel. Faire partie de l’élite, ça se mérite.

Bref, rien de bien nouveau dans ce rapport qualifié « d’étape » mais plutôt de circonstances, sinon une information qui mérite quand même le détour : c’est Total qui finance la partie privée du budget de Sourdun. C’est donc l’argent du pétrole gabonais ou du gaz birman qui paye les désormais fameux uniformes dont sont affublés les internes. Pétrole et gaz qui, manifestement, pour le proviseur, n’ont pas d’odeur. En Birmanie, assassinats, travail forcé : les uniformes de Sourdun ont décidément beaucoup à cacher (Libé, 05/07/2010).

 

PS - Pour juger du sérieux de ce rapport, précisons  qu'il a été commandité et subventionné  "par la DGESCO [i.e. le ministre lui-même] par le biais d’heures supplémentaires attribuées à des enseignants associés des différents sites ainsi que par l’ACSE (Agence pour la cohésion sociale et l’égalité) qui finance les internats d’excellence de Barcelonnette, Marly le Roi, et Le Havre à laquelle un rapport spécifique sera remis." (voir l'info sur le site du Circef). Autrement dit, les profs des internats d'excellence ont été rémunérés sur les deniers publics pour rédiger quelques pages à leur propre gloire. Nouvel aperçu de la rémunération au mérite...

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