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Journal d'école
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24 mars 2012

De l'illettrisme au terrorisme, c'est toujours la faute à internet

Comme tout le monde a déjà parlé de ce type, pardon de ce « professeur de lettres classiques », qui se vante d’avoir « pourri le web », trompé ses élèves, détérioré Wikipedia et j’en passe, il n’est pas nécessaire d’en laisser un lien supplémentaire. Quand on sait que Rue89 lui a ouvert toutes grandes ses colonnes (et dans le même temps refuse toutes mes contributions depuis plusieurs mois…), cela laisse songeur.

Que ce prof ait  du temps à perdre, c’est son droit mais qu’il perde également celui de ses élèves est déjà plus problématique. Plutôt que de piéger les élèves, il aurait été mieux inspiré de leur apprendre à travailler avec internet, ce qui fait d’ailleurs partie de ses obligations contractuelles. A considérer le profil, j’imagine qu’il fait partie de tous ceux qui n’ont que mépris pour le socle commun (2006, déjà !) et notamment son pilier 4 sur « la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication », maîtrise qui implique « l’usage sûr et critique des techniques de la société de l’information ». On ne croit pas que le prof en question ait passé beaucoup de temps à « faire acquérir à chaque élève un ensemble de compétences lui permettant de les utiliser de façon réfléchie et plus efficace » ou encore à développer chez eux « une attitude critique et réfléchie vis-à-vis de l’information disponible [et] une attitude de responsabilité dans l’utilisation des outils interactifs ».

Combien de fois aura-t-il fait travailler ses élèves sur internet pendant les heures de cours, plutôt que de les charger d’une hypothétique « recherche » à faire à la maison ?  Dans ma modeste pratique quotidienne de prof de collège, le travail sur internet se fait sur le temps de classe, malgré, d’ailleurs, les conditions matérielles difficiles : rechercher des informations consiste à les recenser, les critiquer, les classer et n’en retenir qu’un petit nombre sur des critères pertinents. Un travail qui ne peut se faire en dehors de la présence du prof dont l’aide est alors indispensable. Ce que, manifestement, on a du mal à comprendre chez les « néoprofs » - déjà bien vieux - les traditionnalistes et les thuriféraires de la « transmission ».  En un mot, dans cette opération racoleuse et malhonnête, ce ne sont pas les lycéens qui sont en faute mais le prof, qui n’a pas fait son boulot.

Internet, pour quelques-uns, c’est l’enfer, un peu comme les premiers livres imprimés au 15e siècle. Pensez donc : une invention qui ouvre la connaissance à tous et libère la parole, au lieu de les laisser confisquer par un petit nombre.

Dans une logique proche, Sarkozy a trouvé le responsable des attentats de Toulouse : internet. S’il est réélu, il fera voter une nouvelle loi renforçant la surveillance de la toile, comme en Chine. Car, figurez-vous, c’est en naviguant sur internet qu’on devient terroriste.

On n’a jamais prétendu qu’internet à soi tout seul rendait intelligent mais que ses contempteurs se recrutent massivement chez les demeurés est largement attesté.

B. Girard

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Commentaires
M
D'une part, on pourrait discuter longtemps pour savoir si ce piège ne relève pas de la "ruse" pédagogique dont je suis sûr que vous êtes par ailleurs un fervent défenseur. Et ici, cette ruse n'est pas un vain mot...<br /> <br /> Surtout, JAMAIS le professeur n'a incité ses élèves à aller sur internet. Au contraire, il insiste pour souligner le côté personnel de ce travail, qui n'a rien d'une épreuve d'érudition. Pourquoi, alors, vouloir les "familiariser" avec une recherche internet SANS OBJET (d'autant qu'au lycée, ils ont déjà le droit de "s'initier à la recherche" (on ne rit pas) avec les TPE )? En gros, ce que les élèves ont appris au cours de cette histoire, c'est qu'il est plus utile de commencer par se servir de son cerveau que de chercher les réponses à un problème, quel qu'il soit, sur google (chose qu'ils savent très bien faire sans l'aide de la gent enseignante, merci pour eux). Et que les heures qu'ils ont perdu de leur fait, ils pourraient avantageusement les consacrer à des activités plus créatives. Je ne vois vraiment pas où pourrait résider le scandale, à moins d'être un fétichiste de l'informatique ou un actionnaire de Microsoft.
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L
" (...) outre qu'une séance sur le web est chronophage, on peut penser qu'elle n'est pas forcément pertinente en soi au lycée, avec des élèves qui ont déjà une certaine expérience de la chose et lors même qu'on a peu d'heures de cours devant soi (...)" Dans le cas présent, les élèves ont surtout montré leur peu d'expérience et donc tout l'intérêt qu'il y a à les familiariser avec une recherche sur internet et si "une séance sur le web est chronophage" (plus que quoi, d'ailleurs ?) , c'est aussi moins chronophage que d'avoir fait perdre plusieurs heures ou plusieurs jours aux élèves en cherchant à les piéger.<br /> <br /> <br /> <br /> Piéger les élèves, figurez-vous, ça na rien à voir avec la liberté pédagogique.
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M
...pas de réponse sur le fond. Je maintiens qu'il est grotesque de vous voir faire appel à l'application stricte d'obligations règlementaire (attendez donc d'être contractualisé, vous la verrez bien, la différence) pour autrui, alors que vous passez votre temps, à titre personnel, à vous glorifier de ne pas appliquer (on peut aussi appeler cela "désobéir": ça vous pose en résistant, et ça ne mange pas de pain) sous des prétextes plus ou moins fallacieux, tout ce qui, dans vos obligations, ne vous convient pas. A ce stade, on est dans l'indécence la plus totale, d'autant que vous persistez dans ce qui s'apparente fort désagréablement à de la délation. <br /> <br /> Le professeur en question a par ailleurs simplement fait preuve de cette liberté pédagogique que vous réclamez, POUR VOUS, à corps et à cris, et généralement de façon indue. . Qu'internet puisse être utile pour tel ou tel aspect, nul n'en disconvient. Mais en l'espèce, son utilisation aveugle est contre-productive. Qu'aurait-il fallu que l'enseignant fasse? Indiquer à ses élèves le meilleur site de commentaires/dissertations corrigés? C'est ça, "travailler avec" internet, en l'occurrence? Les problématiques varient selon les matières et les niveaux, il est malhonnête de l'ignorer, et, outre qu'une séance sur le web est chronophage, on peut penser qu'elle n'est pas forcément pertinente en soi au lycée, avec des élèves qui ont déjà une certaine expérience de la chose et lors même qu'on a peu d'heures de cours devant soi. Le web n'est pas la panacée universelle à tous les problèmes posés en classe, et singulièrement en français, la démonstration est salutaire. Au fait, les profs d'EPS qui persistent à faire courir leurs ouailles sans passer par la Toile sont-ils de dangereux hors-la-loi? <br /> <br /> Par ailleurs, la comparaison avec la télévision est évidemment fallacieuse, celle-ci ne proposant pas, que je sache, des corrigés de dissertations clés en mains à ses spectateurs. Elle me rappelle cependant cet article de journal qui signalait, au détour d'un paragraphe, que le patron de TF 1 d'alors, celui qui vendait du temps de cerveau disponible à Coca-Cola, avait dans son bureau toute une collection de classiques grecs et latins en version originale. C'est que, comme les cadres des boîtes informatiques, ce dirigeant n'était pas dupe, contrairement à vous, visiblement, de ce qui permet réellement de résister à l'aliénation dont il fait par ailleurs son beurre.
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L
Je me réjouis que vous ne soyez pas déçu par mon blog...<br /> <br /> <br /> <br /> L'usage d'internet "potentiellement nocif pour la construction de l'esprit critique" ? Pas davantage ni moins que pour n'importe quel autre média (pour vous informer, vous préférez les JT ?) et c'est effectivement une obligation (contractuelle ou règlementaire, la nuance m'échappe) de l'école que d'apprendre aux élèves travailler avec.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui concerne mes élèves, nous étions dernièrement - je cite en vrac - sur le site de la BNF, sur Géoportail ou encore sur Cliophoto. Faire un dossier sur un sujet d'actualité ne leur pose guère de problèmes, puisqu'ils apprennent à le faire en classe, sans détour par l'équipe.fr ou je ne sais quoi.<br /> <br /> <br /> <br /> Si si, je vous assure que ça se passe comme ça.
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M
Ah, ça faisait longtemps que je n'étais pas passé ici, et je ne suis pas déçu! Passons sur les grotesques "obligations contractuelles" auxquelles vous avez le culot de faire référence: outre qu'il s'agit d'un abus de langage, puisque tout professeur n'a que des obligations règlementaires, il est plaisant de vous voir faire appel à des "obligations" quelles qu'elles soient, vous qui vous empressez de clamer, le menton bien en avant, votre droit imprescriptible à "résister" (ben voyons...) à toutes les obligations de service qui n'ont pas l'heur de vous plaire. <br /> <br /> Mais que reprochez-vous, au fond, à ce professeur (à part avoir "pourri le web" et détérioré (!) wikipedia, ce qui est bien amusant quand on connaît les abîmes du net et la qualité toute relative de nombre d'articles de l'encyclopédie en ligne)? D'avoir fait usage de pédagogie du détour, voire de trial by error, dont je suis pourtant sûr que vous êtes d'habitude un chaud laudateur? D'avoir démontré que pour ce niveau et sa matière (et là, je vois mal ce que, professeur d'histoire en collège, vous pourriez venir lui donner des leçons à ce propos), l'usage d'internet était potentiellement plus nocif qu'autre chose, notamment pour la construction de l'esprit critique? <br /> <br /> De ne pas avoir passé des heures en classe à empêcher Jean-Kevin d'aller sur lequipe.fr ou 90D.com et Marie-Chantal sur morandini.fr en cherchant des informations sur le dernier roman d'Anna Gavalda, mais d'avoir donné de son temps chez soi à être réellement créatif pour amener ses élèves à une VRAIE réflexion sur leur usage de l'informatique? <br /> <br /> De remarquer in fine qu'on utilise mieux les outils informatiques plus tard si l'on n'a pas été formé par eux durant sa scolarité?<br /> <br /> Mais les cadres de l'informatique eux-mêmes en sont convaincus, eux qui envoient leurs rejetons dans des établissements où on ne travaille pas avec ces outils...: <br /> <br /> <br /> <br /> http://www.vousnousils.fr/2012/02/28/pas-dordi-a-lecole-pour-les-enfants-des-cadres-de-google-ou-debay-522349<br /> <br /> <br /> <br /> Il faut donc croire qu'eux aussi sont des "demeurés"...
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