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Journal d'école
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29 mars 2012

2017 : état de l'école

En 2017, le paysage scolaire en France a radicalement changé. Des signes avant-coureurs étaient toutefois perceptibles depuis déjà quelques années.

L’école primaire est devenue un filtre, une machine à trier. C’est son unique objectif. L’évaluation, déjà critiquée en son temps en CE1, s’est imposée également en CP et CE2, sous forme de grilles règlementaires et uniformes imposées par le ministère. Le travail des enseignants consiste principalement à préparer leurs élèves au cochage des items, à les corriger puis à faire remonter les résultats à la hiérarchie chargée de la statistique. Le rétablissement d’un examen d’entrée en 6e, avec pour corollaire des redoublements massifs en CM2, se traduit par un retard important pour de nombreux élèves qui commencent dorénavant leur scolarité en collège à 12 ou 13 ans. Pour ces derniers, la voie est toute tracée : l’orientation préprofessionnelle dès la classe de 5e, en réalité, une mise en apprentissage, avec cette réserve, toutefois, qu’elle ne débouche pas sur un CAP, les employeurs ne voyant pas spécialement d’un bon œil l’arrivée sur le marché du travail d’une main d’œuvre aussi peu qualifiée. Sans formation professionnelle et avec un niveau scolaire tellement bas que l’inscription au DNB leur est interdite, ces élèves disparaissent de la circulation et des statistiques officielles. Alors que dans le même temps, plusieurs de nos voisins européens prolongent la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, la France, elle, la ramène à 13 ans, comme c’était le cas au début du 20e siècle.

Les internats d’excellence, aux effectifs microscopiques, continuent néanmoins à faire parler d’eux, même si leurs résultats sont toujours tenus secrets. Pour faire face à leurs dépenses de standing, ils font appel au sponsoring : après Total, Areva, Dassault, L’Oréal, d’autres encore, apportent leur soutien au projet contre une place au conseil d’administration de l’établissement et de substantielles déductions fiscales. Quant aux ERS, ils sont dorénavant rattachés au ministère de l’Intérieur, avec l’Immigration et les Affaires sociales.

Cette sélection précoce se traduit évidemment par une baisse substantielle des effectifs en lycée – de nombreux établissements, faute de candidats, ayant d’ailleurs fermé leurs portes, d’où d’appréciables économies. Conséquence : moins de 50% d’une classe d’âge décroche dorénavant le bac. Dans certains milieux, on se réjouit de voir enfin cet examen réservé aux seuls élèves méritants et ne plus être bradé comme c’était le cas depuis un demi-siècle.

De son côté, l’enseignement supérieur en subit le contrecoup, un phénomène amplifié par la fermeture des frontières pour les étudiants étrangers, considérés comme indésirables ou comme des terroristes potentiels. Les facultés de médecine font exception : la France étant en passe de devenir un désert médical, les hôpitaux publics désertés, il a bien fallu relever les quotas d’étudiants, même en provenance d’Afrique. Le gouvernement ne voyant pas la nécessité de payer des chercheurs qui ne trouvent rien d’intéressant, la recherche française est à l’abandon. Les colloques internationaux se déroulent sans elle.

Les enseignants, en tant que corps spécifique rattaché à l’éducation, ont disparu ou sont en voie de disparition. Après cinq années d’études supérieures, les étudiants ne voient pas vraiment l’intérêt de se lancer dans un métier difficile, à peine mieux rémunéré que le smic, qui, en outre, depuis qu’ils sont choisis, notés et renvoyés directement par le chef d’établissement, ne leur offre plus la garantie d’emploi dont ils bénéficiaient auparavant. La plupart des enseignants sont recrutés directement à Pôle emploi ou par des petites annonces passées directement sur internet, sans aucune compétence particulière requise. Un DVD "tenue de classe", remis gracieusement au néophyte, suffit amplement.

Dans ce contexte, la France n’a cependant pas à craindre les comparaisons internationales, le ministère de l’Education nationale ayant tout simplement décidé de ne plus participer aux enquêtes de l’OCDE sous prétexte que ces dernières ne prenaient pas en considération les spécificités françaises. Effectivement.

Un tableau surréaliste de l’école en 2017 ? Pas du tout : en mai 2012, après une campagne électorale surréaliste, Sarkozy était réélu président.

 

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