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Journal d'école
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1 février 2013

La "bourde de Taubira" ou la grande frousse des autres ?

« La bourde de Taubira » : un  titre qui s’étale un peu partout dans les médias (Le Monde, Le Point et bien d’autres encore), reprenant sans souci de déontologie les vociférations adressées par la droite à la ministre de la Justice dont elle n’hésite pas à réclamer la démission. Diable, la chose doit être grave. Mais qu’a-t-elle dit au juste, la ministre, sinon – évoquant la PMA au détour d’une circulaire – que des enfants nés dans des conditions administratives un peu particulières ne devaient pas être privés des droits reconnus à tous les autres. Rien que de très banal, me direz-vous, ce qui n’empêche pas la circulaire en question de déchaîner une fureur et surtout une vague de bêtises qui laissent perplexes. Quelque chose qui rappelle un peu la mésaventure arrivée à Peillon, plongé dans la tourmente suite à ses déclarations sur le cannabis : ce dangereux irresponsable en charge de notre belle jeunesse avait osé avancer, au détour d’une conversation, que la législation sur la drogue mériterait bien d’être revue. Tout le monde le sait mais le dire est une « bourde ».

Le présent débat parlementaire sur le mariage, où la droite se signale par une hargne et une violence sans pareille (des élèves, on n’accepterait jamais dans une salle de classe ce que se permettent certains députés en séance), vient à point nommé illustrer – pour, espérons-le, la remettre en cause - une fâcheuse dérive du débat politique de ces dernières années, au cours desquelles la parole et l’idéologie de la droite « décomplexée » ont tenu lieu de norme, de grille de référence sur toutes les questions sociétales, au point qu’aujourd’hui, les remettre en cause est perçu comme illégitime et inaudible. La droite peut à loisir proférer les pires énormités, sans qu’on n’y trouve rien à redire : elle est « décomplexée ». La gauche, tétanisée par des années de sarkozisme,  n’ose plus afficher d’autres valeurs sous peine de se retrouver discréditée par une meute hurlante (politiques + journalistes, y compris ceux du Monde).

Jusqu’à présent, le changement de majorité n’a guère permis d’infléchissement notable : que ce soit sur les pouvoirs de la police, le nucléaire, le droit de vote des immigrés, les Roms, la drogue et j’en passe, la pusillanimité du PS a contribué à laisser les choses en état. Sur la plupart des questions de société, la droite continue d’imposer son logiciel. Comme s’il n’y en avait pas d’autres. Et dans le débat sur le mariage pour tous, on évoque déjà, à demi-mots, de possibles défections socialistes (Libé, 31/01/2013). La trouille, quand ça vous tient…

 

B. Girard

 

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