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Journal d'école
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20 février 2013

Antoine Prost et le "niveau" des élèves : dérapage incontrôlé d'un historien de l'éducation

Pour un  historien de l’éducation, on a déjà connu plus pertinent, sans doute même plus honnête. Je veux parler d’Antoine Prost qui se lance aujourd’hui (Le Monde, 20/02/2013) dans une fracassante tribune au titre digne du Figaro : « Le niveau scolaire baisse : cette fois-ci, c’est vrai ». Diable, mais quelle information nouvelle notre historien a-t-il bien pu dénicher pour justifier que « cette fois-ci », plus qu’une autre fois sans doute, le « niveau » baisse réellement ?

A la lecture de l’article, il faut bien avouer qu’on n’est pas bouleversé : Antoine Prost s’appuie essentiellement sur les enquêtes Pisa de 2009 sur la compréhension de l’écrit et Pirls de 2006, des travaux connus de tous depuis déjà pas mal d’années, auxquels Prost réussit même à faire dire ce qu’ils ne disent pas, aucun ne s’avançant à évoquer le fumeux concept de « niveau » des élèves.

Encore plus curieux : alors qu’une enquête du ministère montre une proportion d’élèves en difficultés passant de 14,9 % en 1997 à 19 % en 2007, Antoine Prost voit dans ces chiffres « une augmentation d’un tiers » … pas moins, là où n’importe quel élève de CE2 verrait une augmentation de 4,1 %. Une certitude : « cette fois-ci », le niveau de Prost baisse sérieusement.

Et d’en appeler solennellement  à la conscience professionnelle des enseignants : « C'est aux professeurs des écoles et à leurs inspecteurs qu'il revient d'y réfléchir collectivement. » C’est vrai qu’ils n’y avaient jamais pensé.

Une dernière remarque : je ne me souviens pas d’avoir déjà lu dans les travaux historiques d’Antoine Prost – c’est vrai qu’ils commencent à dater - quelque chose qui respecte aussi peu les règles les plus élémentaires de la démarche historique.

 

B. Girard

 

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Commentaires
H
Comme on dit dans certains jeux télévisés "rien de mieux" :-). Les lecteurs, un peu branchés "calcul arithmétique" apprécieront et la conclusion de mon premier post semble s'imposer ! Cordialement.
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B
En général, j'aime bien échanger... des idées comme autre chose. Et je ne m'offusque pas qu'on ne pense pas comme moi. J'observe seulement que votre dernier commentaire n'ajoute rien aux précédents. Une nouvelle réponse de ma part non plus.
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B
Mon retard pour répondre à votre commentaire s'explique par : <br /> <br /> <br /> <br /> - mon absence (oui, je sais, ces fainéants de profs toujours en vacances...) ;<br /> <br /> <br /> <br /> - la difficulté pour voir où vous voulez en venir : personne n'a jamais remis en cause la validité des tests Pisa, Pirls. Surtout pas moi qui les consulte régulièrement depuis de longues années... bien avant Prost, qui semble découvrir aujourd'hui ce que tout le monde sait depuis longtemps : les difficultés scolaires mises en avant par les enquêtes internationales touchent en priorité les élèves des milieux modestes, qui ont vu leurs conditions de vie et donc d'apprentissage se dégrader au cours de ces dernières années. Pas besoin d'avoir lu Bourdieu pour le comprendre. <br /> <br /> <br /> <br /> - c'est lassant de revenir une nouvelle fois sur la question du "niveau" : les enquêtes Pisa -Pirls parlent des capacités des élèves face à certaines activités et non d'une baisse de niveau générale comme Prost le laisse sous-entendre.
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H
ATTENTION TEXTE UN PEU LONG (pas le temps de faire court)<br /> <br /> ---------------------------------------------------------------------------------------------<br /> <br /> Je ne suis pas un spécialiste des problèmes de l’éducation (je suis ingénieur) et par hasard je suis tombé sur votre blog en cherchant des informations sur Antoine PROST.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis donc allé lire l’article incriminé dans le monde dont voici deux extraits :<br /> <br /> <br /> <br /> « il faut pourtant sonner le tocsin. Tous les indicateurs sont au rouge. Dans les fameuses enquêtes PISA, la France est passée entre 2000 et 2009, pour la compréhension de l'écrit, du 10e rang sur 27 pays au 17e sur 33. »<br /> <br /> ………………………………<br /> <br /> « Le dernier numéro (décembre 2012) d'Education et formations, la revue de la direction de l'évaluation du ministère, présente une étude sur le niveau en lecture en 1997 et 2007 : la proportion d'élèves en difficulté est passée de 14,9 %, à 19 %, soit une augmentation d'un tiers. »<br /> <br /> <br /> <br /> 1) QU’EST CE QUE LE NIVEAU ?<br /> <br /> Le premier reproche que vous faites à Prost c’est d’évoquer le « fumeux » concepts de niveau. C’est un lecture partiale de l’article. Ce que Prost entend implicitement par niveau c’est simplement le résultat des tests menés par PISA.<br /> <br /> <br /> <br /> En tant qu’enseignant vous devez savoir que le moyen le plus utilisé pour évaluer un niveau (sans définir précisément ce concept) c’est de faire passer des tests, des examens ou des concours et d’attribuer des notes puis de décréter ensuite que c’est les élèves qui on les « notes les plus élevées » qui ont le « niveau » le plus élevé dans la matière (par rapport aux autres bien sûr).<br /> <br /> <br /> <br /> Un élève qui a une moyenne de 18/20 aux examens d’histoire est « réputé » avoir un meilleur niveau (en histoire) que celui qui a 5/20.<br /> <br /> <br /> <br /> Le niveau dont parle Prost dans l’article c’est bien évidemment le résultat de la mesure aux tests PISA, en l’occurrence le niveau en « compréhension de l’écrit » à baissé relativement aux élèves des autres pays car notre classement à reculé (10eme à 17eme rang). Il n’y a pas là matière à polémique.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce problème de « mesurer » un concept pas ou mal défini n’est pas particulier à l’éducation, il existe par exemple dans les tests dit « d’intelligence ». A la question « qu’est ce que l’intelligence ? » BINET avait répondu « c’est ce que mesure mon test ».<br /> <br /> Pour paraphraser BINET , on pourrait dire : le niveau des élèves c’est ce que mesure les enquêtes PISA (ou celle du ministère de l’éducation).<br /> <br /> <br /> <br /> 2) CALCULS ELEMENTAIRES SUR LES POURCENTAGES.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous reprocher avec une once de mépris, à Antoine PROST de ne pas savoir faire des calculs avec des pourcentages, vous dites :<br /> <br /> <br /> <br /> « Encore plus curieux : alors qu’une enquête du ministère montre une proportion d’élèves en difficultés passant de 14,9 % en 1997 à 19 % en 2007, Antoine Prost voit dans ces chiffres « une augmentation d’un tiers » … pas moins, là où n’importe quel élève de CE2 verrait une augmentation de 4,1 %. Une certitude : « cette fois-ci », le niveau de Prost baisse sérieusement. »<br /> <br /> <br /> <br /> Un petit peu de calcul : si le nombre d’enfant en difficulté est passé de 14.9% à 19% cela veut dire que le « pourcentage » à augmenté de 4.1 points (et pas 4.1% d’augmentation), donc le nombre d’élèves en difficulté au augmenté de 4.1 / 14.9 = 27.52% ce qui est proche de 1/3 (33.33%) il ne faut pas confondre le nombre de points d’augmentation et l’augmentation en % (et remplacer les divisions par des additions).<br /> <br /> <br /> <br /> Votre texte laisse penser que l’augmentation des élèves en difficulté n’était que de 4.1% (ce qui est faible) alors qu’en fait elle est de 27,52% proche de 1/3 (ce qui est beaucoup).<br /> <br /> <br /> <br /> Si c’est encore un peut confus on peut présenter les choses plus simplement : imaginons que le nombre d’élève soit de 1000 : en 1997 14,9% sont en difficultés soit 149 élèves (qui ont obtenu une mauvaise note aux tests de mesure de leur « niveau »), en 2007 ils sont 19% soit 190. Le nombre d’élèves dont le « niveau » à baissé (tel que mesuré par les tests de l’enquête du ministère) est donc de 41, soit une augmentation de 41/149 = 27.52% … même résultat, ce qui n’est pas surprenant ! Si vous avez encore un doute demandez à un prof de math de votre entourage.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si « n’importe quel élève de CE2 verrait une augmentation de 4,1 % » mais on peut excuser des enfants, c’est plus critiquable pour leurs professeurs.<br /> <br /> <br /> <br /> 3) CONCLUSION<br /> <br /> L’honnêteté (dont vous semblez faire grand cas dans votre post) vous impose de reconnaître votre erreur, au moins sur ce problème de calcul – ce qui demande du courage j’en conviens !<br /> <br /> On va ainsi voir si votre post était uniquement pour vous insurger contre ce que vous pensiez être une contre-vérité ou seulement inspiré par une médiocre défense corporatiste.
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B
Reconnaissez quand même que s'appuyer sur les courriers de votre seule grand-mère pour affirmer que le niveau baisse est quand même un peu léger... et sauf le respect que je lui dois, je doute qu'elle sortie de l'école à 11 ans, elle ait pu terminer un doctorat de sociologie.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur les faibles compétences de l'école du passé, j'ai évoqué, dans une note plus ancienne, le travail de J.-M. Chapoulie, historien-sociologue, qui s'appuie sur un imposant corpus statistique :<br /> <br /> <br /> <br /> http://journaldecole.canalblog.com/archives/2011/08/22/21842682.html<br /> <br /> <br /> <br /> Non, l'article de Prost n'est pas un article "fort", puisqu'il n'apporte rien de nouveau sur un sujet débattu depuis des décennies. Les enseignants, les mouvements pédagogiques ne l'ont pas attendu pour y travailler.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne me prononce pas "sur le fond du problème" ? Quand même, en cherchant un peu dans le gros millier de notes de ce blog...
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