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1 avril 2013

Marianne et la laïcité : une pétition à côté de la plaque

Il s’agit d’une pétition, hébergée par Marianne : "Le moment est grave, nous en sommes dans une heure de vérité où la laïcité en France a besoin d’être consolidée et réaffirmée, faute de quoi elle subira  un recul dramatique. Rappelons les faits (…) »  

Les faits ? Ils sont graves, assurément et méritent une forte mobilisation : depuis plusieurs mois, l’Eglise catholique dans sa frange la plus radicale fait pression sur le Parlement pour imposer sa loi morale à toute la société. Ces dernières semaines, le mouvement s’est radicalisé avec des débordements violents, des pressions et des menaces physiques destinées à dissuader le législateur de faire le boulot pour lequel il a été élu : faire la loi. Le détournement de langage est devenu la norme, au point que des politiciens énervés n’hésitent plus à dénoncer « le gazage des enfants » par la police ou à se présenter comme les descendants de Jean Moulin en lutte contre le nazisme.

Le moment est donc grave et les faits préoccupants… sauf que les faits en question n’ont rien à voir avec ceux qui agitent les pétitionnaires susnommés. Paradoxe aberrant : bien que les prétentions affichées par les adversaires du mariage pour tous – au nom de leur foi personnelle supérieure à la loi -  constituent une réelle menace pour la laïcité, la pétition en question n’y fait pas référence mais concentre son courroux sur une jeune femme qui avait eu l’outrecuidance, l’indécence, que dis-je, de  se présenter sur son lieu de travail, une crèche, avec un foulard sur la tête. C’est son licenciement annulé par la Cour de cassation qui suscite l’indignation des signataires – au premier rang desquels on relève les noms d’Elisabeth Badinter, Finkielkraut, Caroline Fourest - et non les dérapages de plus en plus agressifs des opposants à la loi Taubira.

Alors que l’Eglise catholique, par l’intermédiaire de ses réseaux, affiche avec insolence des prétentions anachroniques, réellement incompatibles avec une laïcité comprise dans sa définition couramment admise qui veut que l’on distingue ce qui revient à César de ce qui revient à Dieu, les hérauts de l’islamophobie se défoulent sur leur bête noire ordinaire : ce n’est pas le dogmatisme rigide des presbytères en matière de mœurs qui met en péril le « vivre ensemble » mais le foulard porté par une employée sur son lieu de travail.

Leur appel au législateur "pour qu’il remédie à cet état de fait et comble un vide juridique qui menace gravement l’application de la laïcité" a aussitôt été qualifié de "nécessité" par le président de la république qui voit là l’occasion, au moins momentanée, d’occulter d’autres urgences. La laïcité contre la question sociale, en quelque sorte.

 

B. Girard

 

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