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Journal d'école
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3 juin 2013

Journée de la Résistance : les illusions éducatives du Sénat

En matière de commémorations, la Seconde Guerre mondiale et la Résistance sont plutôt bien loties : journée internationale de commémoration de l'Holocauste du 27 janvier, journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation le dernier dimanche d'avril, capitulation allemande le 8 mai, appel du 18 juin, journée nationale à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites du régime de Vichy en juillet. J’en passe sans doute. Une sollicitation dont on retrouve également la trace dans les programmes scolaires : les élèves de CM2 en primaire, les collégiens de 3e, sont tenus de ne rien ignorer de de Gaulle  ou de Jean Moulin, avant qu’on en rajoute une couche dans les programmes de lycée pour les élèves qui n’auraient pas bien suivi.

Aux yeux des sénateurs, ce n’était sans doute pas suffisant puisqu’à l’initiative de l’un des leurs, Jean-Jacques Mirassou (PS), il se sont sentis tenus de faire du 27 mai une journée nationale de la Résistance, non fériée mais avec obligation pour les enseignants de consacrer leurs cours à la commémoration en question : « Dans tous les établissements d'enseignement, les enseignants consacrent une partie de cette journée anniversaire aux thèmes de la Résistance et de la Déportation » (article 3 de la proposition).

Curieusement, la version finalement votée par les sénateurs s’est trouvée modifiée de façon substantielle, l’ « obligation » retouchée en « invitation » : « Dans le cadre de cette journée anniversaire, les établissements d’enseignement du second degré sont invités à organiser des actions éducatives visant à assurer la transmission des valeurs de la Résistance et de celles portées par le programme du Conseil national de la Résistance. » On est soulagé : le 27 mai, on travaillera normalement dans les écoles… Il est vrai que dans le contexte éducatif du moment, avec un ministre qui s’échine à vanter les vertus de la concertation, même s’il ne la pratique pas au quotidien (cf. la morale laïque ou le drapeau au fronton des écoles), cette nouvelle mise en demeure du politique adressée aux enseignants faisait mauvais effet.  Un risque qui a d’ailleurs été bien perçu par le rapporteur de la proposition de loi, qui évoque, avec diplomatie, les méfaits de prescriptions autoritaires, prises de loin  sans considération pour ceux à qui elles s’adressent : « Un exemple récent et particulièrement médiatisé a montré que lorsqu'on impose aux enseignants, de manière uniforme et sans aucun accompagnement pédagogique, de s'appuyer sur le sacrifice d'un jeune résistant pour sensibiliser les élèves aux valeurs au nom desquelles il a perdu la vie, la controverse prend une ampleur telle qu'elle rend le message pédagogique inaudible. »

Inaudible, effectivement et même ridicule. Le rapporteur fait ici référence à la calamiteuse initiative prise en 2007 par Sarkozy, enjoignant aux enseignants de lycée de lire à chaque rentrée sur le front de la classe la lettre de Guy Môquet. Cette décision, accueillie par les sarcasmes et la dérision, pourtant relayée par une administration et quelques chefs d’établissement aux ordres, avait suscité en son temps une telle opposition, que la circulaire en organisant les modalités est partie rejoindre les oubliettes de l’Education nationale, avec beaucoup d’autres. En matière mémorielle, il est vrai que l’ancien président s’était signalé par des interventions aussi spectaculaires que malheureuses, l’une d’entre elles consistant à faire parrainer par chaque élève du primaire la mémoire d’un enfant de la Shoah.

Quoique déjà largement présente dans les programmes scolaires – et même surreprésentée en comparaison d’autres questions qui y attendent toujours leur place – la Résistance fait l’objet de la part des politiciens d’une constante préoccupation qui n’est sans doute pas sans arrière-pensée. On peut y voir me semble-t-il, à la fois une dévotion quasi religieuse pour la personne de de Gaulle, pourtant pas représentatif de la Résistance à lui tout seul, mais aussi une croyance inconsidérée dans l’exemplarité des célébrations mémorielles.

Il faut bien comprendre que dans le cursus des élèves, de Gaulle tient une place singulière, puisque, contrairement à la règle commune et aux principes qui justifient l’enseignement de l’histoire, il ne fait l’objet, dans toute sa carrière d’homme public, d’aucune critique, d’aucune remise en cause. Avec cette conséquence, jamais avouée mais pourtant manifeste, que le prestige qui entoure le fondateur de la France libre, se trouve par un détournement de perspective, attribué au père de la Cinquième république, avec tous les abus auxquels cette assimilation frauduleuse peut conduire. A commencer par celui-ci : faire de la Cinquième république, un régime pas spécialement respectueux des droits de l’homme et de son fondateur, arrivé au pouvoir dans les bagages des paras, les héritiers de la lutte contre le nazisme relève de la mystification plus que de la vérité historique. Une assimilation pourtant revendiquée sans remords par les « gaullistes » d’aujourd’hui, alors qu’il s’agit en réalité d’une usurpation.

Inévitablement, comme toutes les célébrations à visée mémorielle, la proposition de loi sénatoriale se cherche une justification dans « l’apprentissage de la citoyenneté » auquel la mémoire et l’histoire seraient censées contribuer. A l’image des exempla médiévaux, il suffirait de quelques récits édifiants pour former des citoyens vertueux. C’est aussi ce que l’on pensait dans les écoles de la Troisième république : l’histoire de France, enseignée à des générations d’écoliers sommés de vibrer, dans un silence respectueux  aux faits et gestes des « grands personnages », se voulait civique et politique. Il s’agissait d’enraciner un nouveau régime et de rompre définitivement avec les errements du passé. Cette croyance naïve dans les vertus de l’histoire n’aura pourtant pas suffi à éviter la catastrophe finale, celle qui verra ces enfants de la république, nourris de référence héroïques, accepter massivement le régime de Vichy et la collaboration avec le nazisme.

En instituant une journée nationale de la Résistance, les sénateurs se font sans doute plaisir mais ils sont à côté du sujet : pour faire face à la résurgence de la xénophobie et du racisme, à la montée de l’intolérance, il est illusoire (et confortable) de se reposer sur le passé.

 

B. Girard


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Commentaires
A
Je trouve que parmis les humiliations que subissent les enfants à l'école de la part des enseignants et du systeme educatif, il y a les commentaires affligeants des enseignants qui au lieu d'aider les enfants, de proposer des activités intéressantes et qui respectent l'enfant, se moquent des conséquence de ce non intérêt envers l'enfant de l'éducation et parfois de problemes plus graves dont les manifestations décrites de façon humoristique par les enseignants sont les symptomes. Moi même, ayant eu personnellement un accident quand j'étais petit qui m'a coupé la respiration et donc j'ai été dans le coma pendant quelques secondes et j'ai fait une "NDE", il en a suivi une paralysie temporaire de quelques secondes et une perte de la vue de quelques secondes et un probleme au coeur comme un infartus juste après et quand les séquelles se manifestent à l'école, bien que je n'ennuyais personne et que souvent ça ne m'empêchait pas de faire mon travail, les enseignants me harcelaient et m'envoyaient chez le principal qui me disait qu'il fallait travailler dès qu'il voyaient que j'avais subis un grave accident en fin de compte, me faisant la morale au sujet des séquelles de ce que j'avais subis en fait puisqu'il voyait que je n'avais pas pu vivre (travailler) durant quelques instants; imaginez qu'on fasse la morale au personnes sorties d'un coma parce que renversé par une voiture... Mais je l'ai remarqué tout au long de ma scolarité, les enseignants ne font que se moquer des séquelles des élèves subissant des atrocités, des abus, des maltraitances, il n'en avaient rien à faire des souffrances des enfants dont ils se moquaient ouvertement. J'ai aussi remarqué une persécution de la part des enseignants envers les élèves ayant des rapports sexuels avec préservatifs à chaque fois, comme si on se moquait des enseignants en se protégeant des maladies ou des séquelles des accidents : "Est redevenue en l'’état de légume du premier trimestre.";"A l’état végétatif en cours, va bientôt s’éteindre ; "N'est présente que de corps, pas d'esprit."<br /> <br /> <br /> <br /> On relève le harcelement sexuels des enseignants qui utilisent la vie sexuelle des enfants pour les stigmatiser, comme si avoir des amis empêchait de travailler: "Maîtrise plus les filles de sa classe que ces leçons:"S'il étudiait un peu moins sa copine que le cours, peut être que ça irait mieux."<br /> <br /> <br /> <br /> On nie ici clairement le fait que le mal n'est pas inné (génétique) mais appris avec l'éducation et les maltraitances subies précocement: l'absence du mal dans les gênes:<br /> <br /> "Avec l'accord des professeurs, nous mettons les félicitations à cet élève pour cette incroyable capacité d'absentéisme qui semble être innée."<br /> <br /> <br /> <br /> Comme plus haut, on se moque ouvertement du fonctionnement normal de la vie au prétexte d'un élève qui n'est pas intéressé par les cours inintéressants: "Vous enchaînez les 0 et les 1 : félicitations, le BAC Info est fait pour vous ! ";"Aligne les 0 et les 1... doit être doué pour l'informatique !" <br /> <br /> <br /> <br /> On a envie de rajouter: "Dommage que les enseignants soient si doués pour la connerie"<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.perlesdubac.fr/perles-des-bulletins-scolaires.html<br /> <br /> <br /> <br /> Et bien sur jamais les enseignants ne se remettent en question, tous ces abrutis incultes qui sortent de l'école, tout juste bon à répéter la derniere connerie entendue dans une émission de "télé réalité", ou même tous ces enfants qui ne savent pas lire au college, ils trouvent ça "rigolo" et se foutent complétement de l'avenir de ces enfants et des difficultés que ça va leur causer dans leur vie adulte.
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