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Journal d'école
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9 juillet 2013

Centenaire de la Première guerre mondiale : la mémoire scolaire militarisée

Le 2 juillet dernier, à Paris, plusieurs écoles se sont vu remettre le prix des « Petits artistes de la mémoire » pour leur participation à un concours censé promouvoir le souvenir de la Première guerre mondiale. Une opération certes labellisée Education nationale mais en réalité mise en œuvre par le ministère de la Défense et des associations d’anciens combattants. A quelques mois des commémorations de 1914, se met en place entre l’Ecole et la Défense une collaboration des plus contestables.

Ce concours est en réalité une initiative, remontant à 2006, de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), destinée à « transmettre aux plus jeunes la mémoire de la Grande guerre ».  Mémoire ? Certes, mais une mémoire détournée, confisquée par une organisation dont les adhérents, à défaut de la légitimité que pourraient revendiquer les témoins directs de l’événement, ont comme particularité d’avoir participé aux guerres de décolonisation : dans ces conditions, il paraît bien léger de confier une mission d’histoire auprès des élèves de CM1-CM2 à une association qui non seulement n’a aucune compétence particulière pour l’exercer mais dont le passé militaire - en Algérie ou en Indochine - risque fort d’induire de regrettables confusions dans l’esprit d’enfants de 9 à 10 ans. De fait, les travaux primés ne se signalent guère par la qualité de leur recherche historique, encore moins par une quelconque préoccupation éducative, la seule qui vaille à vrai dire, qui consisterait à mettre les millions de morts de la guerre en regard des causes futiles qui l’ont provoquée. Mais est-ce vraiment leur but ? Dans ce genre d’activités scolaires, le sentiment et l’émotion l’emportent sur la compréhension, comme si des enfants, même jeunes, étaient incapables de concevoir que les guerres ne sont possibles que parce qu’on les prépare et qu’on les accepte à l’avance. Plutôt que de faire passer pour  des héros ceux qui sont d’abord des victimes changerait sans doute, chez les plus jeunes, la perception des choses.

Mais précisément, changer la perception des choses, comprendre les guerres pour ce qu’elles sont vraiment - une perversion de la nature humaine - est sans doute le dernier souci de l’Education nationale qui, dans le cadre de la commémoration de la Première guerre mondiale, semble décidée à plier la communauté éducative, élèves et enseignants, à  des prescriptions à visée belliciste et patriotique. Une récente circulaire, parue au Bulletin officiel (07/06/2013) éclaire d’un jour particulier les attentes et les objectifs du ministère (du ministre ?) en matière commémorative : parmi les enjeux mémoriels privilégiés pour le centenaire, on relève en effet, à côté de la compréhension de l’événement, « l’hommage rendu à ceux qui vécurent la guerre et firent le sacrifice de leur vie ». En quelques mots, l’orientation est donnée, le souvenir balisé : à mille lieux des orientations de la recherche historique qui cherche à donner du sens à ce qui reste un des pires moments de l’histoire des hommes, l’Education nationale impose sa vision de la mémoire, éculée, faite de clichés, exaltant le héros mort pour son pays, alors qu’en réalité on meurt à cause de son pays. Plutôt qu’à une véritable leçon d’histoire, les élèves auront droit à une mémoire sclérosée, recroquevillée sur la ligne bleue des Vosges et la nostalgie des « provinces perdues ». Plutôt qu’un authentique travail de formation civique, l’apologie de l’obéissance et de la discipline dans sa version militaire, la plus stupide. Plutôt qu’une réflexion critique, la participation obligée des élèves à ce qui en est la négation : les cérémonies patriotiques, comme le recommande la même circulaire qui enjoint aux enseignants d’ « associer les élèves aux cérémonies et manifestations rendant hommage aux combattants et aux victimes de la guerre qui rythmeront les commémorations au cours de l'année 2014. » Avec le centenaire de la Première guerre mondiale, l’amour immodéré du ministre pour les symboles nationaux trouve un nouveau terrain d’élection.

Particularité du système éducatif français, qui n’a jamais beaucoup ému les enseignants, l’éducation à la défense occupe une place officielle dans les programmes scolaires, principalement ceux d’histoire et d’éducation civique : quoique le sujet n’ait jamais fait débat, l’armée a son mot à dire dans les savoirs et les compétences scolaires. C’est donc ce cadre que l’Education nationale semble vouloir privilégier pour organiser le centenaire de la Première guerre mondiale, renforçant pour la circonstance son partenariat avec le ministère de la Défense nationale et les associations d’anciens combattants. A la rentrée prochaine, le concours des Petits artistes de la mémoire se voit promu au rang de concours officiel de l’Education nationale : autrement dit, la mémoire que toute une génération d’écoliers gardera de cet épisode de l’histoire sera celle que les militaires et les Anciens d’Algérie voudront bien lui transmettre, une mémoire tronquée, manipulée, militarisée.

Bien sûr, il reviendra aux équipés éducatives, sur le terrain, de dire ce qu’elles entendent faire de ces injonctions administratives répétées : mais les expériences passées montrent en ce domaine des capacités de résistance aléatoires.  

 

B. Girard

voir aussi Rue89

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Commentaires
T
Message reçu par une association qui peut vous intéresser:<br /> <br /> <br /> <br /> "L'école est finie pour l'instant mais on retrouve les mêmes problemes entre les enfants et les adultes dans les groupes de vacances comme les colonies, etc. <br /> <br /> <br /> <br /> J'avais déjà remarqué comme la sécurité des enfants qui doivent être accompagné est une aubaine pour tous les abuseurs et pédophiles en tous genres, même ceux diplomés d'état puique les postes de pouvoir dans notre société sont pratiquement tous entre les mains de pédophiles, mais d'une façon plus personnelle, outre le fait que les accompagnateurs d'enfants (enseignants, educateurs, etc) passent leur temps à nier la vrai personnalité de l'enfant (ce qu'il ressent) qu'ils voient comme un support pour eux mêmes alors que ça devrait être le contraire, il y a un moyen "facile" de rendre les enfants esclaves des adultes c'est de les priver d'amis, ce que s'emploie à faire généralement les enseignants grâce à leur cruauté légendaire et en plus en faisant croire qu'ils aident les enfants (ils font le contraire de ce qu'ils disent), mais j'ai remarqué qu'il semblent spécialement vouloir empêcher la défloration (dans mon cas), j'ai remarqué que lorsque des enseignants remarquaient que des filles voulaient que je les déflore (bien que ça ne les concerne pas et que décider de ma vie sexuelle et intime à ma place est comme un viol), ils se mettaient en colère et se fachaient, comme si on ne devait pas faire ça tant qu'on va à l'école, comme si aller à l'école voulait dire faire abstinance sexuelle, certains prétextaient même défendre les femmes en faisaient croire qu'on voulait du mal aux femmes en les déflorant parce que la déchirure de leur hymen leur fait mal et les fait saigner. J'ai remarqué ça aussi dans de nombreux lieux dit de loisirs et de vacances ou notemment la police est appelée dès que les responsables remarque des jeunes qui se rencontrent. J'ai compris maintenant qu'ils me harcelaient aussi avec le nom des femmes qui voulaient bien sortir avec moi comme si leur nom ou prénom était ce que je faisais. Ils semblaient aussi jouer sur les mots et leur sonorité, en jouant sur le « double sens » possible de certains sonorités , en faisant croire que j'avais dit ou fait tel ou telle chose alors qu'ils avaient mal compris et mélangeaient avec d'autres mots (d'autres sens) qui avaient en partie ou en tout les mêmes sonorités.<br /> <br /> <br /> <br /> Une fois à une fête foraine, alors que la police faisait ces tours à pied entre deux agression d'arabes qu'il prennent soin de ne jamais empêcher, deux jeunes filles de mon âge dont une était la soeur d'une fille que je connaissais sont venus vers moi me faire des avances et lorsque les policier sont passé à coté faisant leur ronde, ils ont changé de chemin, sont passé derriere le manège pour venir ou on était à coté de la cabine et ont fait partir les deux jeunes filles en leur courant après. <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai aussi remarqué comme les policiers/gendarmes ne font généralement que reproduire la façon dont on était (mal)traité à l'école et défendent les enseignants qui abusent des enfants notemment en empêchant leur sexualité et donc leur vie normale. Ils menacent de poursuite et de procédure souvent sous des faux prétextes les jeunes ayant été maltraités qui veulent se libérer de la tyrannie qu'ils ont subis. Ils empêchent les enfants de vivre leur propre vie pour protéger les parents. Ils reproduisent en fait la façon dont on est traité en bien ou en mal par nos parents durant notre petite enfance (0/3ans) quand notre cerveau se développait beaucoup, ayant été elevé par une grand mère qui ne me permettait pas d'avoir des amis, ils s'evertuent encore maintenant à m'ennuyer et à faire tout leur possible pour m'empêcher d'en avoir parce que ma grand mère faisait comme ça. Ils obeissent aux parents.<br /> <br /> <br /> <br /> Sans compter sur le harcèlement permanent et classique que subissent les enfants généralement ou ils sont considéré comme des objets au service des adultes, ce qui gachent leur vie amoureuse, sexuelle et sentimentale mais tous ces pédophiles d'adultes qui ne veulent que le bien des enfants n'en ont rien à faire du moment qu'ils arrivent à utiliser les enfants comme des esclaves (le crime des parents), comme si les enfants n'étaient pas des être humains à part entière au prétexte qu'ils ne sont pas complétement indépendants, imaginez qu'on traite comme ça des personnes âgées en maison de retraite, tout le monde trouve ça scandaleux mais des enfants on trouve ça normal tellement c'est répandu !<br /> <br /> <br /> <br /> Tout ça pour les parents.<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense qu'il est utile de rappeler les découvertes d'Alice Miller sur les témoins secourables (qui sont comme des amis) :<br /> <br /> http://www.alice-miller.com/articles_fr.php?lang=fr&nid=18&grp=11<br /> <br /> <br /> <br /> " ... Pour que ce processus soit possible, l'adulte qui a grandi sans témoins secourables dans son enfance a besoin du support des témoins lucides, des gens qui ont compris et reconnu les conséquences de la maltraitance envers l'enfant. Dans une société informée, les adolescents pourront apprendre à verbaliser leur vérité et à se découvrir dans leur histoire. Ils n'auront pas besoin de se venger violemment pour leurs blessures ou de s'empoisonner par les drogues s'ils ont la chance de pouvoir parler avec d'autres de ce qui leur est arrivé jadis, s'ils peuvent saisir la pleine vérité de leur tragédie. Pour cela il leur faut des interlocuteurs qui connaissent la dynamique des mauvais traitements subis pendant l'enfance et qui puissent les aider à prendre leurs sentiments au sérieux, les comprendre et les intégrer comme une partie de leur histoire, au lieu de se venger contre des innocents. ..."<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà les liens vers des témoignage du site d'alice miller spécialement sur les jeunes et l'éducation:<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.alice-miller.com/tracts_fr.php?page=8<br /> <br /> <br /> <br /> http://alice-miller.com/courrier_fr.php?lang=fr&nid=825&grp=0806<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> " Vous avez raison: La "haine pure" n'existe pas, elle est toujours une réaction aux blessures.. Mais les parents maltraitant cachent, bagatellisent ou nient ces causes et préfèrent accuser l'enfant et "la jeunesse". C'est facile, on trouve le support de partout. Il faut alors que nous en parlions franchement pour que la société apprenne de prendre les causes de la haine et de la violence au sérieux.":<br /> <br /> http://alice-miller.com/courrier_fr.php?lang=fr&nid=1312&grp=0607<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> "AM: Vous dites: "en fait on empêche depuis tout petit l'enfant de faire attention à ce qu'il ressent, on lui apprend à ne<br /> <br /> pas sentir". Vous avez tout à fait raison, et je pense que c'est là ou commence la tragédie de nos cultures. Les philosophes et les théologiens tournent en rond parce qu'ils ne sont pas permis de savoir ce que l'être humain ressent au début de sa vie. Malheureusement, la plupart des psys se tiennent aussi à cette interdiction. La pensée n'était pas interdite mais elle reste vide sans le fond émotionnel, cela veut dire sans la moindre connaissance de la souffrance cachée dans chacun de nous depuis notre enfance.":<br /> <br /> http://alice-miller.com/courrier_fr.php?lang=fr&nid=1311&grp=0607<br /> <br /> <br /> <br /> De même que son article sur le sentiments du culpabilité qui font des ravages parce qu'inconscients:<br /> <br /> http://www.alice-miller.com/articles_fr.php?lang=fr&nid=16&grp=11<br /> <br /> "
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A
Et si l'education nationale au lieu de faire la morale sur le passé se souçiait de la vie des élèves à sa charge au lieu de dénoncer le passé en laissant les élèves et les enseignants harceler leurs bouc émissaires et détruire leur vie ?<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.madmoizelle.com/harcelement-scolaire-consequences-163915<br /> <br /> http://www.madmoizelle.com/harcelement-scolaire-temoignage-148005<br /> <br /> http://www.madmoizelle.com/harceleuses-pretes-temoigner-164035
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C
Cher Monsieur,<br /> <br /> Dénoncer la guerre ne suffit pas. Il faut aussi en comprendre les mécanismes qui sont humains. Les élèves vont avoir à faire avec une grande quantité d'images de 1418. Ce conflit est pourtant de la préhistoire pour eux. Je pense donc important qu'ils puissent d'abord comprendre : comprendre en quoi elle fut dramatique, pourquoi elle a laissé autant de traces, de mémoires dans leur quotidien.<br /> <br /> Il est donc nécessaire de proposer un volet d'appropriation mémorielle, historique et culturelle (faire lire en particulier Ceux de 14). Vous lirez sans doute avec attention le concours proposé pour les petits artistes de la mémoire du Centenaire où une réflexion sera proposée sur la construction de monuments de la paix. <br /> <br /> Dénoncer la guerre ne suffit pas. Vous avez sans doute d'excellentes idées à proposer, j'en suis sûr. Je les attends avec impatience.
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A
Et pendant ce temps on bombarde les élèves "turbulants" de danette:<br /> <br /> http://www.ladepeche.fr/article/2013/07/09/1667555-angouleme-des-enfants-barbouilles-de-danette-en-guise-de-punition.html
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E
Bonjour,<br /> <br /> Je vous invite à visiter mon blog en grande partie consacré aux fusillés pour l'exemple de la première guerre.<br /> <br /> Bien cordialement<br /> <br /> Eric Viot<br /> <br /> Mon blog : http://les-blessures-de-l-ame.over-blog.com/
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