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Journal d'école
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6 août 2013

Réforme de l'école : face à une gauche timorée, une droite toujours plus décomplexée

En collège, comme en lycée, la rentrée 2013 sera en tout point identique à celle de 2012, elle-même sans changement par rapport à celle de 2011. Pendant que Peillon n’en finit pas de piétiner avec sa loi d’orientation – on n’ose vraiment plus parler de « refondation » - la droite elle, avance toujours plus décomplexée. Avance est une façon de parler car ce qu’elle nous prépare pour son retour aux affaires est en réalité un grand bon en arrière.

Sur son site internet, Fillon présente son projet éducatif, si l’on peut appeler ainsi un catalogue de mesures à la Prévert présenté sous forme de sondages au militant, appelé à répondre, pour chaque question par « oui » ou par « non ». Oui ou non, c’est quand même tout bête, l’éducation. « L’augmentation continue des moyens n’a pas résolue (sic) les problèmes que doit relever notre système éducatif ». La baisse des moyens non plus, manifestement, quand cinq ans de gouvernement Fillon ont mis le système éducatif, spécialement l’école primaire, au régime sec.

Fillon reprend ici les propositions les plus simplistes et les plus démagogiques déjà développées par la frange la plus à droite de l’UMP (voir ici et ) : autonomie, non pas pour l’établissement mais pour les seuls chefs d’établissement « qui doivent devenir des gestionnaires de leurs personnels ». Tricherie maintes fois relevée dans la rhétorique de droite : autonomie ne signifie pas, comme on pourrait le souhaiter, une responsabilité accrue pour les équipes pédagogiques, un desserrement de la tutelle étouffante de l’état, des contraintes hiérarchiques pesantes et contre-productives (BOEN, DGESCO, IPR etc) mais plus précisément, la possibilité pour le chef d’établissement de virer les profs dont la tête ne lui revient pas. En réalité, Fillon rêve de renforcer l’autorité de l’état sur la marche du système éducatif en  déléguant des pouvoirs accrus, de nature répressive, aux principaux et proviseurs. L’annualisation du temps de travail des enseignants viendra compléter leur mise sous tutelle. Pour Fillon, il ne s’agit nullement, comme le réclament certains, d’en finir ave le schéma classique et qui a montré toutes ses limites (une classe, un prof, une heure de cours, une discipline) mais sans rien changer au système actuel de faire assurer par les profs des missions de soutien scolaire (une idée fixe décidément), « d’appui à leurs collègues » (appui logistique ?) ou encore – on ne rit pas – des missions de « maintien de l’autorité ». Pas moins. A droite, on appelle ça le libéralisme.

Autre idée, qui nous ramène très loin en arrière : le rétablissement d’un examen d’entrée en sixième, pudiquement appelé « test  d’évaluation » et la création de « classes de soutien en collège pour les élèves ne maîtrisant pas de socle commun de connaissances ». Socle commun de connaissances tout court ? Vous avez bien lu. Fillon a oublié quelque chose en cours de route : le socle de connaissances et de compétences rajouté à la loi d’orientation de 2005, qu’on appelle aussi, mais ce doit être une erreur, la loi Fillon… Classes de soutien, classes de niveau : la droite ne brille pas par son imagination en reprenant des dispositifs mis en œuvre en pure perte pendant des décennies.

D’ailleurs, à l’UMP, on ne se fait pas trop d’illusions sur les résultats : pour les élèves en difficulté, ce sera l’apprentissage dès le collège, mesure déjà mise en œuvre par le gouvernement Fillon et dont l’expérience montre qu’elle vise les enfants issus des milieux modestes. Un projet de ségrégation sociale qui fait apprécier à sa juste valeur la vieille obsession de la droite pour la tenue vestimentaire des élèves et la morphologie juvénile : instauration d’un uniforme scolaire dans le but d’ « effacer les distinctions sociales ». Un peu comme en Grande-Bretagne : les gosses de riches dans des écoles de riches avec un uniforme de riches ; les gosses de pauvres dans des écoles de pauvres avec des uniformes de pauvres … ou en bleu de travail. A droite, ce qui fait problème, ce ne sont pas les inégalités sociales mais qu’elles se voient. Version libérale de l’égalité.

La droite décomplexée, quel que soit son leader – ils sont interchangeables - finalement, c’est un peu ça : un état toujours plus autoritaire au service d’un ordre social toujours plus injuste. En face d’elle, une gauche éternellement timorée, incapable, par manque d’imagination ou de courage politique, de lancer une véritable réforme du système scolaire. Les incantations, les belles paroles, les références aux grands ancêtres, l’appel aux symboles éculés (morale laïque, drapeau au fronton des écoles) ne font rien à l’affaire : si Peillon ne réussit pas sa réforme, l’école voulue par la droite s’imposera à plus ou moins longue échéance. Et à l’heure présente, force est de reconnaître que la réforme Peillon, on n’en a toujours pas vu la couleur.  

 

B. Girard

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