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Journal d'école
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19 janvier 2014

Calendrier scolaire : le patronat impose son rythme

Calendrier scolaire, clap de fin. En modifiant le calendrier scolaire 2016-2017 comme le lui demandait le lobby du tourisme, Peillon rend encore plus hypothétique une réforme de fond des rythmes scolaires. Une capitulation assez honteuse à vrai dire et que rien ne justifiait.

En 2016, donc, les congés de Noël débuteront le vendredi 16 décembre, soit neuf jours avant Noël ( !) et les élèves reprendront la classe le surlendemain du Jour de l’an. Avec, dans la zone C,  des vacances de printemps avancées du 8 au 24 avril, certaines académies alterneront un rythme de cinq semaines de travail / deux semaines de congé ou encore 10 semaines de travail / deux semaines de congé, bien loin du 7/2 recommandé en la matière par les spécialistes. A l’origine de ce calendrier délirant, les récriminations d’une partie des professionnels du tourisme portant sur les vacances de printemps qui se voient reprocher d’êtres fixées … au printemps, en dehors de la période d’enneigement.

Pourtant, avec l’institution des congés d’hiver et leur étalement sur trois zones, le tourisme de montagne a obtenu au cours des dernières décennies un privilège considéré aujourd’hui comme une rente de situation qu’on s’interdit de remettre en cause malgré les dommages évidents sur l’ensemble des rythmes scolaires. Il suffit pour s'en convaincre de regarder un calendrier : Noël et le Jour de l’an étant par définition inamovibles, vouloir à toutes forces fixer non seulement les congés d’hiver mais aussi, dorénavant, ceux de printemps sur une très courte période, aboutit à une inextricable dénaturation de l'année scolaire à partir de janvier. Pour l’année 2014 -2015 par exemple, les vacances de la zone A débutent le jeudi 6 février, soit un mois après le retour de Noël, avec comme conséquence, un dernier trimestre long de 11 semaines de travail (du 27 avril au 4 juillet). Cette même année, les élèves de la zone B reprendront le travail au retour des vacances de printemps, un lundi 11 mai, soit 2 jours avant le pont de l’Ascension et 15 jours avant le week-end prolongé de la Pentecôte … juste le temps de se réunir pour les décisions d’orientation prises généralement fin mai.

La fixation sur les vacances d’hiver est d’autant plus indécente que seuls 8 % des Français partent à la neige, venant très majoritairement des milieux aisés. Peillon qui se vantait il y a encore peu de temps d’être le « ministre des élèves » apparaît ici bien davantage comme le ministre des patrons, tout comme ses collègues, d’ailleurs. A cet égard, il faut quand même se souvenir que, le 7 novembre dernier, les professionnels du ski, regroupés au sein de l’organisation Domaines skiables de France (DSF) avaient reçu dans le cadre de leur congrès la visite et le soutien marqué du président du Medef, Pierre Gattaz, de qui nos gouvernants, tiennent dorénavant leur ordre de mission. 1500 emplois seraient en jeu, paraît-il, face auxquels la formation et l’avenir de 12 millions d’élèves sont sans doute peu de choses. Une analyse à bien courte vue de la part de responsables politiques, locaux ou nationaux, qui évacue par exemple de prendre en considération pour, si possible, l'anticiper le raccourcissement inévitable de la période d’enneigement engendré par le réchauffement climatique. La reculade du ministre n’a d’ailleurs manifestement pas suffi à la profession qui n’en continue pas moins de récriminer contre « les vacances de printemps trop tardives » mais aussi contre les vacances d’été qu’on pourrait amputer à ses yeux au profit de celles d'hiver : les grandes vacances en hiver ? Les contraintes économiques ont vraiment bon dos.

Au-delà des rythmes scolaires, c’est la manière dont les décisions sont prises qui interpelle, le nouveau calendrier, pourtant massivement rejeté par la communauté éducative (41 voix contre, 0 pour, lors du passage devant le Conseil supérieur de l’éducation jeudi dernier), ne résulte d’aucune concertation mais uniquement du lobbying forcené exercé par l’intermédiaire d’une soixantaine de parlementaires de droite comme de gauche, harcelant le ministre de questions orales et écrites, pour finalement obtenir gain de cause. Les mêmes qui ont voté la loi d’orientation de 2013 s’emploient à la saboter dans le seul but de s’attirer les faveurs de quelques électeurs, signe que, décidément, la démocratie est bien malade du clientélisme.

 

B. Girard

 

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