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Journal d'école
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20 janvier 2014

Après l'absentéisme, le cannabis : Ciotti éducateur

Ciotti, il faut bien le lui reconnaître, a de la suite dans les idées : pourfendeur infatigable du crime et de la délinquance, son activité législative débridée le conduit à déposer chaque mois ou presque une nouvelle proposition de loi touchant à des domaines qui lui tiennent à cœur. Les dernières en date : proposition relative à la lutte contre la fraude aux prestations sociales, proposition visant à renforcer la répression de la délinquance, proposition visant à étendre l’usage légal de la force armée par les représentants de l’ordre, ou encore visant à renforcer la protection pénale des forces de sécurité et j’en passe. En matière éducative, il s’était signalé comme l’initiateur de la loi supprimant les allocations familiales aux parents d’élèves absentéistes, abrogée depuis peu au vu de son efficacité douteuse. De ce cerveau vraiment curieux, vient de sortir une nouvelle idée : le dépistage obligatoire du cannabis chez les lycéens. « Je veux mettre en place une action préventive, dissuasive et réparatrice. Si ces élèves savent que leur consommation va être détectée, j'ai tendance à dire qu'ils consommeront moins. » Une affirmation sans doute à mettre sur le compte de l’abus de pastis mais qui n’en est pas moins révélatrice de la légèreté qui caractérise nos politiciens dans l’approche de la question. Une répression brutale, la législation la plus rigoureuse parmi tous les pays d’Europe, non seulement n’empêchent pas la consommation mais génèrent trafics et délinquances en tous genres,  qui mobilisent à leur tour une justice et des forces de l’ordre qui n’ont sans doute rien de plus urgent à faire que de traquer les fumeurs de joint. Obama, qui déclare justement avec franchise que le cannabis n’est pas plus dangereux que l’alcool, serait sans doute, de ce côté-ci de l’Atlantique, poursuivi pour incitation de mineurs à la débauche.

Pour faire bonne mesure, Ciotti envisage donc un dépistage annuel dans le cadre de la médecine scolaire. On ne rit pas : la médecine scolaire, sinistrée par l’UMP alors au pouvoir (avec une baisse de 30 % de ses effectifs au cours des dernières années), bien incapable de faire face à ses missions avec moins d’un médecin pour 10 000 élèves, se verrait chargée du flicage généralisé des élèves.

Car au-delà du ridicule, ce qu’il faut retenir de cette dernière passade de Ciotti, c’est la volonté obsessionnelle manifestée par certains politiciens de faire rentrer la police dans l’école et dans les têtes, dans la droite ligne des descentes policières toujours très médiatisées à l’intérieur des établissements scolaires, quelle que soit la majorité politique. Quoique de nul effet sur la consommation de drogue, ce type d’opérations a surtout pour résultat, en entraînant malgré elle l’école dans des manœuvres qui ne sont pas les siennes, de disjoindre un peu plus les relations entre élèves et éducateurs. Mais il est vrai que Ciotti n’a jamais été éducateur.

 

B. Girard

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