Accueil personnalisé des élèves
Accueillir les élèves est une chose qui ne va pas de soi. Interviennent le profil des élèves, le moment de la journée, l’humeur du temps et celle du prof. Le début de semaine, un lundi matin d’hiver est encore moins évident.
Pourtant, hier, dans la Nièvre, on a eu une idée, une sorte d’accueil personnalisé comme on ne le croyait plus possible : à 8 heures du matin, 15 cars scolaires ont été arrêtés par les gendarmes et leurs chiens, 450 collégiens et lycéens flairés à leur descente du car. Pour un résultat époustouflant : quatre d’entre eux ont dû reconnaître qu’ils avaient fumé un joint pendant le week-end. Les gros malins : s’ils s’étaient saoulés au beaujolais nouveau comme les grandes personnes, on ne leur aurait rien dit. Il est vrai qu’ils en auraient été plus malades.
De la part des gendarmes, rien de nouveau : les quatre élèves en question leur auront permis d’augmenter leurs statistiques d’élucidation et d’arrondir leur fin de mois. Le procureur de la république, quant à lui, à l’origine de l’opération à grand spectacle, s’assure la bienveillance de sa hiérarchie. Gendarmes et procureur n’avaient d’ailleurs pas manqué d’inviter la presse, afin d’immortaliser ce grand moment où le maintien de l’ordre donne le meilleur de lui-même. Même si la France reste le seul pays au monde où la traque du cannabis dans le cartable des collégiens fait figure d’impératif politique.
Plus gênante, quand même, la compromission de l’EN avec cette pitrerie : on imagine mal que les chefs d’établissement n’aient pas été sollicités dans sa mise en œuvre. Droits dans leurs bottes, mais nuque courbe devant les caprices, même les pires, de l’autorité, cherchant à faire passer pour de l’éducation ce qui n’est qu’une humiliation brutale et gratuite des élèves dont ils ont la charge. Quant aux profs, comme d’habitude, ils regardaient ailleurs.
Un épisode, un de plus, qui rappelle l’époque Sarkozy : le changement, ce n’est toujours pas maintenant.
B. Girard