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Journal d'école
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20 novembre 2018

Ligue de l'enseignement, Léo Lagrange : au garde-à-vous pour le service national

Alors que le gouvernement communique à marche forcée sur le service national (1), il vient de recevoir l’appui de deux poids lourds du mouvement associatif – la Ligue de l’enseignement et la fédération Léo Lagrange – qui auront peut-être un jour des comptes à rendre sur leur complaisance pour ce projet d’encasernement des jeunes.

Puisque l’Education nationale est chargée de l’organisation et du financement de ce service, qui reste, dans son principe, un service militarisé, ce n’est donc pas le colonel du régiment local mais la rectrice de l’académie de Limoges, qui a tenu à faire savoir, lors de la venue du vibrionnant secrétaire d’état Attal (05/11/2018), que la Ligue de l’enseignement s’était « portée volontaire pour ce projet pédagogique » (sic). Reconnaissance du ventre, certes – la Ligue étant traditionnellement le destinataire d’appréciables financements publics – mais ce ralliement se comprend également en référence à l’histoire d’un mouvement indéfectiblement attaché à l’éducation militaire des jeunes. « Pour la patrie, par le livre et l’épée », telle était la devise de la Ligue de l’enseignement lors de sa fondation par Jean Macé en 1866. Dans un contexte revanchard et nationaliste, La Ligue accompagne et encourage un mouvement de militarisation de l’école qui aboutira à la création des bataillons scolaires (1881-1882), justifiés par Jean Macé : « L’important, c’est de commencer tout de suite et de donner aux campagnes de France le spectacle de leurs enfants se préparant, dès l’école, à défendre le sol de la patrie… ». La Ligue soutient chaleureusement l’instauration dans les écoles d’exercices militaires pour les garçons (et des travaux d’aiguilles pour les filles…), voulue par Paul Bert, ministre de l’Instruction publique, membre éminent de la Ligue (et accessoirement inspirateur de la politique coloniale de la Troisième république… ) : « le petit enfant (…), c’est le citoyen de l’avenir et dans tout citoyen (…) il doit y avoir un soldat toujours prêt. »

On connaît la suite de l’histoire : les morts de la Première guerre mondiale n’auront pas l’occasion de demander des comptes à la Ligue pour son goût immodéré de la chose militaire. Plus d’un siècle après, en soutenant l’instauration d’un service national, d’un encasernement généralisé de tous les élèves de 16 ans, la Ligue de l’enseignement reste fidèle à son origine.

Le SNU, la fédération Léo Lagrange en approuve également le principe, « n’a pas de doute sur la direction à suivre », comme l’explique Yann Lasnier dans une tribune ronflante qui reprend à son compte tous les poncifs entretenus par les tenants d’un service obligatoire : sur l’émancipation des jeunes (par l’enfermement et la soumission), la mixité sociale (un mois dans toute une vie), l’engagement (obligatoire sous peine de sanctions), voyant dans le SNU « (…) un formidable outil au service de notre projet de société, une chance de faire vivre à grande échelle notre objectif de mixité sociale. » Pas moins.

Comme la Ligue de l’enseignement, la fédération Léo Lagrange reste fidèle à son histoire, à son attachement au Parti socialiste. Un parti qui, au début des années 80, les années Mitterrand, effectue sa mue militariste et nucléaire, sous la houlette de Charles Hernu, de triste mémoire ou de Chevènement. Selon Hernu, « les jeunes doivent arrivés à l’armée préparés par l’école ». Cette forte maxime est à l’origine du premier protocole Défense-Education (1982), point de départ de l’éducation à la défense qui, 38 ans plus tard, s’est fait une place de choix dans le cursus des élèves. Dans l’indifférence totale des enseignants, des principaux syndicats, des parents d’élèves ou encore des mouvements pédagogiques. Une complaisance, une complicité, qui accompagnent aujourd’hui l’instauration du SNU.

 

(1) Dernière magouille en date : l’annonce par Attal, d’une expérimentation du SNU au printemps prochain pour une poignée de volontaires. Alors que le principe retenu est celui de l’obligation, ce premier test à base de volontariat, qui pourrait avoir lieu dans la Creuse, aurait d’abord pour fonction de reporter à plus tard quantité de problèmes comme par exemple (outre le financement et la logistique) une opposition frontale des premiers concernés. Pourquoi la Creuse, justement ? Parce que Guéret est le chef-lieu de la Creuse et que le gouvernement n’aurait sans doute pas à redouter une mobilisation de masse dans une ville de 15 000 habitants. Une précaution sans doute superflue pour un pays qui ne trouve matière à s’indigner que dans les taxes sur le gazole…

 

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