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Journal d'école
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2 décembre 2018

1er décembre 2018 : non, ce n'était pas la révolution

A en croire Mediapart, le 1er décembre 2018, la révolution gronde un peu partout. A Paris comme dans les campagnes. La Bastille est à l’Elysée, Emmanuel XVI se serait réfugié en Argentine (certains parlent de Coblence) et dans les provinces reculées du royaume, les manants occupent les péages d’autoroute. Une sorte de continuation des grandes chroniques de l’histoire de France à destination des enfants des écoles.

Mais le 2 décembre, le lecteur, à jour de son abonnement, qui n’est plus un écolier, estime avoir droit à une information un peu plus critique, un peu plus distanciée :

- Sur les motivations réelles d’un mouvement qui n’a jamais trouvé aucun motif de révolte contre un ordre politique, économique et social qui ne date pourtant pas d'aujourd'hui… mais un mouvement qui a fait le choix de se mobiliser, plus prosaïquement, sur les limitations de vitesse et les radars routiers, point de départ – jamais mentionné par les commentateurs - de la contestation.  Curieux idéal révolutionnaire… Sur ce point, le lecteur apprécierait une enquête du côté des associations de défense des conducteurs, une enquête qui, certes, ferait moins rêver que le grand soir mais permettrait d’apprécier différemment les événements.

- Sur la mouvance d’extrême-droite omniprésente dans les manifs parisiennes ou sur les mouvances identitaires en régions (des manifestations qui, là encore, contrairement à ce qui a été écrit, ont pris localement un tour extrêmement violent).

- Sur une tendance « putschiste » vivace dans certains partis politiques français, à droite, où l’on se considère comme seul légitime pour exercer le pouvoir, mais aussi à gauche (notamment dans cette formation rassemblée autour d’un histrion en fin de carrière, prêt à tout pour concrétiser son rêve : la conquête du pouvoir) ; droite et gauche rassemblées dans une même hystérie dont la conséquence prévisible sera l’arrivée de Le Pen au pouvoir (il faudra alors assumer…). Ce n’est sans doute pas un hasard si la 5e république est issue d’un coup d’état militaire.

- Sur la violence politique ordinaire, très habituelle en France, qui n’est pas celle des banlieues mais dont on peut trouver la source dans les manifs agricoles de la Fnsea. Une violence bien de chez nous, très officielle, qui fait toujours l’objet d’un traitement à part chez les politiciens et dans les médias (par exemple lorsque la presse locale parle de manifs « bon enfant », pour désigner des actes de vandalisme qu’on ne tolère de personne d’autre). Si la « racaille » de banlieue prenait une carte d’adhésion à la Fnsea, elle s’éviterait bien des ennuis… De fait, ces dernières semaines, il est difficile de voir la détresse sociale derrière les exactions purement gratuites exercées contre les simples usagers de la route, surtout contre les noirs, les arabes ou les étrangers. Le défoulement ne fait pas une révolution.

- Sur l’inconséquence, la pusillanimité des Français, régulièrement appelés aux urnes mais qui s’empressent de réclamer le départ de dirigeants qu’ils ont eux-mêmes élus peu de temps auparavant. Dans un régime électif, l’ordre politique économique et social n’est quand même pas sans rapport avec le choix des électeurs.

Il ne suffit pas d’agiter le souvenir des grands ancêtres, des révolutions du passé, de se gargariser de citations historiques pour changer la société. Un mésusage du passé, une escroquerie intellectuelle qui voudrait faire passer la France de 2018 pour celle de 1789 ou pour la Russie de 1917… Le mouvement des gilets jaunes, amplifié et surexcité par des politiciens irresponsables qui exploitent à leur profit le mécontentement social ne peut déboucher sur aucun futur. Mais il pourrait rapidement tourner au cauchemar.

Pour ces enquêtes à venir, merci.

 

Voir aussi sur Mediapart

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