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Journal d'école
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16 février 2019

Loi Blanquer : quand les parlementaires se défoulent

Dans un contexte brutalement populiste de remise en cause du principe parlementaire, l’Assemblée nationale, avec la discussion du projet de loi Blanquer, est en train d’apporter à ses détracteurs la pire réponse qui soit : brutale et populiste.

Sur le fond comme sur la forme, c’est une semaine de défoulement que se sont offerte les députés. Des amendements à la pelle chaudement défendus sur des sujets comme l’uniforme scolaire (et la tenue vestimentaire des enseignants), la présence des symboles nationaux (un lever des couleurs chaque matin dans les écoles ?), la suppression de l’éducation sexuelle, du principe d’égalité entre hommes et femmes, de l’enseignement de l’anglais en primaire, la possibilité d’une amende de 450 euros (!) pour toute insulte proférée par un élève, bien sûr l’incontournable question du foulard etc : les préoccupations reflétées par ces propositions, discutées ou pas, adoptées ou non en quelques minutes, voire en quelques secondes, donnent une bien piteuse image de la représentation nationale. Et lorsqu’au fil des débats, on en arrive à une question aussi lourde de conséquences que « l’école du socle », qui porte en germes le risque d’absorption de l’enseignement primaire par le secondaire - une question donc fondamentale mais qui n’a fait l’objet d’aucune étude préalable, d’aucune concertation – il ne faut néanmoins pas plus d’une demi-heure à une poignée de parlementaires pour en adopter le principe.

Méconnaissance du sujet (par exemple l’ignorance crasse des députés sur les programmes scolaires), dogmatisme et incapacité réelle  à prendre en considération la complexité des choses, refus du débat, mépris pour l’opinion d’autrui, conception abusive de la majorité (les plus nombreux ont nécessairement raison), inclination à satisfaire momentanément ses électeurs plutôt qu’à œuvrer pour l’intérêt général : en proie au populisme le plus débridé, les députés ont fait le choix de décisions insensées qui engagent l’avenir pour de longues années.

Face à un projet de loi porté par une idéologie lourdement réactionnaire, les parlementaires non seulement n’ont pas joué leur rôle de contrôle du gouvernement mais ils ont renforcé le ministre dans son arrogance et son sentiment de toute puissance. Arrogance et sentiment de toute puissance qui ne tombent pas de nulle part mais qui ont été incontestablement encouragés par le silence ou la complaisance qui accompagnent Blanquer depuis bientôt deux ans : brutal et doctrinaire, il l’était déjà à sa nomination. Mais l’on est bien forcé de constater que ses premières mesures, ses premières annonces – suspension de la réforme du collège, retour à la semaine de quatre jours en primaire, encouragement au redoublement etc – n’avaient guère suscité de critiques, pas davantage que son mode opératoire fait d’une communication forcenée et d’annonces démagogiques. Tradition bien française : il aura fallu la réforme du lycée et celle du bac pour faire émerger de la quasi confidentialité une contestation qui n’avait sans doute pas jugé nécessaire (ou suffisamment digne…) de s’appliquer aux autres niveaux d’enseignement.

Alors que les parlementaires font l’objet de menaces et d’agressions personnelles difficilement justifiables même dans une démocratie aussi étriquée que la 5e république, que le Palais-Bourbon a été la cible d’une attaque qui n’est pas sans évoquer les émeutes factieuses de février 34, que la contestation politique se noie dans l’hystérie verbale et la violence physique, que certains syndicats ne voient pas d’inconvénients à défendre leur cause au côté d’irresponsables aventuriers, la question éducative mérite sans doute une autre approche. Il y a urgence, même…

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