Un mouvement non-violent perdu chez les gilets jaunes

Dans sa lettre de septembre 2020, Non-Violence XXI annonce sa participation à une projection débat autour du film de David Dufresne, « Un pays qui se tient sage », qui se présente comme un « documentaire » (sic) traitant des violences policières pendant le mouvement des gilets jaunes. Une participation – et une complaisance – qui étonnent : depuis deux ans, Non-Violence XXI n’aurait donc rien appris sur les gilets jaunes, un mouvement fondé sur une violence systémique, l’intimidation, une brutalité physique et verbale qui ne se reconnaît aucune limite. Non pas un mouvement social, les gilets jaunes n’ayant aucun rapport avec le monde de travail, mais une sorte de spectacle de rues, de défoulement nombriliste où le fait d’être vu se suffit à lui-même. Et lorsque, chez les gilets jaunes, on parle politique, c’est le plus souvent avec les accents de l’extrême-droite, de la mouvance identitaire dans laquelle beaucoup d’entre eux se reconnaissent.

Le choix du « documentaire » de David Dufresne comme support d’un débat sur la non-violence paraît plutôt mal venu, cautionnant bien à tort la démarche obscène de son auteur qui, depuis le début du mouvement, entretient, encourage avec constance des scènes et des pratiques de violence dont il tire manifestement une grande jouissance, sa notoriété… et ses moyens de subsistance. Finalement, une démarche de charognard plus que de journaliste (il est vrai qu’il n’est pas le seul…)

Les violences policières, comme la violence d’état, n’ont rien de nouveau dans un pays, un régime (la sacro-sainte république !) qui n’a jamais su gérer pacifiquement la contestation. Mais la violence de rue n’est pas par nature une violence sociale, une violence populaire, une violence révolutionnaire : ne débouchant sur aucun projet, elle est une violence gratuite et imbécile que, non seulement, rien ne peut légitimer mais dont l’image avantageuse qu’on lui offre bien imprudemment ne peut qu’encourager la société à s’engager toujours plus dans des combats sans issue.