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Journal d'école
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28 novembre 2020

Quand la rue n'est plus révolutionnaire

Voilà. Une nouvelle fois des manifs sabotées. Une nouvelle fois un mouvement de protestation salopé. Une nouvelle fois la liberté d’expression galvaudée par des excités pour qui la liberté est un prétexte à toute autre chose. Une nouvelle fois des voyous qui voudraient se faire passer pour des révolutionnaires alors qu’ils ne sont que des voyous. En 1789, des manifestants affamés pillaient les boulangeries pour nourrir leur famille. En 2020, des nervis pillent des boutiques de motos ou de luxe. On a les révolutions qu’on peut.

La violence policière - violence d’état est un terme qui convient mieux - est un réel problème, en France tout spécialement où la république a toujours eu des difficultés à gérer pacifiquement la contestation. Mais la violence de rue est aussi un problème, pas plus légitime que la première, posant même un sérieux problème de démocratie : car si les institutions républicaines ne sont certes pas un modèle, que dire de la prétention d’un petit nombre de nervis à incarner le peuple ? Le peuple, par définition, est pluriel, la fonction d’un régime politique étant de faire vivre cette diversité dans le cadre d’un respect mutuel. On en était loin aujourd’hui à Paris, à Rennes ou ailleurs : briser des vitrines, brûler des poubelles, saccager l’espace public, casser du flic. Mais après ? La question de l’après est bien la dernière que se posent des manifestants pour qui la poussée d’adrénaline se suffit à elle-même. Quelques heures de défoulement avant de rentrer chez soi, en attendant la prochaine occasion. Peu importe que leur stupidité contribue à renforcer la tendance autoritaire de l’état ou à préparer l’avènement de l’extrême-droite : aveuglés par leurs pulsions, leurs fantasmes, ils ne se préoccupent pas du lendemain. Ce qui compte pour eux, c’est le simple plaisir, la jouissance de l’instant. Mais avec un projet qui se limite à des slogans, à des gesticulations, à des vociférations, à des postures, ce n’est pas un instant révolutionnaire.

Dans un an et demi, lorsque le suffrage universel verra s’opposer au second tour des présidentielles une droite dure et l’extrême-droite, il sera peut-être temps également, de demander des comptes à cette faune bruyante, bien en cour quoiqu’elle en dise, armée de caméras, d’appareils photos, de téléphones, que la violence fait jouir et qui l’entretient, l’encourage. Des agitateurs d'images, à défaut d'idées, qui trouvent là une raison d'exister et une miraculeuse notoriété qu’ils ne lâcheraient pour rien au monde. Quelles qu’en soient les conséquences. Irresponsables, ce n’est pas la liberté de la presse qu’ils défendent, encore moins celle de conscience, mais un plaisir narcissique irrépressible, avec une inconséquence dont d’autres qu’eux-mêmes auront un jour à payer le prix.

 

Capture 28112020

Rennes, 28/11/2020

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