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Journal d'école
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9 décembre 2020

L'état seul éducateur : l'irrésistible dérive totalitaire de l'Education nationale

9 décembre 2020, journée de la laïcité, journée noire pour les libertés publiques en France. Une de plus. Stigmatisation de toute une partie de population, brimades et provocations contre une religion, suppression de la liberté d’instruction etc : dans une accumulation de mesures liberticides, le gouvernement règle ses comptes et chasse sur les terres de l’extrême-droite. Le Pen en rêvait, Macron l’a fait.

Des mesures qui, derrière la dénonciation d’un Islam radical qu’on n’est jamais en mesure de définir, vise en réalité la population d’origine maghrébine et même plus généralement les migrants. On ne dit plus les bougnoules, les bicots, on dit les islamistes. C’est autorisé par le code pénal. Derrière une persécution de plus en plus systématique et brutale, officiellement présentée comme une réponse aux attentats terroristes, en réalité, en attisant les haines, les rancœurs, on entretient le terrorisme, on prépare les prochains attentats. Car il y en aura.

L’attaque contre la liberté d’instruction est un peu de la même veine. Depuis les attentats de 2015, dont la responsabilité – faut-il le rappeler – avait déjà était attribuée à l’école (où, selon Valls, « on a laissé passer trop de choses… »), une chape de plomb sécuritaire s’est refermée sur l’école, non seulement physique avec des établissements transformés en bunker (dont on a vu toute l’efficacité avec la mort de S. Paty…), des proviseurs en stages de formation commando,  mais aussi et surtout idéologique : sous couvert de laïcité, surveillance renforcée et quasi policière d’un certain nombre d’élèves musulmans mais aussi, plus généralement, sous l’étendard des « valeurs de la république », un contrôle étouffant de l’enseignement et des mœurs scolaires (« toute atteinte aux valeurs de la république sera signalée... » Hollande, 02/2015). A travers une éducation morale et civique envahissante et soupçonneuse, l’apprentissage de la citoyenneté aboutit à une mise en conformité des élèves avec une morale d’état, dont le SNU est en quelque sorte le couronnement : un encasernement obligatoire à l’intérieur des écoles sous la surveillance commune de militaires et de personnels de l’Education nationale.

Bien sûr, dans cette perspective de surveillance généralisée, la liberté d’instruction faisait tache. Elle apparaît comme le dernier obstacle à l’extension sans fin d’une morale d’état qui sent son totalitarisme : l’état seul éducateur de la jeunesse ? Mais dans l’histoire, quel genre de régime a déjà exprimé cette prétention ? Pensez donc, des parents s’estimant tout autant légitimes qu’un Dasen pour éduquer leur enfant, d’autres ne voyant pas la nécessité de réveiller chaque matin à 7 heures (voire plus tôt) leur enfant de 3 ans pour le déposer à la grille de l’école (alors que dans la plupart des pays européens, l’école ne commence qu’à 5, 6 ou 7 ans, pour des résultats d’ailleurs bien meilleurs) : par un tour de passe-passe qui en dit long sur la malhonnêteté des gouvernants, ces parents se trouvent accusés de radicalisation, d’intégrisme et leurs enfants assimilés à des terroristes en devenir.

Autrement dit, les dizaines de milliers de parents qui, aujourd’hui, ont fait le choix d’une instruction non scolaire pour leurs enfants et qui  – sauf à être démenti par autre chose que les mensonges à répétition des Blanquer, Darmanin et consorts – la mettent en œuvre avec bonheur, se trouvent ainsi, du fait même de leur choix, réduits au rang de délinquants. En passant du régime de déclaration à celui de l’autorisation, le gouvernement tire un trait sur une liberté fondamentale, garantie par des textes solennels qu’on croyait à visée universelle (1) mais qui s’arrêtent désormais aux frontières d’un pays qui se barricade derrière ses peurs et ses fantasmes.

Une loi « confortant les valeurs de la république », tournée – paraît-il – contre « les ennemis de la république ». Mais puisqu’il s’avère que cette république est un régime de brutes, s’en déclarer l’ennemi est tout à fait légitime.

 

Mise à jour (10/12/2020)

La lecture du projet de loi (500 pages !) ne fait que renforcer les craintes exprimées ci-dessus : outre la liberté d’instruction, la liberté d’association, la liberté de conscience, soumises à l’arbitraire de l’administration, sont également gravement menacées.

De façon significative, la suppression de la liberté d’instruction se télescope avec la publication par l’EN d’hallucinantes propositions du CSP pour l’école maternelle, dénaturée en cours préparatoire et centrée sur l’apprentissage mécanique de rudiments mesuré par des évaluations dès la PS !  (En Finlande, pas d’’évaluations avant 13 ans…). S’essuyant les pieds sur la liberté pédagogique pourtant inscrite dans la loi, l’EN renforce encore son contrôle par des injonctions, des préconisations prétendument « scientifiques », en réalité inspirées par l’entourage de Blanquer, des copains à lui (Dehaene, Bentolila etc), bourrés de certitudes, dogmatiques plus que savants et qui, pour la plupart, n’ont jamais mis les pieds dans une salle de classe.

Dans ces propositions, on trouve également ceci : « A l’école maternelle, l’enfant apprend la langue française qui est la langue de la nation, creuset commun qui lui est ouvert dès l’âge de 3 ans. Cette langue, facteur de cohésion nationale et de rayonnement culturel, constitue le socle de son identité en France et dans le monde (…) La langue française est en effet au cœur du pacte républicain. »

Autrement dit, dès l’âge de 3 ans, l’éducation de l’enfant s’inscrit dans un cadre résolument identitaire, excluant toute autre forme de socialisation.

Une école de la surveillance, de mise en conformité avec des normes imposées sans discussion par une administration, une école qui ne reconnaît ni les individus ni la diversité ni la richesse de la vie en commun. Une école qui, à force de se rattacher à une république sacralisée, s’écarte encore un peu plus des principes de la démocratie. Si l’école de 2020 doit effectivement former les citoyens de demain, on a du souci à se faire.

 

 

(1) « Les parents ont par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants » (Déclaration universelle des droits de l’homme, art. 26)

 

Capture 09122020

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Commentaires
B
Merci pour votre article et le commentaire précédent. Effectivement, on assiste à de vrais dérives liberticides en France et ce à une vitesse incroyable. On a une destruction méthodique de la République au nom de celle-ci. Moins de liberté au nom de la liberté. Castex et Dupont-Moretti nous présentent des lois émancipatrices alors qu'elles apparaissent liberticides dans leurs contenus (loi appuyant les principes républicains dixit loi contre les séparatisme, lois qui porte atteinte à la la liberté de la presse, liberté de l'instruction, liberté d'association, laïcité). C'est juste hallucinant quand on y réfléchit un peu et je ne parle même pas de la loi sécurité globale. Pourtant, un syndicaliste policier nous expliquait bien que le citoyen n'a rien à craindre d'être filmé par des drones si il n'a rien à se reprocher, cela n'est pas valable pour eux visiblement.... <br /> <br /> Quant au vocabulaires de ce que les politiques ciblent à savoir les islamistes, islamisme, communautarisme, etc Islam politique, c'est le flou total avec une définition extensive et confuse de ce que "islamiste" sous-entend et qui a déjà montré par le passé des dérives inacceptables (des musulmans assignés à résidence du seul fait qu'ils portent une barbe et se rendent à la mosquée cf. Le livre L'état d'urgence (permanent)). Au delà de l'atteinte des droits de certains de nos compatriotes, c'est surtout la dissolution d'une lutte efficace contre les terroristes qu'on orchestre à trop vouloir mobiliser nos services de renseignement sur des détails non utiles. <br /> <br /> Quant aux écoles privées musulmanes, on assistent à des fermetures administratives ici et là dans la mesure où aucun reproche sur le contenu pédagogique n'a pu être formulé, si ce ne sont pas des dérives, je ne sais pas que c'est)
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T
On présente souvent les gouvernements démocratiques et les états totalitaires comme des opposés n’ayant rien en commun, vivant sur deux planètes conceptuelles. Hors, passer de l’un à l’autre est bien plus facile qu’il n’y paraît. Ces deux types de gouvernement sont mitoyens et la cloison entre eux n’est pas très étanche. Il suffit qu’un état s’arroge le monopole de l’exercice d’un droit légitime, puis transforme ce droit dont tout le monde reconnaît la pertinence et l’utilité en obligation et la cloison se fragilise parfois au point de s’effondrer. Aujourd’hui en France le droit à l’instruction est en train de devenir l’obligation de fréquentation scolaire. L’État s’arroge le monopole éducatif puis rend ce droit obligatoire. Alors avant qu’il ne me soit interdit d’instruire mes enfants je leur ferai ce petit rappel historique factuel des événements survenus en Allemagne<br /> <br /> 1926 : Création des Jeunesses Hitlériennes<br /> <br /> 1936 : Les Jeunesses Hitlériennes deviennent le seul organisme jeunesse autorisé (monopole)<br /> <br /> 1939 : La fréquentation des Jeunesse Hitlériennes devient obligatoire et l’instruction en famille est désormais interdite<br /> <br /> Il ne s’agit pas, bien sûr, de comparer l’école française aux jeunesses hitlériennes, ce serait inepte. Il s’agit de montrer comment en France en 2020 nous passons, pour les mêmes raisons fallacieuses, d’un droit à l’éducation, à un monopole d’État obligatoire. L’Allemagne d’Hitler avait ses Juifs, la France de Macron a ses Musulmans.
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