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Journal d'école
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17 septembre 2021

SNU : les sergents-recruteurs de l'Education nationale à la chasse aux jeunes « les plus fragiles »…

Capture 17092021Une récente directive d’orientation (BO 31 du 26/08/2021) appelle à la « mobilisation » des recteurs et des services académiques en vue d’assurer une « montée en charge du SNU pour 2022. » Propagande habituelle de rigueur pour « un projet éducatif d’émancipation et de responsabilisation des jeunes […] une opportunité majeure de conforter la cohésion nationale et le désir d’engagement des jeunes… » On ne sait si les rédacteurs du BO sont eux-mêmes convaincus par leur prose après trois années d’expérimentation d’un dispositif ubuesque et surréaliste qui aboutit à un instituer pour tous les jeunes de 15 à 17 ans une période militaire obligatoire dans une scolarité que la suppression de la liberté d’instruction rend elle-même obligatoire. Un « projet d’émancipation » aux allures de brimade collective, une « cohésion nationale » réduite à l’inculcation d’une morale officielle autour du culte du drapeau et d’une mystique identitaire.

Cette directive qui, par ailleurs, confirme le rôle éminent des recteurs dans la mise en place du SNU, apporte une précision significative sur la nature du projet et, peut-être, son évolution : les services académiques « attacheront tout particulièrement une forte attention aux publics les plus fragiles, ceux ayant des besoins éducatifs particuliers ou les plus éloignés des dispositifs d'engagement (jeunes issus des quartiers prioritaires ou très isolés géographiquement, jeunes sous main de justice, jeunes relevant de l'aide sociale à l'enfance, etc.) »

Traduction. Jeunes issus des quartiers prioritaires, sous main de justice ou relevant de l’aide sociale à l’enfance : ce sont les jeunes déjà fragilisés, plus ou moins en rupture, qui se trouvent visés et placés sous la surveillance des sergents recruteurs de l’EN, une administration à qui la confusion des rôles ne pose guère de problème de conscience.

Par cet objectif explicite, l’EN espère peut-être également contourner une difficulté qui va finir par faire tache dans la communication officielle : depuis 3 ans, en dépit de la collaboration massive des médias, notamment locaux, le SNU n’arrive pas à susciter chez les premiers concernés l’enthousiasme attendu. Après une première expérimentation qui avait attiré moins de 2000 volontaires (juin 2019), après la proposition rapidement mise sous l’éteignoir d’un tirage au sort (donc de non volontaires) pour 2020, après l’annonce d’une généralisation à tout le territoire pour 2021 qui devait concerner plusieurs dizaines de milliers de jeunes enthousiastes, il ne s’en est finalement présenté que 14 000, un chiffre à mettre en rapport avec les 400 000 jeunes initialement attendus pour 2022 et les 2, 4 millions de jeunes potentiellement concernés (les tranches d’âge de 15 à 17 ans). Dans ces conditions, cette dernière directive ne pourrait-elle pas être interprétée comme une évolution vers un SNU obligatoire… mais sélectif ? Avec la référence aux « jeunes sous main de justice » ce serait alors comme une vague résurgence des colonies pénitentiaires d’autrefois peuplées de gamins un peu perdus directement envoyés par les tribunaux.

On n’en est sans doute pas là. Mais aujourd’hui, alors que le SNU, en dépit des circonstances, occupe toujours une place de choix dans le calendrier, l’organigramme et les publications officielles de l’EN, les réactions syndicales et professionnelles sont toujours aussi discrètes.

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