Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
3 janvier 2022

Une histoire de drapeau dans les pestilentielles 2022

Capture 03012022Le drapeau de l’UE sous l’Arc de triomphe à Paris, il n’en aura pas fallu davantage pour déclencher une de ces polémiques – entre pantalonnade et psychodrame – dont raffolent chroniqueurs, commentateurs professionnels mais aussi politiques de toutes tendances, au premier rang desquels les leaders de droite, d’extrême-droite mais aussi d’une partie de la gauche n’ont pas tardé à dégainer contre cette intolérable atteinte à l’honneur national.

Rhétorique convenue, qui enfile les poncifs comme des perles sur un sujet qui gangrène le débat politique. La gauche dite « insoumise » n’est pas en reste, avec l’un de ses leaders retrouvant les accents de Déroulède : « qu’un drapeau européen remplace le drapeau français sous l’arc de triomphe est une faute. Le soldat inconnu n’est pas mort pour Bruxelles… » Cette vieille manie des thuriféraires de l’identité nationale de faire parler les morts : si le soldat inconnu n’est certes pas mort pour Bruxelles, on ne lui a pas non plus demandé son avis avant de l’envoyer à Verdun sacrifier sa vie pour une cause qui n’était pas la sienne. Mort pour la France ? Ou plutôt mort à cause de la France, à cause de l’incapacité maladive à imaginer une collectivité qui ne vienne pas buter contre un pointillé sur une carte.

Et si l’UE devait avoir quelque vertu, ce serait en premier lieu de dépasser les identités nationales autant fantasmées que mortifères (… à condition de ne pas en créer une nouvelle, balisée par des frontières contre lesquelles viendraient mourir les migrants.) La souveraineté populaire n’est pas par principe circonscrite au cadre national, pas davantage que la démocratie : si le jeu complexe des institutions communautaires (commission, conseil, parlement) peut laisser le champ libre à de légitimes critiques, ce n’est sûrement pas du côté de la constitution de la 5e république ni d’un débat franco-français focalisé sur la conquête du pouvoir que viendront les progrès.

Le drapeau de l’UE sous l’Arc de triomphe, manifestation d’une polémique d’après-boire ? En partie mais pas seulement dans un contexte électoral dénaturé par la peste identitaire.

Reste également qu’il aurait sans doute été préférable de choisir un autre endroit qu’un monument qui est d’abord le symbole du militarisme.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité