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Journal d'école
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12 février 2022

Un "convoi de la liberté" aux relents d'extrême-droite

Certes, il est toujours permis de remettre en cause la politique sanitaire menée par les pouvoirs publics. A condition, toutefois, d’en proposer une autre et de ne pas s’enferrer dans le déni : un virus meurtrier assimilé à une « grippette », une pandémie mondiale à un complot. A condition, également, de ne pas, sur le sujet, enfiler les absurdités comme des perles, à l’exemple, parmi d’autres, d’un Mélenchon, expert auto-promu en épidémiologie, aux analyses aussi bruyantes que loufoques : contre le confinement quand il fallait confiner, contre le déconfinement quand on pouvait déconfiner, pour les masques quand il n’y en avait pas, contre les masques quand il y en avait, pour le vaccin chinois contre Pfizer, pour la chloroquine etc. Une forme de contradiction infantile assez généralisée au cours de ces deux dernières années comme pour se donner bonne figure face à un phénomène épidémique qui en réalité échappait à tout le monde.

Certes, il est également permis de dénoncer les atteintes aux libertés publiques induites par le pass vaccinal mais la dénonciation paraîtrait plus honnête si elle visait toutes les atteintes à toutes les libertés publiques, notamment lorsqu’elles ont été significativement menacées par la loi sécurité globale, la loi séparatisme, l’expulsion des migrants, autant de sujets parmi beaucoup d’autres auxquels les valeureux automobilistes des « convois de la liberté », si prompts à faire la morale, n’ont jamais montré le moindre intérêt. La liberté d’entrer au bistrot sans pass, c’est un peu limitatif comme définition de la liberté.

Certes, on peut toujours également protester contre l’injustice sociale, lutter pour la faire reculer mais en se donnant les moyens de le faire à l’instar des multiples associations, des syndicats, des collectifs, des individus isolés, qui par leur engagement au quotidien comme sur le long terme, engagement souvent discret, cherchent à donner corps au principe de solidarité. Au lieu de quoi, un défilé de bagnoles et de camping-cars, bruyant, clinquant, tape-à-l’œil, tient davantage du défoulement, de l’exhibition facile, de l’auto-promotion des participants que de la préoccupation altruiste. Sans parler du bilan carbone de ce genre de manifestation qui n’entre sans doute pas dans les préoccupations des organisateurs…

Certes, il est toujours légitime d’exprimer un rejet des pouvoirs publics et d’en souhaiter le changement, certes on peut toujours se laisser entraîner dans les promesses et les manipulations d’une campagne électorale mais une manifestation largement initiée par une mouvance d’extrême-droite est-elle vraiment crédible en matière de liberté et de justice sociale ? Et même si tous les participants ne sont ni des beaufs ni des fachos, manifester au côté de beaufs et de fachos discrédite largement les premiers.

Capture 12022022 2Il y a un peu plus d’un an, à Washington, les partisans de Trump prenaient d’assaut le Capitole. De leur point de vue, ils avaient raison, ils étaient le peuple et dénonçaient la fraude aux élections. En réalité, ils n’étaient pas le peuple, il n’y avait pas eu de fraude électorale : il s’agissait clairement d’une tentative de putsch d'extrême-droite pour conquérir un pouvoir dont les élections les avaient privés.  Une violence de rue qui n’est pas spécifiquement américaine mais qui s’étend de façon insidieuse et dont on ferait bien de se méfier : car la violence de rue n'est pas, par principe, plus légitime que n'importe quelle autre forme de violence. A Ottawa, 500 camionneurs ne sont pas le peuple canadien ; en France, quelques milliers d’automobilistes ne sont pas le peuple. Toujours aveuglés par un mouvement de gilets jaunes dont on persiste à ne pas voir la dimension factieuse comme les relations avec l’extrême-droite, une partie des médias se laisse berner par un mouvement qui est tout ce qu’on veut sauf un mouvement social. Une partie de la gauche également, mais là, ce n’est pas une nouveauté : depuis Sternhell et d’autres historiens, on sait que le passage de l’extrême-gauche à l’extrême-droite se fait sans difficultés. Mais à ce petit jeu, ce n’est jamais la gauche qui gagne, encore moins le peuple ; il est même toujours perdant.

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