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Journal d'école
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10 octobre 2006

Un nouveau délit : l'outrage à de Robien

Dans l’arrogance et la morgue, il est probable qu’aucun ministre de l’EN n’aura fait aussi fort que de Robien. Petit chef de bureau qui se croit grand politique, il s’est à nouveau lancé ce matin sur France Inter dans des menaces, des attaques personnelles contre tout ce qui ne marche pas (extrême)-droit : «quand on est fonctionnaire de l’état, on obéit aux circulaires », détournant comme à son habitude le service de l’état au service de ses convenances personnelles. Et malhonnête en plus : « trop de jeunes, environ 20% ne savent pas bien lire en entrant en sixième », faisant ainsi ouvertement porter la responsabilité des difficultés scolaires à Goigoux, Frackowiak, qu’il vient donc de sanctionner à son tour, Meirieu et à tous les enseignants de CP qui ne pensent pas comme lui. Insinuation franchement sordide à dire vrai, à la mesure du personnage. « Les droits (sic) et devoirs des enseignants, c’est d’être fidèle aux textes et circulaires officielles ». Ce rappel incessant, obstiné, de la soumission obligée des profs à la personne du ministre me semble mériter peut-être une autre réaction que les bien platoniques protestations entendues jusque-là ; on a connu des journées de grève ou l’exercice du droit de retrait pour moins que ça. On ne peut exclure non plus que bien des enseignants, formatés dans le moule de l’EN, ne soient pas équipés intellectuellement pour faire face à ce genre de situation : c’est tellement plus simple de se contenter d’obéir surtout lorsqu’on souhaite arriver rapidement à la hors-classe. Pour des profs habitués à exiger la soumission des élèves, se soumettre à l’autorité n’est-elle pas non plus une seconde nature ?

Dans le même temps, le groupe UMP du Sénat rappelait son indéfectible attachement aux libertés de conscience et d’expression ; mais c’était pour Redecker, pas pour Frackowiak ni pour Goigoux. Ce matin, il était bien pitoyable, de Robien, lorqu’il affirmait à propos de Roland Goigoux que « son temps d’enseignement (à l’école des cadres dont il s’est fait virer), était terminé ». Alors on rappelle au ministre que depuis six mois, il a atteint et dépassé l’âge de la retraite et qu’on n’attend qu’une chose : qu’il la prenne au plus vite.

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Commentaires
L
une lettre ouverte vient d'être adressée à de Robien sur ce sujet : <br /> http://educpol.over-blog.com/article-4144576.html
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L
Qu'on puisse mettre tout et son contraire derrière le mot de liberté n'est pas une chose nouvelle (par ex. le libéralisme en matière économique ressemble beaucoup à la liberté du renard dans le poulailler).<br /> En matière scolaire, la "liberté" a longtemps été revendiquée par les tenants de l' école confessionnelle ; on observe au passage que, curieusement, l'enseignement privé ne semble plus s'appesantir sur ce thème, sans doute parce qu'il juge après tout bien pratique de faire payer ses profs par l'état.<br /> Quant à la liberté pédagogique, je partage entièrement le point de vue de Pierre Frackowiak (sous réserve de vérification des citations) : depuis quelques années, elle est le cheval de bataille des plus conservateurs ; il est d'ailleurs piquant de constater le silence assourdissant de "Sauver les lettres" et consort devant la dérive autoritaire d'un ministre qui s'affirme chaque jour un peu plus comme le plus réactionnaire qu'on aie connu depuis longtemps.<br /> Foin de polémiques ! Le problème est quand même bien que de Robien diligente des poursuites contre des enseignants dont le seul tort est de ne pas penser comme lui ; il ne se donne même pas la peine de chercher d'autres arguments...
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D
Eh bien, Lubin, contre l'autoritarisme du ministre, je serais prêt à me rebiffer... <br /> <br /> Le problème, c'est qu'il est difficile de défendre quelqu'un qui a prôné, toute sa vie, l'obéissance des instituteurs. <br /> <br /> Quand un ennemi de la liberté est pris à son propre piège, le retour du bâton apparaît comme une forme de justice immanente.<br /> <br /> Pour rappel, quelques propos de Frackowiak contre la liberté pédagogique ;notez bien la dernière phrase, c'est exactement celle que l'on entend dans la bouche des DRH de merde qui sévissent dans le privé et passent leur temps sur le dos des gens qui font le travail qui sert à quelque chose.<br /> <br /> L'antépénultième ne serait pas non plus démentie par Thatcher ou Bush : il faut éliminer les obstacles aux "réformes".<br /> <br /> -------<br /> <br /> Cette notion de liberté pédagogique paraît pourtant bien dérisoire quand on observe la très grande homogénéité et la permanence des pratiques.<br /> ------ <br /> Pour les professeurs, il s'agit davantage aujourd'hui de survivre que de profiter d'une liberté pédagogique objet de discours. <br /> ------<br /> Malgré la gravité de la situation, sous couvert de cette liberté pédagogique qui permet de résister à toutes les évolutions, à toutes les réformes, à toutes les tentatives d'ouverture de l'école, à toutes les volontés de donner du sens aux activités scolaires, de transformer les pratiques pédagogiques, <br /> -------<br /> La liberté pédagogique permet également de résister aux corps d'inspection quand ceux-ci tentent d'encourager l'innovation. <br /> ------- <br /> La liberté pédagogique s'oppose à la notion de professionnalisme, de compétence professionnelle. Elle s'oppose à la notion de responsabilité. <br /> Une nouvelle école, une autre école, pas celle d'hier et d'avant-hier.
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