Choisir entre sa conscience et le règlement
Comme on s’y attendait, les députés viennent donc de renforcer les pouvoirs du maire dans les questions éducatives. Le maire est dorénavant autorisé à « mettre en œuvre un traitement automatisé de données à caractère personnel, relatives aux enfants en âge scolaire de sa commune ». Ces données sont transmises « par les organismes chargés du versement des prestations familiales, par l’inspecteur d’académie et par le chef d’établissemennt « en cas d’expulsion temporaire ou définitive », ou « lorsqu’un élève inscrit dans un établissement le quitte en cours ou fin d’année » scolaire. Cette nouvelle loi sarkozienne – on ne sait malheureusement pas si ce sera la dernière – est l’aboutissement de toute une campagne destinée à criminaliser la moindre déviance des élèves : aujourd’hui, un élève séchant les cours ou exclu momentanément de son établissement est considéré comme un délinquant. A l’origine de cet amalgame, on trouve bien sûr les politiciens, les médias qui les ont relayés mais aussi une bonne partie des enseignants et des chefs d’établissement qui s’inclinent peureusement ou avec complaisance devant tout ordre venu d’en haut, quelqu’en soient la légitimité ou la justification.
Pourtant, désobéir n’est pas si terrible que cela. Je suggère pour ma part, lorsque les décrets de loi seront parus, que les profs, traditionnellement chargés de l’appel des élèves en début de journée, refusent dorénavant de le faire, en en laissant la charge aux seuls chefs d’établissement, qui auront alors à choisir entre leur conscience et le règlement. Merci d’avance à tous ceux qui voudront bien relayer cette proposition.
Dans un domaine très voisin – la police dans les têtes – on recommande instamment de se connecter le plus souvent possible sur le site d’Education sans frontières (voir mes liens à gauche) : les renvois brutaux, dans des conditions scandaleuses, d’enfants sans papiers et de leurs parents se multiplient. Chacun peut envoyer un mail, un fax, passer un coup de fil chez Sarkozy ou ses serviteurs préfectoraux. Juste pour montrer, justement, qu’on fait passer sa conscience personnelle avant la raison d’état.
Car ce pays devient franchement invivable.
« La résistance à l’oppression », c ‘est bien l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, déjà ?