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Journal d'école
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15 octobre 2007

Journée Môquet-Sarkozy : et maintenant, les menaces

Les désirs du Prince sont des ordres. Martinon, porte Sainte Parole de Sarkozy, rappelle le caractère « obligatoire » de la lettre de Guy Môquet. Avec cet argument massue : « ça fait partie du programme » (sic). Raison de plus pour désobéir et ne pas la lire.

Piqure de rappel avec le texte ci-dessous déjà posté sur Journal d’école le 10 septembre.

La lecture de la lettre de Guy Môquet aux lycéens le 22 octobre fait question sur un certain nombre de points auxquels les enseignants ont parfaitement le droit de réfléchir. D’abord, comme il a déjà été relevé, de quel Guy Môquet s’agit-il ? Pour Sarkozy, il s’agit non pas d’honorer la mémoire du militant communiste livré aux nazis par la police française mais le « patriote », ce qui permet de passer sous silence qu’en 1940, les « patriotes » étaient massivement du côté de Vichy et que le « patriotisme », dans l’histoire, s’est fréquemment fourvoyé dans des causes qui n’avaient rien à voir avec la défense des droits de l’homme. Indépendamment de cela, on est bien obligé de constater que cette obligation règlementaire par BO interposé, prend une fois de plus des allures d’instrumentalisation de l’histoire. Car même s’il ne s’agit pas de nier la spécificité du nazisme, il ne devrait échapper à personne que cette lecture officielle, solennelle et quasi liturgique de la lettre d’un résistant est imposée unilatéralement par la volonté d’un homme politique qui a peut-être des choses à cacher comme, par exemple, la poursuite acharnée et souvent brutale des sans-papiers jusque dans les écoles, les centres de rétention et ces expulsions policières au petit matin, d’hommes, de femmes et de combien d’enfants en pleine détresse, dont le seul tort est de ne pas avoir de papiers en règle et de jouer le rôle de boucs émissaires de politiciens peu scrupuleux. Ainsi donc, il n’y aurait rien d’incompatible entre la lettre de Guy Môquet et la traque aux étrangers menée par un ministère de l’immigration et de l’identité nationale ou avec les tests génétiques imposés aux étrangers ? Cette politique brutale et inhumaine d’immigration se trouverait même en quelque sorte légitimée par la participation d’un résistant, mort évidemment, et qui n’est plus là pour dire ce qu’il en pense. Ainsi, la  journée Guy Môquet dans les lycées ne serait-elle pas plutôt une journée Sarkozy ? Alors que certains d’entre eux sont engagés dans une résistance courageuse aux côtés d’ Education sans frontières, les enseignants devraient prendre garde à ne pas se laisser manipuler de la sorte. Sur un sujet qui touche à leur responsabilité propre d’éducateurs comme à leur conscience personnelle, il est permis de remettre en cause la légitimité d’une initiative avant tout politicienne : il n’appartient pas à un responsable politique, fût-il président de la république, de dicter aux enseignants leur démarche pédagogique, pas plus qu’aux lycéens et à leurs familles leur morale citoyenne.

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