Verbiages
Bentolila qui fut, paraît-il, un éminent linguiste, se contente aujourd’hui de se gargariser de mots. Dans Le Monde (02/09/2008), voilà le rôle qu’il assigne à la maternelle : « (...) L'école maternelle doit donc tenter de réhabiliter sémiologiquement, culturellement et linguistiquement une part importante des enfants qui lui sont confiés (...) Précision et richesse du vocabulaire, pertinence de l'articulation et de la discrimination des sons, conscience de l'organisation grammaticale, lucidité face aux enjeux de la communication et, enfin, familiarisation avec les textes, telles sont les compétences fondamentales qu'un élève doit posséder avant d'entrer à la "grande école" ; tels sont les engagements qui s'imposent à l'école maternelle. » Réhabiliter sémiologiquement des enfants de trois ans ? C’est vrai qu’on n’avait pas osé l’imaginer. Quant aux textes avec lesquels les enfants doivent se familiariser, ce ne peut être évidemment que de « grands textes » : Kant, Schopenhauer peut-être.
Dans un registre finalement pas très éloigné – ce n’est pas parce que je n’ai rien à dire que je dois me taire – Morano persévère dans sa croisade contre internet. Avec des arguments à la hauteur de la sous-ministre mais finalement très typiquement sarkoziens : « Aujourd'hui, 60 % des enfants de 6 à 10 ans surfent sur le Net et peuvent être confrontés aux 4 à 5 millions d'images pédopornographiques qui y circulent» (Le Figaro, 02/09/2008). D’un côté, donc, 60% des 6-10 ans surfent sur internet, de l’autre côté, 4 à 5 millions d’images pédopornos (elle les a visionnées ?) : c’est comme si le viol était accompli. Mais les 100% d’enfants de 6 à 10 ans confrontés tous les jours aux flots de violence, de vulgarité et de pornographie déversés par les télés ne semblent pas beaucoup préoccuper Morano. Et d’en appeler une nouvelle fois à la création d’une « police du net », le net, bête noire des bien-pensants. Faire peur, il n’y a que ça de vrai.