Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
2 avril 2006

"Solidarité" : inversons l'exigence

C’est à la lumière des événements actuels qu’on apprécie à sa juste valeur le désir manifesté par certains politiciens d’instaurer un service obligatoire pour les jeunes. Un service « essentiel pour créer de la solidarité », comme l’affirme sans rire ni honte Hollande (voir sur Journal d’école, 28/03/2006, « Ces jeunes qui n’ont plus le sens civique »). Ni peur du ridicule. Car il me semble que la prise en charge collective de leur avenir par les jeunes dans un mouvement responsable et clairvoyant, telle qu’elle se manifeste à travers la contestation anti-CPE, est autrement plus porteuse de « solidarité » que tous les encasernements rêvés par Hollande et ses copains. Un mouvement de masse qui ne colle décidément pas avec la caricature et les poncifs véhiculés sur les jeunes « qui ne savent pas se lever le matin », uniquement préoccupés de frime et de fric. Il y a de la part des politiques et, plus généralement, des adultes, quelque chose d’indécent à déplorer ce qui serait une perte du sentiment de solidarité et de sens du devoir chez les plus jeunes alors qu’on en cherche vainement la trace chez eux, les plus âgés. Car il faut une bonne dose d’aveuglement, de mauvaise foi ou d’irresponsabilité pour ne pas voir que l’avenir qui est réservé aux jeunes sera incommensurablement plus difficile, plus aléatoire, que la vie des générations précédentes. Outre la question de l’emploi, directement en cause avec le CPE, les jeunes seront confrontés à des écueils qui risquent fort de s’avérer insurmontables : des systèmes de retraites et de soins dont on ne sait comment ils seront financés, des déficits publics abyssaux qu’il faudra pourtant bien combler, les atteintes à l’environnement qui font que l’on ne sait sur quelle terre on vivra dans cinquante ans, des problèmes de développement à l’échelle mondiale, générateurs de conflits et de tensions un peu partout, une paupérisation de couches toujours plus larges de la société. Voilà le monde que les adultes lèguent à leurs enfants. Et ce serait donc aux jeunes de se montrer « solidaires » ? Mais de quelle solidarité les adultes, eux, ont-ils fait preuve jusqu’à présent, envers les autres, lorsque, pour consommer encore davantage, pour conserver leur niveau de vie, ils dilapident sans vergogne les richesses de la planète, pillant les matières premières, saccageant les forêts, détruisant la couche d’ozone, bouleversant de manière durable l’environnement ? Sont-ils solidaires tous ces braves gens qui acceptent sans sourciller que la planète ait dépensé l’an passé plus de mille milliards de dollars en armement, préparant les guerres de demain ? Solidaires encore lorsqu’on laisse Sarkozy  multiplier aux frontières barbelés et caméras de surveillance pour repousser les immigrés ? Solidaires alors qu’on ne dit rien devant les centres de rétention où hommes, femmes et enfants s’entassent dans des conditions inhumaines, hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d’être pauvres ? Solidaires alors que c’est avec complaisance ou indifférence qu’on laisse Sarkozy, encore lui, rédiger une loi brutale et injuste sur l’immigration ? Solidaires, lorsque Chirac, il y a quelques mois, menaçait des foudres nucléaires quiconque remettrait en question l’approvisionnement en pétrole de la France ? Qui, alors, a réagi ? Pour assurer leur confort, ou ce qu’ils considèrent comme tel, pour conserver leur niveau de vie, leur tranquillité pantouflarde, des générations d’adultes, celles qui détiennent le pouvoir depuis, disons, 1945, n’ont jamais manifesté le moindre intérêt pour ce qu’il adviendra après eux. Après eux le déluge, effectivement. Le déluge qui tombera sur la tête de nos descendants parce que, justement, la « solidarité » a été la dernière de nos préoccupations. Alors, lorsque l’on entend Hollande et consorts invoquer la « solidarité » pour imposer aux jeunes un service obligatoire, on se dit que ces gens-là ont surtout besoin d’un bon coup de pied au cul. En toute solidarité, évidemment.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
La question de fond reste celle-ci : des générations d'adultes qui n'ont manifesté aucune solidarité à l'égard de leur descendance (que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières) ont-elles légitimité pour exiger une solidarité obligatoire de la part des jeunes ? "Chacun pour soi", c'est la règle de vie la plus commune ; on apprend toujours aux enfants que les grands doivent donner l'exemple aux petits. Que les adultes s'appliquent la maxime d'abord à eux-mêmes !
Répondre
B
me semble que tu te trompes un peu de combat. Les socialistes ne sont pas franchement pour le CPE et ils ne sont pas non plus à l'origine du service civil, seulement si on veut l'instaurer comme le prévoit toujours la^même loi sous prétexte de meilleure mixité, il doit être obligatoire
Répondre
Publicité