Les lettres mènent à tout...bien plus qu'on ne pense
VousnousIls publie une interview de Patrick Loubatière, prof de lettres à Montpellier, vous savez bien, ce type qui mérite la corde parce qu’il a invité Hervé Vilard dans sa classe : « J’ai eu l’occcasion d’interviewer Hervé Vilard pour un magazine (...). Je lui ai donc proposé de rencontrer mes élèves pour leur apporter un éclairage différent sur l’autobiographie (...). La rencontre s’est déroulée, les élèves ont pu poser toutes les questions. Et ceux qui le souhaitent peuvent mentionner le livre dans leur liste pour le bac, dans la partie lectures personnelles (...). Ce livre ne fait pas partie des textes présentés à l’oral. Sa lecture est simplement mentionnée dans le descriptif des activités accomplies dans l’année (...) ». Voilà, c’est donc à partir de là que le Figaro, Brighelli, P. Marcelle de Libé et bien d’autres après eux, ont lancé à la terre entière leur cri d’effroi : « aujourd’hui, dans les lycées, un chanteur de variétés a remplacé Montaigne ». Sans se donner la peine de procéder à la moindre vérification. Il est vrai que dans le domaine de l’éducation, cela fait bien longtemps que les journalistes ne se donnent plus la peine de vérifier quoi que ce soit, se contentant de surfer sur la vague à la mode du déclin, du désastre, de la faillite de l’école, suite à cet abominable complot pédagogique visant à la détruire. Les dérives populistes sur l’éducation qui s’amplifient depuis plusieurs années, au point d’étouffer toute raison, trouvent leur origine , pour une large part, dans ce discours catastrophiste sur l’école et la nostalgie d’un retour à l’ordre symbolisé par une école fantasmée, celle d’il y a un siècle, auréolée de toutes les vertus. Les délires punitifs, carcéraux, la militarisation de la jeunesse dont Royal rêve ouvertement apparaissent comme une réponse logique adressée au bon peuple affolé par la perte des repères éducatifs de ses enfants. Est-il exagéré d’affirmer que cette campagne ultra-conservatrice sur l’école et, plus généralement, sur l’éducation et la jeunesse, faite de crainte, de frustration, d’un fort désir de retour en arrière, nous mène tout droit à une société totalitaire ? On remercie chaudement Brighelli et « Sauver les lettres », le Figaro, bien sûr, mais aussi P. Marcelle et encore beaucoup d’autres pour leur éminente contribution à l’émergence d’un monde nouveau, celui, où, chaque matin, les enfants des écoles en uniforme chanteront « Maréchale, nous voilà ! »