Le petit prince
« ...Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.
- Il y a des millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ? Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? Ce n’est pas plus sérieux et plus important que les additions d’un gros Monsieur rouge ? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète et qu’un petit mouton peut anénantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important, ça !
Il rougit, puis reprit :
- Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : « Ma fleur est là quelque part... » Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! Et ce n’est pas important ça !
Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée. J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! »
Antoine de Saint-Exupéry.
C’est avec ce passage impromptu du Petit Prince dans Journal d’école (je ne sais pas si l’auteur m’aurait donné l’autorisation) que je souhaite une bonne année à tous ceux qui ont la curiosité de s’intéresser à mes divagations sur l’école.
J’espère que pour cette première chronique de l’année, Philippe Watrelot ne m’aura pas trouvé trop « énervant »...
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=2797