Plus on devient vieux, plus on devient...

Dans la série « Le gros bons sens sauvera l’école », c’est le très ancien ministre Allègre qui décroche la palme de la semaine. Dans une interview au Figaro, il donne sa vision, sa rétrovision plus exactement, des problèmes de l’école :

«tout vient de la suppression de l'examen à l'entrée en 6e. Autrefois, il fallait faire moins de cinq fautes à la dictée et résoudre trois problèmes simples de mathématiques pour passer au collège. La première mesure à prendre pour redresser la barre est de réintroduire cet examen. Cela obligerait les enseignants à se concentrer sur les fondamentaux, comme la lecture. C'est gentillet de faire des classes de neige et de visiter des usines de betteraves mais la priorité est de savoir lire, écrire et compter ! » On ne sait pas à quand remonte cet « autrefois » auquel Allègre fait référence - parler de l’école au Figaro ne demande pas une grande rigueur, encore moins de clairvoyance – mais reconnaissons lui au moins, dans sa conclusion, le mérite de la franchise : « arrêtons nous de focaliser sur ceux qui échouent. Il faut s’occuper de ceux qui réussissent ! » Autrement dit : intéressons-nous aux élèves sans problèmes, les autres n’ont qu’à se débrouiller tout seuls ! Si ce n’est pas du Sarkozy, ça y ressemble bigrement.

Dans sa Revue de presse du 12/03, Philippe Watrelot remarque judicieusement : « Allègre développe des thèses que ne renieraient pas ceux qui le combattaient fortement il y a quelques années. » Les copinages suspects en matière éducative, on commence à en avoir l’habitude... Suivez mon regard. http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=2971

Comments

[tartempion]

"10 ans plus tard sans diplôme"

sauf que avoir un diplôme n'est pas une fin en soi ! un diplôme de quoi, et pourquoi faire ?

[Lubin]

C'est bien en primaire qu'Allègre recommande de redoubler...

[Meles]

Tiens? le CP et le CE sont déjà le collège? A vous lire, on pourrait le croire, puisque c'est là que les "effets du redoublement" sont "dévastateurs". Je croyais que l'école primaire était à l'abri de ces turpitudes.(Euh... est-ce qu'en fait on n'est pas un peu dans la tautologie, là encore: un élève est en difficulté parce qu'il a du mal à suivre?)Quant aux "méfaits du collège", c'est le retour du Credo: si des élèves ont des difficultés, c'est la faute des viiilains profs de collège, corporatistes et réactionnaires. Les évaluations à l'entrée disent pourtant souvent le contraire... (et mon propos, contrairement à d'autres, n'est nullement, on l'aura compris, de dénigrer les instits. )

[Lubin]

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3238,36-881956@51-852249,0.html
"Un élève qui redouble au CP ou au CE a près d'une chance sur deux de sortir de l'école 10 ans plus tard sans diplôme", écrit Christian Forestier dans un article du Monde (12/03). Les effets dévastateurs du redoublement sont notoires.
Ce qui fait problème, ce n'est pas l'inadaptation de certains élèves de CM2 au collège mais l'inverse : c'est au collège, avec se méthodes dérivées du lycée, qui fait problème et non le contraire.

[Fr@n6]

» Autrement dit : intéressons-nous aux élèves sans problèmes, les autres n’ont qu’à se débrouiller tout seuls !

Vous déformez un petit peu le sens de l'article que je viens de lire en cliquant sur votre lien. Allègre bien au contraire à ce que vous prétendez, ne désire pas laisser sur la route les élèves en difficultés. Il n'a pas tord de constater qu'un pourcentage important d'élèves arrivent au collège avec des pb de compréhension d'un texte et qu'un examen se voulant de niveau pourrait peut-être aider à revoir et à comprendre le pourquoi de cette situation.

Bien @vous