Darcos, Pécresse et Brighelli
Donc, Brighelli vote Sarkozy. Ce n’est pas une surprise, dira-t-on, mais certains ont quand même besoin qu’on leur ouvre les yeux et débouche les narines. Sur son blog, à la date du 28/04, le chantre de l’école du passé écrit : « Nous avions une école qui marchait, nous l’avons détruite (...), c’est aujourd’hui de la droite (...) que peut venir, sinon le salut, du moins le répit nécessaire. » Le jour même, Brighelli a d’ailleurs téléphoné à Valérie Pécresse, porte-parole de l’UMP ; c’est lui qui l’affirme dans un commentaire daté du 29/04, ajoutant que cette dernière « se trouve être une amie, indépendamment des options politiques... » Faux-cul, en plus. Se rêve-t-il ministre ? « Il n’y a pas foule de prétendants au poste de ministre de l’Education nationale – écrit-il – Pécresse et Darcos sont parmi les rares qui aient vraiment la qualification nécessaire... » Pécresse, Darcos, Brighelli, trio partant pour la rue de Grenelle ? Les tartarinades de Brighelli, pourquoi donc y revenir, me dira-t-on ? Non pas par haine de Brighelli, comme on me l’a déjà prétendu mais tout simplement parce qu’il y a maintenant urgence à démasquer les imposteurs. On m’excusera de me citer mais le 10 septembre 2005, il y a plus d’un an et demi sur « Journal d’école » (Quand l’école de la république fait le lit de l’extrême-droite), je mettais en parallèle le discours des déclinologues et le projet éducatif du Front national : « L'école devra réhabiliter les notions d'effort, de mérite, de morale. Elle se fondera sur l'émulation et le mérite (...). Les contrôles en fin de cycle seront rétablis, entrée en 6e, fin de classe de 3e etc (...). Les programmes comporteront obligatoirement l'acquisition de la pratique de la lecture par la méthode syllabique...le niveau avant la 6e (sera) constaté par examen (...). Le collège unique sera supprimé (...) » Ces lignes sont tirées du programmme de Le Pen ; on les retrouve mots pour mots chez Brighelli et les ultra-conservateurs. Dans les deux cas, l’éducation se fonde sur « une conception de la discipline réduite à de simples exigences d’obéissance, l’élève à qui on refuse le statut de personne, l’enfant à faire rentrer dans un moule, une incapacité maladive à imaginer une forme d’intégration au groupe, de vie en société, qui s’épanouisse en dehors du cadre national, la morale ramenée à des leçons de morale, la nostalgie d’un prétendu âge d’or scolaire qui n’a en fait jamais existé, tout ceci se retrouve – écrivai-je - à des degrés divers » dans la mouvance réactionnaire ainsi qu’à l’extrême-droite...ou dans la droite extrême de Sarkozy. Car il faut vraiment s’aveugler pour ne pas voir que les obsessions développées depuis plusieurs années par Brighelli et ses amis et colportées par des médias complaisants – retour aux méthodes traditionnelles, fin du collège unique, rétablissement d’une sélection forcément sociale – ont été reprises par l’UMP et son chef (on se souvient des acclamations adressées à Le Bris au cours d’un congrès UMP l’an dernier) pour la présente campagne électorale. C’est intégralement leur projet pour les cinq ans à venir.
Nul ne refuse à Brighelli le droit de voter Sarkozy (de même que Robien a parfaitement le droit, comme il vient de le faire, de louer la « dignité » de Le Pen, en comparaison de Bayrou). Il faut simplement comprendre que Sarkozy n’est pas un candidat comme un autre : la brutalité du personnage et des conceptions qu’il incarne le place à l’extrême-droite de l’échiquier politique. Un individu qui fait peur à la moitié du pays n’a pas sa place à la tête de l’état. Brighelli, lui, souhaite son avènement, de même que tous ceux qui, depuis des années, sous couvert de défendre l’ « école de la république », se sont lancés dans une campagne de dénigrement à vrai dire effarante du système éducatif d’aujourd’hui, exaltant le retour au passé. « Quand l’école de la république fait le lit de l’extrême-droite », on y arrive effectivement. Brighelli et ses fidèles, par ambition personnelle, par convictions, montrent leur vrai visage, une sinistre tronche.
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