Un mot par jour : il suffisait d'y penser
On croyait en avoir fini avec l’époque Robien. Eh bien non. Robien, avant de partir, avait laissé Bentolila quelque part rue de Grenelle. L’ « éminent linguiste », comme dit la presse, vient de se rappeler à notre bon souvenir avec un plan pour la maternelle dont la mesure phare consiste à faire apprendre « un nouveau mot par jour » aux bambins. Lumineuse, cette idée, tout comme le b.a-ba ou l’analyse grammaticale et tellement facile à mettre en œuvre : il suffira d’une circulaire pour que, comme par miracle, les enfants se mettent à parler comme des académiciens. Dans le même esprit de cohérence uniformisatrice qui a toujours animé notre homme, on attend ensuite une circulaire préconisant une page par jour en primaire, un livre par jour en collège etc etc. Et puis, avec l’année 2008, le moment est tellement bien choisi : c’est une année bissextile ! Les enfants apprendront donc un mot de plus. Dans un même ordre d’idées, on croit savoir qu’Alain Decaux, l’ « éminent historien » (je ne parle pas de l’homme des sanisettes) a été chargé de préparer un plan pour l’enseignement de l’histoire, qui, comme chacun sait, tombe en quenouille. Il s’agirait de faire apprendre aux élèves de l’école primaire une date par jour, une date de l’histoire de France, évidemment, afin de raviver la flamme patriotique qui n’est plus ce qu’elle était. Ainsi, réciterait-on dans les écoles : 1412, naissance de Jeanne d’Arc ; 1413, premier anniversaire de Jeanne d’Arc...1431, Jeanne d’Arc attrape un coup de soleil en faisant son marché à Rouen etc. Si, après tout cela, la France ne rafle pas la première place chez Pisa, c’est à désespérer des traditions.