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Journal d'école
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19 décembre 2007

Un mot par jour : il suffisait d'y penser

On croyait en avoir fini avec l’époque Robien. Eh bien non. Robien, avant de partir, avait laissé Bentolila quelque part rue de Grenelle. L’ « éminent linguiste », comme dit la presse, vient de se rappeler à notre bon souvenir avec un plan pour la maternelle dont la mesure phare consiste à faire apprendre « un nouveau mot par jour » aux bambins. Lumineuse, cette idée, tout comme le b.a-ba ou l’analyse grammaticale et tellement facile à mettre en œuvre : il suffira d’une circulaire pour que, comme par miracle, les enfants se mettent à parler comme des académiciens. Dans le même esprit de cohérence uniformisatrice qui a toujours animé notre homme, on attend ensuite une circulaire préconisant une page par jour en primaire, un livre par jour en collège etc etc. Et puis, avec l’année 2008, le moment est tellement bien choisi : c’est une année bissextile ! Les enfants apprendront donc un mot de plus. Dans un même ordre d’idées, on croit savoir qu’Alain Decaux, l’ « éminent historien » (je ne parle pas de l’homme des sanisettes) a été chargé de préparer un plan pour l’enseignement de l’histoire, qui, comme chacun sait, tombe en quenouille. Il s’agirait de faire apprendre aux élèves de l’école primaire une date par jour, une date de l’histoire de France, évidemment, afin de raviver la flamme patriotique qui n’est plus ce qu’elle était. Ainsi, réciterait-on dans les écoles : 1412, naissance de Jeanne d’Arc ; 1413, premier anniversaire de Jeanne d’Arc...1431, Jeanne d’Arc attrape un coup de soleil en faisant son marché à Rouen etc. Si, après tout cela, la France ne rafle pas la première place chez Pisa, c’est à désespérer des traditions.     

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Commentaires
T
Encore un lieu commun, la morale dans l'EN !<br /> <br /> C'est évident puisqu'il n'y a pas d'éducation sans morale.<br /> <br /> Mais pour la morale comme pour le reste, il y a plusieurs écoles, plusieurs inspirations...<br /> <br /> Et justement quand elle est à deux balles, vous savez, celle qui vous agace, ben c'est celle de Bentolila.
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T
"Le rapport d'Alain Bentolila, que le Café s'est procuré et vous propose de lire, donne d'abord avec générosité les leçons de morale. Au risque de flirter parfois avec le mépris, "<br /> <br /> Il est vrai que sur ce blog en particulier et dans la galaxie pédago en général, les leçons de morale, le mépris, on connait pas. C'est sur.
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T
Comme je vous le disais, Bentolila ne m'inspire plus aucune confiance, juste retour de son propre mépris à l'égard des parents, des élèves et des enseignants :<br /> <br /> "Des enfants qui découvrent "les vertus du silence". Des femmes qui sont d'abord des mères ("Il convient d’insister encore sur l’absolue nécessité qu’une femme puisse conjuguer avec sérénité son travail et son rôle de mère. On ne peut pas condamner un enfant de deux ans à ne voir sa mère qu’une heure à peine par jour pendant la semaine ; on ne peut pas condamner une mère à laisser toute la journée son enfant"). Une école où l'on travaille ("L’école maternelle a souvent privilégié ce qui se voit, s’expose, s’affiche, au plus grand plaisir des parents et des élèves. Le « bien vivre » a parfois pris le pas sur le « bien apprendre »). Le rapport d'Alain Bentolila, que le Café s'est procuré et vous propose de lire, donne d'abord avec générosité les leçons de morale. Au risque de flirter parfois avec le mépris, par exemple quand il décrit ces parents : "On peut espérer, peut-être, que les parents, au lieu de n’avoir comme principal sujet de conversation la dernière exclusion de « La ferme des célébrités » ou de la Star Académy, pourront parler avec leurs enfants et entre eux de la beauté de certains poèmes ou de l’énigme de tel ou tel récit".
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V
Pauvre Léo, Bentolila a "mal tourné", il a rejoint les hérétiques et abandonné les "praticiens" prétentieux!
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M
"Les élèves n'aiment rien tant que le réciter-recopier-répéter parce que cela ne leur demande pas grand effort."<br /> Tiens? Intéressant... C'est l'argument qu'on ressort chez les "pédagos" en alternative au "le par coeur, ça ennuie les élèves et c'est leur faire violence". Curieusement (?), les deux arguments sont incompatibles... Alors, disons-le tout net: non, apprendre les choses par coeur, ce n'est pas "ludique", ça ne réjouit pas l'"apprenant" moyen. Simplement, une fois que c'est appris, c'est autant de travail en moins à éviter de répéter et répéter encore et toujours, ce qui est bien plus frustrant. C'est valable en langue(s) par exemple (c'est AHURISSANT de voir des élèves de terminale, voire des étudiants, devoir apprendre et ré-apprendre des listes de verbes forts, simplement parce qu'ils n'ont pas acquis l'habitude d'apprendre par coeur), mais aussi en histoire (bravo, les "pédagos" qui crient à la caricature dès qu'on les met en cause, et qui sont capables de caricaturer l'apprentissage de la chronologie comme Lubin avec les "très pauvres" heures de Jeane d'Arc). Voilà comment, en croyant les combattre, on simplifie ô combien la tâche des "héritiers". L'essentiel, il est vrai, reste d'avoir bonne conscience.
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