"Petit fait" de violence à l'école
A Perpignan, un lycéen en colère jette son cartable sur le proviseur. Réponse judiciaire : arrestation, comparution immédiate, 5 mois de prison dont 15 jours ferme. « Il faut protéger les enseignants », a cru bon ajouter, sans crainte du ridicule, le procureur. Aujourd’hui, le lycéen est en prison (le Post, 24/03/2009).
En Seine-et-Marne, un enseignant d’une école élémentaire a fait l’objet de huit plaintes pour violences sur ses élèves (le Parisien, 23/03/2009). Réponse judiciaire : un simple rappel à la loi. Pourtant, un petit élève de 6 ans, giflé violemment, est alors tombé sur le rebord de la table. Trois points de suture. « Parce qu’il parlait en classe », se justifie l’enseignant, une brute au profil de multirécidiviste : en 2005 déjà, un élève s’était ouvert les lèvres après avoir reçu un coup de pied aux fesses. Un autre a reçu des gifles et un coup de livre sur la tête. Pour l’enseignant, il s’agit « d’une méthode thérapeutique...pour recentrer les élèves sur leur travail ». Comme à son habitude, la hiérarchie fait semblant de ne rien voir, se contentant de muter l’instituteur, couvrant même, à demi-mots les brutalités : « faire la classe n’est pas simple », justifie un inspecteur adjoint. C’est vrai aussi, ce petit de 6 ans, qui a reçu trois points de suture, qu’avait-il besoin de parler en classe ? Bien sûr, les enseignants sont solidaires de leur collègue, « choqués » disent-ils, non par les violences endurées par les enfants mais par le rappel à la loi : « C’est un petit fait qui prend de trop grandes proportions...ce collègue n’est pas violent ».
Un prof qui tabasse ses élèves, c’est donc « un petit fait », excusable et jamais puni. Des jeunes pénétrant en groupe dans un établissement, c’est un délit passible de plusieurs mois de prison. Il faut donc protéger les enseignants de la violence des élèves mais pas de tout jeunes enfants de la brutalité des enseignants.
Une histoire qui illustre à nouveau le double discours de l’EN et de l’institution judiciaire face aux violences en milieu scolaire, sans excuses lorsqu’elles viennent des élèves mais légitimes lorsqu’elles sont le fait des adultes. Une curieuse illustration de « l’instruction morale et civique » que Darcos a rétablie cette année à l’école primaire.