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Journal d'école
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12 juillet 2010

Face aux déficits publics, le tabou des dépenses militaires

En pleine période d’austérité et de sacrifices demandés, paraît-il, à tous, le tir d’un missile samedi dernier en baie d’Audierne est là pour rappeler qu’en matière budgétaire, l’armée jouit en France d’une place privilégiée, dont on peut, par ailleurs, questionner la légitimité.

La crise grecque a permis de faire timidement émerger dans l’opinion le poids des dépenses militaires dans l’endettement public ; le salutaire coup de gueule de Daniel Cohn-Bendit au Parlement européen sur le budget militaire de la Grèce et les contrats d’armement passés avec la France n’a toutefois pas suffisamment mis en lumière cette spécificité française : la part exorbitante, bien supérieure à la moyenne européenne, prise par les dépenses militaires en France. Contrairement à une opinion largement répandue, fruit d’une très grande méconnaissance du sujet, la France est en matière d’armement le pays le plus dépensier d’Europe : en 2008, avec des dépenses militaires qui s’élèvent à 65,7 milliards de dollars, la France dépasse le Royaume Uni (65,3 milliards de dollars) et, de très loin, des pays comme l’Allemagne (46,8 milliards de dollars), l’Italie (40,6 milliards de dollars) ou encore l’Espagne (19,2 milliards). Rapportées au PIB, les dépenses militaires de la France sont presque deux fois plus élevées que celles de l’Allemagne (2,30 % contre 1,28%), de même que les dépenses militaires par habitant : 568 dollars pour chaque Allemand, contre 1059 dollars de ce côté-ci du Rhin. Comment s’explique cette différence, sinon par le poids, en France, d’un puissant lobby militaro-industriel prompt à capter de juteuses commandes publiques dont la justification nous échappe : la loi de programmation militaire a prévu pour la seule période 2009-2014, de consacrer pas moins de 185 milliards d’euros à l’armement. Années de crise, mais pas pour tout le monde.

Au niveau mondial, la France monte sur le podium – on a les succès qu’on peut… - au troisième rang derrière les intouchables Etats Unis (607 milliards de dollars) et la Chine (85 milliards de dollars). Si l’on ajoute à cela que la France est le deuxième ou troisième exportateur mondial d’armement, on est quand même bien loin du tableau apocalyptique d’un petit pays désarmé, s’offrant comme une victime expiatoire à toutes les menaces, préférant le confort facile de ses habitants à sa sécurité. La vérité est toute autre : par ses dépenses militaires exorbitantes, prises sur les besoins des populations civiles, la France entretient les tensions génératrices de guerre. Avec la fin de la guerre froide, contrairement, là encore, à une idée reçue, les dépenses mondiales et françaises d’armement n’ont jamais sérieusement baissé : après un léger tassement, elles sont reparties de plus belle : le dernier rapport du SIPRI montre, pour le monde une augmentation de 5,9% des dépenses par rapport à 2008 et de 49% par rapport à 2000. Dans le cas de la France, l’augmentation est de 6,9%.

Face au poids de la dette publique, d’éminents spécialistes, de savants économistes se répandent dans les médias, expliquant doctement qu’il n’y a pas d’autres solutions que de trancher dans les dépenses d’éducation, de santé, d’environnement, de construction. Les 1531 milliards de dollars consacrés en 2009 au secteur militaire ne semblent pas les interpeller outre mesure. Mais alors qu’Allemands et Britanniques se livrent à des coupes drastiques dans leurs dépenses militaires, on constate qu’au contraire, les choix du gouvernement français épargnent les armées, très marginalement affectées par la nécessité de réduire les déficits publics (Les Echos.fr¸02/07/2010). Les économies réalisées par l’Allemagne dans ce domaine vont d’ailleurs de pair avec un effort accru en matière de formation, politique à mettre en rapport avec le choix inverse de la France, qui consiste à tailler toujours plus dans les dépenses éducatives.

Les dépenses militaires, en France et dans le monde, parce qu’elles grèvent lourdement les investissements civils qui répondent aux besoins les plus élémentaires des habitants, mais aussi parce qu’elles sont un facteur de guerre, apparaissent comme un frein au développement. Dans le cas de la France et tout spécialement de ses responsables politiques, il s’agit là d’un tabou dont on ne semble pas près de sortir.

Les chiffres fournis ci-dessus proviennent essentiellement du SIPRI qui édite chaque année son SIPRI Yearbook qui fait autorité, ainsi que du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP).

[L’auteur n’est aucunement responsable de la pub imposée ci-dessous au lecteur par Canalblog]

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Commentaires
T
Un budget conséquent pour assurer notre défense. <br /> (aucune charge nucléaire à Audierne)<br /> Certes et pourquoi pas ?<br /> Que dire par contre du volume en euros des intérêts des capitaux ? Apparemment incalculable ... et bien sombre actuellement !<br /> Rien à voir.<br /> Théo
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R
http://ecosocietal.wordpress.com/2009/10/19/<br /> <br /> Un seul parti ose dénoncer ce scandale ! Non ce n'est ni Besancenot ni Mélanchon et c'est très très politiquement incorrect !
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