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11 avril 2020

Bas les masques, Mediapart !

Jusque- là il y avait ceux qui fantasmaient sur le voile, aujourd’hui, il y a ceux que le masque fait fantasmer. Un fantasme qui n'est pas plus neutre que le premier et qui fait plonger Mediapart dans le délire complotiste de l'extrême-droite.

Après une inénarrable enquête  (02/04/2020) qui prétendait dénoncer un « scandale d’état », c’est huit jours plus tard un « fiasco d’état » (en attendant le « crime d’état » prévu pour une prochaine livraison) qui fait l’objet de cinq longues pages, aussi fastidieuses et vides qu’il y a une semaine livrées au lecteur par quatre « journalistes » (un journaliste par page, donc…). Pour 11 euros par mois, l’abonné désabonné voit s’afficher sous ses yeux des « témoignages et documents confidentiels » qui, indiscutablement, confirment la volonté génocidaire de Macron. Pas moins.

Sauf, que, comme dans le papier du 02/04 (désolé mais on n’emploiera pas le terme d’enquête ni même d’article), ces révélations ne révèlent qu’on ne sache de longue date :

- à partir de 2013, une nouvelle gestion des stocks (qui n’a jamais été un secret d’état) a contribué à réduire les quantités immédiatement disponibles.

- quand la pandémie est apparue inéluctable (février-mars), les commandes passées se sont trouvées intervenir dans un contexte de forte demande mondiale.

Mais depuis le papier du 02/04, donc, la question du masque fait l’objet d’un singulier détournement. Si l’on ne reproche pas à un quarteron de journalistes son absence totale de compétence scientifique (compétence qui n’est pas non plus la mienne mais je ne suis pas payé pour ça), du moins pourrait-on lui demander un minimum de prudence (on ne parlera même pas d’honnêteté) et de ne pas se lancer inconsidérément dans une piteuse polémique inspirée bien davantage par le Café du commerce que par la volonté d’informer. Et en particulier de ne pas ignorer le point de vue très critique de l’OMS sur le masque :  « Il n’existe aucune preuve suggérant que le port du masque par la population entière soit bénéfique en quoi que ce soit. En fait, certains éléments tendent même à montrer le contraire, en raison du port incorrect de ceux-ci », a réaffirmé le 30 mars le docteur Michael Ryan, directeur exécutif du programme des situations d’urgences sanitaires de l’OMS.

De fait, si tous les pays occidentaux sont confrontés à une même situation de rupture de stocks, c’est aussi parce que le port généralisé du masque n’y a jamais été la norme, contrairement à certains pays d’Asie (et encore pas tous). Confirmation qu’on peut très bien être journaliste à Mediapart sans faire beaucoup d’efforts sur ses sources. Confirmation, surtout, que l’information du lecteur passe ici après d’autres préoccupations dont il conviendrait d’afficher la couleur. De fait, nos auteurs ne peuvent ignorer que, depuis l’apparition de la pandémie, la question du masque fait en France l’objet d’une récupération politicienne éhontée bien éloignée des préoccupations sanitaires, venant, tout particulièrement  de l’extrême-droite. Des élus locaux  qui avaient tenté d’imposer le port du masque à tous leurs administrés se sont faits sèchement rembarrer par la justice au nom de la défense des libertés individuelles. Comment, au nom d’une prétendue vérité sanitaire, faire plier toute une population devant les caprices de petits sherifs : voilà qui ne semble guère troubler Mediapart.  Au fil des jours, se sont multipliées les enquêtes dites « d’opinion » (on ne rit pas), les déclarations politiques enflammées, réduisant l’explication d’une pandémie mondiale unique en son genre à l’absence d’un bout de chiffon sur le nez des habitants… Une pitrerie amplement reprise et amplifiée dans la sphère complotiste à laquelle se rattache Mediapart qui, après s’être rangé du côté des gilets jaunes, jette aux orties ses valeurs fondatrices. En attendant de baisser complètement le masque : au moment où Mediapart mettait en ligne son triste travail de commando, Le Pen de son côté communiquait bruyamment sur le scandale des masques perdus. La convergence des luttes chère à Mediapart finira bien par aboutir un jour.

Je reprends la conclusion de ma note de blog du 02/04 :

Autrefois, en période d’épidémies, on brûlait quelques Juifs, quelques sorcières également ou réputées telles, on invoquait la providence divine et l’on se donnait bonne conscience à peu de frais. Aujourd’hui, si surprise il y a, c’est de retrouver sur le devant de la scène ces réflexes archaïques faits d’irrationnel et d’arrière-pensées. D’un mal, on tirera bien quelque bénéfice. Qu’importe qu’il y ait ici mort d’hommes ou souffrance des personnels, récupérées sans pudeur par des charognards de toute espèce.  L’essentiel étant de raccorder les faits avec ses croyances, avec ses petits calculs, avec ses médiocres ambitions personnelles… ou avec la doctrine du patron.

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