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Journal d'école
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1 décembre 2005

L'école en otage

Que le ministère de l’Education ait quitté la rue de Grenelle pour la place Beauvau n’est pas en soi une découverte ; depuis des mois, Sarkozy et sa police ont cannibalisé des pans entiers de la vie en société : l’intégration, c’est leur domaine exclusif, l’émigration de même, la famille – surtout celles où l’on parle le « patois » arabe – cela va de soi et, bien évidemment, l’éducation. Quoique Sarkozy soit d’une ignorance crasse dans ce domaine, cela ne l’empêche pas de pérorer à longueur de temps sur des sujets pour lesquels il n’a ni compétence ni légitimité. Sa dernière tirade sur « l’échec des ZEP » est à mettre au même niveau que ses sorties sur la racaille ou les quartiers à nettoyer au karcher : mensonges, affabulations, contre-vérités grossières, tout cela martelé avec une telle insolence qu’elles passent pour réalités chez le téléspectateur-électeur. Mais surtout, une prédisposition lourde, obstinée, sans doute caractérielle et bien inquiétante chez un ministre d’état qui vise les plus hautes responsabilités politiques, à injurier, insulter tous ceux qui n’entrent pas dans sa clientèle.

Sur ce terrain de la manipulation politicienne, Sarkozy est aujourd’hui rejoint par de Villepin et tous les deux ont pris l’école en otage. Car il ne s’agit plus pour eux d’affronter les défis réels de l’éducation, de réfléchir à l’école d’aujourd’hui et de demain, mais simplement de détourner ce thème pour la seule satisfaction de leurs ambitions politiques : l’école au service de la carrière personnelle du chef de gouvernement et de son ministre de l’Intérieur. Et comme il s’agit avant tout d’attirer à soi les électeurs d’extrême-droite, les dégâts en termes de politique éducative sont à la hauteur : amalgamer dans un même assemblage, rien que pour effrayer le chaland, les émeutes urbaines, l’échec scolaire, la délinquance, le terrorisme, l’apprentissage de la lecture, la polygamie, l’immigration, tout cela relève de la supercherie la plus éhontée. La loi Fillon, adoptée sur le caprice de la seule UMP, marquait déjà un retour en arrière du système éducatif susceptible d’attirer les suffrages de quelques fâcheux/fachos électeurs ; une loi, à peine appliquée depuis la rentrée et déjà mise au rencard par ceux-mêmes qui l’avaient votée. Les élèves à problèmes éjectés sans ménagements dès 14 ans ou poussés plus ou moins volontairement vers ces fameuses écoles dites de la « seconde chance », en réalité des casernes où les jeunes, encadrés par des sous-officiers à la retraite, partagent leur temps entre marcher au pas et les parties de badminton (voir sur ce sujet un inénarrable reportage dans Ouest France, 28/11/2005), la crispation sur les bonnes-vieilles-méthodes-qui-ont-fait-leurs-preuves-à-l'époque-du-certif, la Marseillaise pour les gamins de 7 ans en guise d’initiation civique, l’évocation nostalgique du bon temps des colonies, voilà comment on entame, en France, le 21e siècle.

Lorsqu’ils ont estimé que l’enflure et l’injure avaient dépassé les limites, les jeunes sont descendus dans les rues. Les profs et les milieux éducatifs devraient-ils, eux, rester bras croisés devant l’enflure et l’injure ou bien se contenter de protestations platoniques à peine répercutées par les médias ? Force est de constater que le pouvoir ne comprend aujourd’hui que le langage de la rue ; aveuglé par son clientélisme, il méprise et ignore le débat, le dialogue, la parole de l’autre, fondements de la démocratie. Face à une opposition politique inexistante, face à des médias sous la botte, la rue resterait-elle le seul moyen de faire bouger les choses ? Si c’était le cas, on signale que le ministère de l’Intérieur, c’est place Beauvau, l’Hôtel Matignon, c’est 57 rue de Varennes ; pour les permanences UMP, consulter les annuaires téléphoniques.

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Commentaires
B
Sauf qu'il n'y a rien à ajouter ;-)
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L
Merci à Mister K pour son observation.<br /> <br /> A vrai dire, jusqu'à présent, je n'ai toujours pas pris le temps de vérifier si ce blog pouvait ou non recevoir des photos. Je vais essayer d'y songer.<br /> <br /> C'est vrai que "Journal d'école" est un blog de textes bruts ou un blog brut de textes mais tant que ce n'est pas un blog de brutes.<br /> <br /> Il est vrai aussi que les visiteurs de ce blog, puisqu'ils existent, ont la possibilité de l'animer un peu, de lui donner un peu d'air, en intervenant directement dans les commentaires. Merci à eux.
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M
je viens de découvrir ton blog. ce que tu dis est très stimulant pour la reflection. quelques photos où images prises sur le net en plus pour illustrer ton propos pourront aérer ton blog et ainsi le rendre plus attractif visuellement. ;-)
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