Violence à l'école : des réactions inquiétantes
C’est une sinistre faune qui a investi Libé samedi soir dans les commentaires de l’article relatant l’incident qui s’est déroulé dans un collège du 13e arrondissement où une élève de Segpa a frappé la principale. Alors que tous les adultes interrogés par le journaliste mettent en cause le défaut d’encadrement, le recrutement ou la finalité des Segpa, la rubrique commentaire (pourtant censée être modérée !) a été prise d’assaut par une bande d’énergumènes haineux et surexcités.
Extraits :
Arwen : « Pour règler ce genre de problèmes, un camp disciplinaire géré par l’armée serait le bienvenu (...) »
Kanthas : « Seule l’armée pourra discipliner ces élèves emmerdeurs. »
Fabien : « En donnant une palme d’or à « Entre les murs », on a tristement banalisé la violence. »
Lili : « L’ensemble des dispositifs mis en place par l’Education nationale (aide personnalisée, classe spécialisée, rased, segpa, psy scolaire et autres commissions éducatives) représente beaucoup d’argent (...) c’est de la confiture à des conchons (sic) . »
Zoé : « (...) en revanche, un prof met une claque à un élève qui l’avait bien mérité et c’est le scandal (sic). »
Bernard : « Le système soutenu, voire prôné par ces pseudo-psycho-pedago-machins aficionados du doltoïsme, qui hantent les couloirs du ministère de l’EN et des rectorats montre là ces limites. »
Scouturier : « Autrefois, l’Education nationale s’appelait l’Instruction publique (...) Au moins, c’est clair. Les parents éduquent et les profs instruisent et non pas l’inverse. »
Bill : « Pourquoi est-ce qu’on n’autorise pas tout simplement les enseignants à cogner à la moindre incartade ? »
Lapinou : « Il n’a pas tort, Bill. Si certains gamins pouvaient s’en prendre une belle de temps en temps, cela les ferait réfléchir. »
Quelques-uns de ces commentaires ont été effacés du site de Libé.fr après être restés plusieurs heures en ligne ; j’ai moi-même signalé les plus brutaux au modérateur. On constate avec effarement, mais sans étonnement, que cette violence verbale, où se rencontrent dans une même dénonciation et presque dans les mêmes termes les traditionalistes contempteurs de la pédagogie et des brutes venues de l’extrême-droite, cette violence, donc, est en train de se banaliser et de gangréner encore un peu plus le débat éducatif. Cette dérive avait été encouragée, voire initiée l’hiver dernier, au moment de l’affaire de Berlaimont par des syndicats enseignants comme le Snes et le Snalc, avant d’être cautionnée par Fillon et Darcos. Chaque fait divers dont l’école est le théâtre se trouve ainsi instrumentalisé par des individus peu recommandables dont les appels à la violence, irresponsables et d’ailleurs à la limite de la légalité, ont légitimement de quoi inquiéter.