Histoire à l'école : détournement de mineur au Figaro
Avec la publication, dans son édition du 1er novembre, d’une nouvelle tribune sur l’histoire à l’école, confiée cette fois-ci à un « lycéen de 16 ans » (« représentant d’une jeunesse désenchantée » auto désigné), le Figaro se livre à un détournement de mineur, à moins que ce ne soit un canular. Ce qui me fait douter, ce n’est pas principalement que l’article soit illustré par un portrait supposé de l’auteur et non par sa photo, mais surtout que tout, dans la forme comme dans le fond, sente le copié-collé. En fait, on y retrouve presque mot pour mot tous les poncifs véhiculés sur le sujet par le Figaro ces dernières années. [Je n'ai pas le lien, lire le document en bas de ma note].
Florilège :
« Notre histoire subit une épuration scandaleuse et inacceptable (…). L’hécatombe est immense. Louis XIV, Clovis, Louis IX, François Ier, Jeanne D’arc, Charles Martel, Richelieu, voient leurs têtes tomber sous le couperet de la sacro-sainte pensée unique (…). Tandis qu’on s’étend sur les royaumes africains, on oublie le Moyen Age et le génocide vendéen ». Faut-il croire que notre lycéen, par ailleurs présenté comme un « passionné d’histoire », se serait endormi pendant les cours au point de ne rien retenir du Moyen Age, de François Ier, de Louis XIV ou des guerres de Vendée, pourtant au programme ?
Quel triste sort, également, réservé dans les programmes à Napoléon, qui remporta « presque toutes ses batailles »… à l’exception de Trafalgar, de Waterloo, de Leipzig, de la guerre d’Espagne, de la campagne de Russie et de quelques autres.
« On en oublie les grandes batailles et les armées. Pour la première guerre, on évoque succinctement Verdun. Les maréchaux passent à la trappe, ainsi que la Marne, la Somme et le Chemin des Dames. Quant à la seconde guerre, hormis Stalingrad, adieu la Blitzkrieg, la bataille de Moscou, El Alamein… » Etc. Les lycéens d’aujourd’hui – et c’est tant mieux – n’ont jamais connu la guerre. Du moins pour les jeunes Français et leurs proches voisins. Car pour ceux qui l’ont vécue ou la vivent toujours au quotidien la passion guerrière est peut-être moins évidente.
« Dans un pays en pleine crise identitaire, il est criminel de couper un peuple de son histoire », poursuit Jean Sévillia, le lycéen de 16 ans. « Cessons de vilipender notre histoire, ne rouvrons pas les vieilles blessures - écrit encore Dimitri Casali le lycéen - il faut raconter notre histoire avec fierté et amour ».
« Quand l’historien doit penser, l’élève, lui, doit connaître. Grosse différence ». Là, c’est vraiment le passage qui sent le plus la supercherie éditoriale. Parce que, quand même, un lycéen – même repéré par le Figaro – qui revendique le droit de ne pas penser, est-ce possible ?
B. Girard