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Journal d'école
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1 juin 2015

L'histoire "dans l'ordre chronologique" : les non-dits d'un débat biaisé

«Il faut rétablir la chronologie » : au refrain obligé qui accompagne immanquablement la préparation des nouveaux programmes d’histoire, la ministre de l’Education nationale se croit  à son tour dans l’obligation de répondre : « Nous avons rétabli la chronologie ». Derrière ces deux affirmations, beaucoup de non-dits, d’arrière-pensées et surtout une imprécision langagière qui biaise le débat : mais de quelle chronologie parle-t-on au juste ?

Car aussi loin qu’on regarde en arrière, au collège comme en primaire, l’enseignement de l’histoire en France s’est toujours fait dans l’ordre chronologique, du plus ancien au plus récent. Ainsi aujourd’hui, les programmes de collège (2008) font se succéder suivant les niveaux : l’Antiquité (en classe de 6e), une période allant du VIIe au XVIIe siècles (en 5e), les XVIIIe et XIXe siècles (en 4e), avant de terminer par le XXe siècle en 3e. Le projet de programme prévu pour 2016 ne change pratiquement rien à ce découpage, sinon sur des détails. Chronologie, donc, sur toute la ligne, à l’ exception d’une peu durable tentative, à la fin des années 70 (sous l’influence de René Haby, ministre de l’Education nationale) pour orienter timidement l’enseignement vers une approche thématique (par exemple, les transports ou encore l’agriculture à travers les âges). Une expérimentation abattue en plein vol, avant même qu’elle ait pu être évaluée – suite à une campagne médiatique initiée par quelques (pseudo)intellectuels et politiciens bien en vue (A. Decaux, J.-P. Chevènement) et mise en scène par Le Figaro. Bref, à plus de trente ans de distance, les mêmes ingrédients qu’aujourd’hui.

En réalité, si les références angoissées à la chronologie sont aussi récurrentes, c’est qu’elles visent bien autre chose qu’une simple discipline scolaire. Dès lors que l’histoire s’écrit à partir de faits datés, repérables dans le temps, la question n’est pas de savoir si son enseignement doit se faire dans un ordre chronologique ou non mais de dire quels faits, précisément, doivent être privilégiés et au détriment de quels autres. Pour reprendre le cas de l’histoire de l’agriculture, au programme du collège pendant quelques années, elle faisait l’objet d’une étude chronologique, du néolithique jusqu’à nos jours, comme c’est le cas pour les autres champs de l’histoire qui, chacun à leur manière, s’appuient sur leur propre chronologie. A titre d’illustration, on peut s’arrêter sur la très stimulante frise chronologique conçue par la Cité de l’Economie et de la Monnaie, en partenariat avec l’INA : « 10 000 ans d’économie, 200 dates qui ont marqué l’histoire de l’économie ». Histoire des hommes, également, pourrait-on préciser, au regard de l’importance, dans l’évolution de l’humanité, de faits comme l’apparition de l’agriculture, l’invention de la roue, les premières traversées océaniques ou l’invention de la machine vapeur – pour ne citer que quelques exemples. Le découpage périodique adopté pour la circonstance bouleverse le cadre traditionnel (Antiquité, Moyen Age, époque moderne, époque contemporaine), en bonne partie obsolète, européocentré,  au profit d’une chronologie – car c’en est une – renouvelée et mondialisée (Aux origines, 8500 à 560 avant J.-C. ; Antiquité et Moyen Age, 520 avant J.-C. à 1474 ; Grandes découvertes, 1474 – 1740 ; Révolution industrielle : 1740 – 1945 ; Monde contemporain, depuis 1945).

Dans une même optique, mais pour un seul pays, « les Grandes dates de l’histoire économique et sociale de la France », publié par la revue Alternatives économiques s’articule sur les mutations profondes de la société française au cours des mille dernières années.  Là encore, il s’agit d’une véritable chronologie, avec ses crises (la Grande Peste, 1347 -1352), ses temps longs (le temps du mercantilisme, 1500 – 1789), ses personnages emblématiques (Jacques Cœur, 1395 -1456), ses grandes avancées sociales (interdiction du travail des enfants, sécurité sociale) etc. Chaque domaine de l’histoire déroule ainsi, avec son objet d’études, ses propres échelles de temps et d’espace : histoire des religions, histoire de la peinture, de la musique, de l’éducation, de la médecine, etc. Quand Robert Delort s’intéresse à l’histoire des animaux (« Les animaux ont une histoire », 1984, Le Seuil), c’est bien sûr pour mettre en évidence sa relation, son imbrication avec l’histoire des hommes dans un cadre chronologique donné. Il explique : « Quelle que soit l’importance de l’homme dans cet ouvrage écrit par un homme pour d’autres hommes, à partir de témoignages souvent humains ou étudiés suivant des techniques élaborées par l’homme, puisse-t-il rappeler ou montrer que l’histoire, science de l’espace dans le temps, ne concerne pas les seuls hommes mais aussi tous les autres phénomènes évolutifs de la nature et de la vie, et en particulier nos pères, nos frères, nos enfants, nos dieux, nos maîtres, nos esclaves : les animaux. » Pas les seuls hommes ? A plus forte raison pas les seuls princes ni les seuls chefs militaires.

Bref, si toute histoire s’insère dans une suite bien définie d’événements, que peut alors signifier cette polémique, bruyante et répétitive, sur la nécessité d’enseigner l’histoire « dans l’ordre chronologique », comme s’il s’agissait d’une tradition perdue ?

En fait, ce qui est en jeu derrière cette revendication, c’est la place plus ou moins importante consacrée à l’histoire nationale - et plus précisément politique - seule considérée comme digne de chronologie, une histoire balisée par des dates, des personnages, censés par eux seuls donner un sens à l’histoire. En réalité, une histoire singulièrement limitée dans le temps et dans l’espace mais qui n’a jamais disparu des prescriptions scolaires. Les programmes de l’école élémentaire (2008) sont toujours organisés autour d’une galerie de portraits largement dominée par les figures plus ou moins légendaires (Vercingétorix, Clovis, Jeanne d’Arc etc) de princes, de rois, de chefs de guerre, de dirigeants, dont la succession suffit à elle seule à bâtir « la » chronologie, en fait « une » chronologie, celle des régimes politiques d’un pays à un moment choisi. Ce choix singulièrement réducteur se retrouve peut-être même aggravé par le nouveau projet de programme du cycle 3, structuré autour du « temps des rois », du «  temps de la république », un peu comme si toute l’activité humaine, jusqu’au 19e siècle, n’avait trouvé à s’exprimer qu’à travers la construction des institutions politiques.

Et si, en collège, l’enseignement de l’histoire a pu, au fil des décennies, s’ouvrir davantage au monde et à des problématiques historiques plus larges, il n’en demeure pas moins que les approches purement politiques et même étroitement institutionnelles dominent toujours largement les programmes, au détriment, entre autres, de l’histoire sociale, notoirement négligée, ce que confirme la liste des « repères historiques » dont la connaissance est exigée en fin de collège : sur 43 dates, 35 relèvent de l’histoire politique, très majoritairement nationale.

Il faudrait donc « rétablir la chronologie », alors que celle-ci n’a jamais cessé de constituer la trame des programmes scolaires ? Le matraquage de la formule dans le débat public cache mal son ambigüité. Si l’on veut bien convenir que le choix des dates et des faits retenus dans les programmes n’est pas neutre, il est alors tout à fait légitime de se demander à quelles préoccupations il obéit. Les thuriféraires de la chronologie perdue – ils n’en font pas mystère – font de l’histoire enseignée, celle du « roman national »,  le support privilégié d’une morale patriotique, d’une identité collective très artificielle et jamais définie, fondée sur la sujétion des individus à un régime politique paré de toutes les vertus malgré ses tares évidentes. Ici, une chronologie étroitement sélective, loin de la rigueur scientifique qu’elle affiche, fait plutôt obstacle à la connaissance historique, à la compréhension du passé par les élèves.

 

B. Girard

voir aussi sur Rue89

 

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Commentaires
E
la limite entre la laïcité non sincère, qui sert de paravent à la stigmatisation ou au racisme, qui existe et que vous dénoncez à juste titre, et la laïcité républicaine et légitime, que vous semblez rejeter avec la première, est pourtant assez évidente: dans un État de droit comme le nôtre ses contours sont fixés par les lois et règlements. Et en cas de difficultés d'interprétation la justice tranche.<br /> <br /> <br /> <br /> Si on commet des infractions à la loi, des abus de pouvoir au nom de la laïcité, on a tort, et on doit en répondre devant un tribunal. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais quand d'un autre côté on transgresse la législation laïque, on commet une infraction - bien souvent , une provocation - et il faut s'attendre à devoir en assumer la responsabilité. <br /> <br /> <br /> <br /> Se réfugier alors dans la victimisation, crier au racisme ou à la stigmatisation alors même qu'on a sciemment enfreint une règle sociale juridiquement consacrée, est indigne.<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant le poids du lobby catholique, tout républicain laïque sincère ne pourra qu'être d'accord avec vous, et constater qu'il reste excessif, et que ses actions sont souvent contraires à l'intérêt general. Mais il n'en tirera pas la conclusion qu'il faut pour autant baisser les bras et permettre à l'islam de conquérir l'espace public.<br /> <br /> <br /> <br /> La conclusion républicaine est qu'il faut être et rester vigilant et intransigeant vis-à-vis de toutes les religions si elles ne respectent pas l'esprit ou la lettre de la législation laïque.<br /> <br /> <br /> <br /> On s'est en apparence éloignés du sujet initial de votre blog, mais pas tant que ça. La finalité centrale et les nécessaires modalités de l'enseignement de l'histoire ne sont à mon sens jamais loin, au contraire, quand on traite de la République, de sa laïcité constitutive, de l'Etat de droit, qui sont des constructions historiques imparfaites, oui, mais également précieuses et fragiles. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Elles sont le patrimoine institutionnel commun de ceux qui fréquentent nos classes, les citoyens de demain, et il est primordial qu'ils en saisissent toute la portée au travers de notre enseignement.<br /> <br /> Et j'ai beau chercher de meilleures institutions ailleurs c'est en vain - j'attends toujours vos lumières sur ce sujet précis. <br /> <br /> Cordialement.
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B
Fort bien mais quel rapport entre les références qui vous avancez-là et l’enseignement de l’histoire, objet de ma note de blog ? <br /> <br /> <br /> <br /> Si l’histoire a un sens, c’est bien dans la critique et la mise en perspective qu’elle le trouve. Comme par exemple : si, en 1958, 82 % des électeurs (et non des Français) ont approuvé la constitution est-ce une raison pour oublier que l’initiateur de cette constitution était arrivé au pouvoir quelques semaines plus tôt dans les bagages des parachutistes ? Une procédure par spécialement démocratique. Pas spécialement démocratique non plus la désignation d’un chef d’état à choisir sur une liste préalablement établie par ni vous ni moi. Et que dire de ces domaines régaliens qui maintiennent hors de tout débat quantité de sujets pourtant essentiels : par exemple, qui a été consulté en France, sur l’arme atomique et la pouvoir donné à un seul homme de détruire toute la planète ? Personne. <br /> <br /> <br /> <br /> C’est bien le rôle de l’histoire de montrer à quel point les institutions politiques (état, nation etc) sont le résultat d’un contexte donné et qu’à ce titre, elles peuvent être remises en question. Une croyance non discutée s’appelle une religion et c’est bien cette confusion qui fait problème. Le « roman national » est une liturgie, ses modalités d’élaboration sont bien connues mais ce n’est pas de l’histoire. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de la laïcité, sa définition est inscrite dans la loi de 1905 qui interdit à l’état de s’immiscer dans la religion et garantit en même temps la liberté de conscience. Si, aujourd’hui, au nom de la laïcité, on en vient à vérifier la longueur de robe que portent les filles dans les écoles, à en exclure d’autres qui portent un foulard, à refuser à des mères de famille le droit d’accompagner les voyages scolaires, à imposer un menu unique dans les cantines scolaires, c’est une perversion de la laïcité. A contrario, ces dernières années, ont vu l’Eglise catholique peser de tout son poids sur quantité de sujets de société : c’est devant elle que la république laïque a capitulé, en retirant par exemple, le projet de loi Bertinotti sur la famille, en refusant de légiférer sur la fin de vie etc. Or la laïcité et la république, ne sont intraitables que lorsque l’islam est en cause. Et derrière l’islam, le Maghreb, l’Afrique et toute l’immigration. Que la laïcité soit aujourd’hui le principal vecteur du racisme n’est pas niable. Il ne s’agit plus de vivre ensemble, il s’agit de stigmatiser.
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E
A mon tour de vous remercier pour votre réponse, même si vous pensez voir dans mes propos de la confusion notionnelle - mais on peut le récuser, et même vous renvoyer le compliment.<br /> <br /> <br /> <br /> Tout tourne autour de l'idée que vous vous faites de la notion de citoyenneté, que je mélangerais d'après vous à tort avec la République. <br /> <br /> <br /> <br /> Or la notion de citoyenneté est définie par la République elle-même, sur son portail officiel www.vie-publique.fr : <br /> <br /> <br /> <br /> La citoyenneté, c'est le "lien social établi entre une personne et l’État qui la rend apte à exercer l’ensemble des droits politiques attachés à cette qualité (...) Juridiquement, un citoyen français jouit de droits civils et politiques et s’acquitte d’obligations envers la société".<br /> <br /> <br /> <br /> L’État étant en France une République, qui se trouve être un État de droit, la citoyenneté y est donc indissociable de la République. La République garantit les droits civils et politiques des citoyens, les citoyens font la République en exerçant leurs droits.<br /> <br /> <br /> <br /> Certes la République est une construction historique, de même que l’État en général, mais ici et maintenant, et jusqu'à nouvel ordre, c'est le régime politique que la nation a choisi pour permettre l'exercice démocratique de sa souveraineté, par le biais du suffrage universel. La constitution de 1958 a été approuvée par référendum avec 82,6 % de "oui".<br /> <br /> <br /> <br /> Que cette République ait été et qu'elle demeure imparfaite personne n'en doute, qu'il faille travailler à l'améliorer est un objectif qu'on ne peut que partager, et des améliorations notables ont déjà été apportées depuis 1958. Que l'application des principes affirmés par la constitution et contenus dans la DDHC pourrait être plus complète, c'est vrai. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais que cette République ne soit pas un État de droit, une démocratie plus accomplie que la plupart des régimes politiques que l'histoire politique et institutionnelle permet de situer chronologiquement et d'étudier de façon analytique, pas d'accord avec vous. Serait-ce d'ailleurs la raison de fond pour laquelle vous désapprouvez l'étude scolaire approfondie des régimes politiques, reposant sur des repères chronologiques ?<br /> <br /> <br /> <br /> En effet cette étude permet d'établir que la République telle que nous la connaissons, malgré toutes ses "tares", est objectivement plus efficace dans la protection des droits naturels des individus, civils et politiques, que la monarchie absolue de droit divin, que les bonapartismes et les fascismes ultranationalistes, que les régimes communistes à parti unique, que les théocraties et autres califats, et j'en oublie.<br /> <br /> <br /> <br /> Pire que d'autres régimes, la République, dites-vous ? Mais alors lesquels ? Je ne les connais pas. <br /> <br /> <br /> <br /> Enfin, la laïcité serait pour vous un élément constitutif du racisme. <br /> <br /> <br /> <br /> La laïcité, toujours selon la définition qu'en donne notre République sur son portail, c'est le "principe qui établit, sur le fondement d’une séparation rigoureuse entre l’ordre des affaires publiques et le domaine des activités à caractère privé, la neutralité absolue de l’État en matière religieuse". <br /> <br /> <br /> <br /> Je ne vois pas de rapport entre la défense de ce principe qui depuis plus d'un siècle est un des piliers principaux de notre contrat social et politique, avec les notions de race et de racisme. <br /> <br /> Pour en faire un il faut se livrer à un amalgame intellectuel poussé et assez malhonnête, qui consiste à frapper d'anathème tout défenseur de la laïcité, sous prétexte que ceux qui n'acceptent pas ce principe formeraient non pas une race, bien entendu, mais du moins un groupe humain distinct, qui serait victime de ségrégation à cause de la laïcité. c'est ce que vous entendez par racisme, j'imagine. <br /> <br /> <br /> <br /> Or la laïcité s'applique à tous et non à un groupe en particulier, même si historiquement elle a été conçue pour émanciper la République et ses citoyens de l'emprise du catholicisme. <br /> <br /> <br /> <br /> Son principe est de protéger le vivre ensemble dans l'espace public de la menace qu'y représenterait la religion. Que ceux qui ne respectent pas la législation laïque se mettent hors la loi, et hors de la société, c'est de leur responsabilité personnelle ou collective s'ils s'agit de groupes, et pas l'inverse : ce n'est pas la laïcité qui est constitutive de racisme, c'est le refus d'appliquer les règles communes qui crée de la réprobation sociale.
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B
Merci pour votre contribution, même si je ne partage absolument pas votre point de vue.<br /> <br /> <br /> <br /> En réalité, votre analyse confond deux notions : citoyenneté et nationalité qui ne se recoupent pas. Si l’on conçoit bien ce que peut être l’identité individuelle (et encore...), la notion d’identité collective est au contraire tout à fait arbitraire, surtout lorsqu’elle prétend faire naître un sentiment commun chez des dizaines de millions d’individus dont la seule caractéristique est d’appartenir au même côté d’un pointillé sur une carte. J’avoue avoir beaucoup cherché et je n’ai nulle part trouvé de la nation une définition qui tienne d’autre chose que du fantasme ou d’une croyance religieuse. S’il s’agit d’un sentiment de solidarité, pourquoi devrait-il être commun aux 65 millions d’habitants de ce pays à l’exclusion des autres ? Et comment diable a-t-on vécu sur Terre pendant des millénaires alors que la nation ne compte guère plus que deux siècles d’âge ? Il s’agit ici d’une notion d’échelle : la famille, les proches, la classe, le quartier sont des éléments d’un collectif, tout comme l’humanité. Si vous avez parfaitement le droit de vous « sentir français », acceptez également qu’on ne se sente aucune affinité avec cette notion.<br /> <br /> <br /> <br /> La seconde confusion est celle qui vous amène à mélanger citoyenneté et république. La république est un régime historiquement daté qui n’est ni meilleur que quelques-uns et sûrement pire que d’autres. Contrairement à ce que vous affirmez, elle n’est ni démocratique (affligeante 5e république) ni sociale (6 millions de chômeurs, des inégalités qui n’en finissent pas de se creuser) ; que penser d’un régime qui fut l’un des derniers en Europe à accorder le droit de vote aux femmes et persiste aujourd’hui à le refuser aux travailleurs immigrés ? Et puisque vous citez la Déclaration des droits de 1789, il n’est pas difficile de montrer que la république actuelle en est la négation.<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à la laïcité, on est finit pas aujourd’hui de constater les dégâts que sa version française peut provoquer dans la société, au point qu’elle est devenue un élément constitutif du racisme. <br /> <br /> <br /> <br /> « Civique », l’enseignement de l’histoire ? Mais à quelle citoyenneté se réfère-t-on ?
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E
Cher collègue, après lecture de votre point de vue, je suis en désaccord avec votre analyse et vos conclusions.<br /> <br /> <br /> <br /> Le savoir pour le savoir est certes une belle chose. L'histoire pour la simple connaissance historique, fut-elle celle des animaux, a toute sa dignité et trouvera sa place dans les esprits curieux et soucieux de comprendre le passé dans toute sa complexité. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais si la République consacre avec constance autant de ses ressources en moyens financiers et humains à un enseignement de l'histoire structurellement chronologique, et avant tout politique et institutionnel, c'est parce que la finalité de cet enseignement est d'abord civique.<br /> <br /> <br /> <br /> Et il ne s'agit pas d'une ambiguïté, de non-dit, ou de non-écrit. Qui en douterait pourrait s'en convaincre à la lecture des Bulletins officiels de la République, contenant programmes et compléments de programme d'histoire successifs depuis des lustres. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais peut-être est-il devenu nécessaire de le réaffirmer encore plus nettement.<br /> <br /> <br /> <br /> L'identité collective des Français n'est pas "mal définie", elle est au contraire définie avec précision, par la constitution de 1958, qui perpétue entre autre la DDHC de 1789. Son essence réside dans la connaissance, le respect et l'appropriation par les citoyens des valeurs républicaines.<br /> <br /> <br /> <br /> Et les valeurs de notre République, indivisible, laïque, démocratique et sociale, n'assujettissent pas les individus : mises en application, bien au contraire, elles les émancipent des archaïsmes qui limitent leur libre arbitre, et les protègent des replis communautaires, qui sont pour moi les "tares évidentes" dans l'horizon qui nous entoure.<br /> <br /> <br /> <br /> Cordialement, E. Leroi - professeur d'HG
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