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Journal d'école
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3 septembre 2006

Belles paroles, moches politiques

Et dire qu’il va falloir passer toute une année avec eux, ces politiciens de tous bords, qui, unanimes, ont choisi de mettre le débat éducatif au service de leurs minables ambitions électoralistes. Le jour où Bayrou affirmait vouloir faire de l’école « une priorité absolue » (Libération, 04/09/2006), Royal reprenait son cheval de bataille sur la nécessaire « révolution scolaire ». Mais lorsque l’on cherche à savoir quelle politique éducative ils appellent de leur vœu, ces bavards n’ont plus rien à dire ou n’importe quoi. Si, quand même, Bayrou a une idée : mettre toute la jeunesse en uniforme. Notons au passage qu’avec le retour du STO, cela nous ramènera sans doute à une bien belle époque, celle des années 40, que nos politiciens semblent avec un bel ensemble, avoir choisie comme référence éducative. Royal, elle, lorsqu’on lui demande en quoi consisterait sa « révolution scolaire » n’a rien d’autre à proposer que « rétablir l’ordre juste à l’école » (Le Monde, 03/09/2006). Depuis son discours de mère fouettarde du printemps dernier, de ses délires sur les petits durs à enfermer en internat ou en caserne, on ne lui a jamais entendu exprimer d’autres idées.

Voilà où en est le débat éducatif aujourd’hui, enfin vu au niveau des politiques. On attend toujours que ces gens-là, qui prétendent mener la politique d’un pays pendant cinq ans, lui donner une impulsion nouvelle, s’expriment sur les véritables problèmes, ceux qui conditionnent réellement l’éducation et l’avenir des jeunes et qui s’appellent : quelles connaissances, quelles compétences acquérir, autrement dit, comment faire bouger les programmes scolaires ? Comment renouveler les méthodes pédagogiques dont on sait qu’elles ne permettent pas aux élèves des milieux modestes de réussir ? Sur quelles bases refonder la formation des enseignants dont l’obsolescence n’est plus à démontrer ? Comment faire plier les nombreux lobbies qui font obstacle à une réforme en profondeur de rythmes scolaires qui privilégient les intérêts des adultes plutôt que celui des élèves ? Sur tout cela, nos politiciens sont muets, fuyants, ignorants à vrai dire, préférant détourner l’attention de la galerie sur le string des lycéennes ou le policier à l’école. Parce que cela peut rapporter gros en bulletins de vote. Et tant pis si, à terme, ces propos d’estrade ne peuvent conduire l’école qu’à la catastrophe.

Alors, à la veille d’une rentrée scolaire où l’on est déjà écœuré par ce climat délétère, voulu et entretenu par d’irresponsables politiques, on balance entre amertume et colère, peut-être découragement aussi. Demain, je découvrirai mes nouveaux élèves, les petits sixièmes comme on dit, qui passeront au collège quatre années de leur vie. Les plus anciens également, déjà presque des adultes. Et je me dis qu’il n’est pas possible de laisser ces jeunes pris en otage par une classe politique, par des médias, qui n’ont à vrai dire aucun souci de l’éducation mais pour qui comptent uniquement les petits profits personnels. Les enseignants acceptent beaucoup de choses de l’autorité, trop de choses. Habitués à obéir à une lourde hiérarchie, à exiger de leur côté l’obéissance des élèves, ils ne se rendent sans doute pas compte – du moins pour beaucoup d’entre eux – que leur compromission permanente avec l’autorité risque de mener l’école à sa perte. On pressent que cette année sera dure mais ce n’est pas à cause des élèves avec qui on cherchera à faire de son mieux, à faire ce que l’on croit surtout, même en tâtonnant, même en se trompant. Parce qu’effectivement dans l’éducation, comme dans la vie, il arrive qu’on tâtonne, il arrive qu’on se trompe. Les évidences, les solutions toutes faites, le gros bons sens, ça n’existe que dans les discours politiques. En cette veille de rentrée, si l’on a qu’une prière à adresser aux politiciens, c’est celle-là : « Messieurs, mesdames, bouclez-la ! »

[Sur ce sujet, on peut relire 2 articles de Journal d’école : « Parlons toujours de l’école, ça évitera de parler de l’enseignement » (25/08/2006) ; « Choisir entre l’école et sa carrière politique » (05/06/2006)]

http://journaldecole.canalblog.com/archives/2006/08/25/2533354.html

http://journaldecole.canalblog.com/archives/2006/06/05/2026200.html

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Commentaires
L
Entièrement d'accord. Dites-moi simplement comment vous contacter.
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D
Bonjour,<br /> seriez-vous d'accord pour répondre à quelques questions? j'écris un artcile sur les blogs des enseignants<br /> bien cordialement<br /> d.de greef
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