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Journal d'école
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1 mai 2011

Nice et ses écoles : la fuite en avant sécuritaire

La ville de Nice et le département des Alpes-Maritimes, sous la conduite de leurs très sécuritaires élus, Estrosi, député-maire et Ciotti, président du Conseil général, signent le 2 mai une convention de partenariat, qui, si elle est appliquée, attribuera à une municipalité des responsabilités en matière scolaire qui relèvent normalement des départements.

Il faut savoir que ce département offre le singulier exemple d’avoir équipé la quasi-totalité de ses collèges (69 sur 72) de systèmes de vidéosurveillance : 425 caméras installées à l’intérieur ou à proximité des collèges, cela n’est manifestement pas suffisant pour un président de Conseil général aveuglé par une conception policière de l’éducation au point d’être l’instigateur de la loi privant d’allocations familiales les parents d’élèves absentéistes . Dans un même ordre d’idées, il a suggéré dans une proposition de loi qu’on sanctionne par la prison ou de lourdes amendes les parents de jeunes poursuivis par la justice.

Jamais à court d’idée lorsqu’il s’agit de surveiller et punir, les deux élus ont donc conclu un partenariat qui permettra – selon les termes de l’accord – « d'assurer la continuité du traitement des images recueillies par les caméras en périphérie des collèges niçois en dehors des horaires de fonctionnement des établissements scolaires » (site du Conseil général), une mission qui sera désormais assurée par le Centre de Supervision Urbain (CSU) de la ville de Nice, un centre qui fonctionne avec des opérateurs surveillant les images 24h/24.

En transférant à la ville de Nice des compétences qui ne sont pas de son ressort, Ciotti se lance mine de rien dans une innovation visant, à terme, à concéder des pouvoirs de police sur les établissements scolaires à un maire dont la tendance à jouer les shérifs, avec pas moins de 350 policiers municipaux à sa dévotion, n’est déjà que trop marquée (Le Point, 31/05/2010).

Avec cette initiative, le président du Conseil général persiste dans la fuite en avant sécuritaire qui lui tient lieu de pensée politique, malgré les doutes émis par les chercheurs (Laurent Mucchielli sur Mediapart) et un certain nombre d’élus sur l’efficacité et le coût de la vidéosurveillance. Dans un département où tous les collèges sont équipés de caméras, comment justifier la nécessité de renforcer la vidéosurveillance autrement que par un effet d’annonce escompté auprès d’un électorat majoritairement âgé et aisé, qui ne connaît le plus souvent de l’école que l’image cauchemardesque véhiculée par les médias ? C’est d’ailleurs dans cette optique que Ciotti a fait acquérir à destination des établissements scolaires un coûteux système de détection… qui reste à rouiller dans les placards du Conseil général, aucune école n’en ayant fait la demande. Il est vrai que les Alpes-Maritimes sont un des départements les plus riches de France.

Mais pendant que les autorités locales dilapident l’argent du contribuable, les restrictions budgétaires touchent l’école toujours davantage : à la rentrée prochaine, dans les Alpes-Maritimes, les élèves seront certes vidéo surveillés  - trente nouvelles caméras sont prévues - dans le même temps où seront supprimés 54 postes en primaire et 100 emplois dans le secondaire. Entre éducation et surveillance, Ciotti et Estrosi ont fait leur choix.

 

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