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Journal d'école
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29 novembre 2012

Histoire à l'école, homosexualité, terrorisme : le danger est partout

Dans son analyse des problèmes sociétaux – s’agit-il vraiment d’analyses ? -  et sa vision de l’école, la Droite populaire n’a jamais brillé par sa finesse mais avec le morceau de bravoure de l’un des siens, Nicolas Dhuicq, elle vient de repousser encore plus loin les limites du discours politique. Après avoir longuement réfléchi, ce député UMP de l’Aube, psychiatre de profession, intervenant le 27 novembre à l’Assemblée nationale, croit avoir découvert les causes du terrorisme : l’homosexualité et l’enseignement de l’histoire à l’école.

Démonstration : « Souvent, affirme Nicolas Dhuicq,  le terroriste a un défaut : il n'a jamais rencontré l'autorité paternelle le plus souvent, il n'a jamais eu de rapport avec les limites et avec le cadre parental, il n'a jamais eu cette possibilité de savoir ce qui est faisable ou non faisable, ce qui est bien ou mal ». Et notre homme de se lancer dans une tirade affolée contre le mariage pour tous, en réalité « unprojet de loi qui va jusqu'à rayer le mot père du code civil », prévoyant pour « les années à venir la confusion des genres, le déni des sexes et la psychose ». Soyons reconnaissant à ce parlementaire de nous avoir enfin livré la clef des attentats du 11 septembre : Ben Laden était orphelin de père, à moins qu’il ne fût homosexuel. Cqfd.

Tout à sa noble fureur, Nicolas Dhuicq interpelle également le ministre de l’Education nationale à propos des programmes d’histoire, dont la responsabilité, à force de « cultiver la haine de soi, la repentance en permanence », est accablante : « (…) on a voulu faire apprendre à des préadolescents, alors qu’ils ne connaissent pas l’histoire de leur pays, celle des grands peuples [du monde]». De ces programmes apatrides, on recueille aujourd’hui le prix : le terrorisme.

Repentance, haine de soi, le Monomotapa exotique plutôt que nos bons Capétiens ? N’est-ce pas là, presque mots pour mots, la substance de la bruyante campagne organisée ces derniers mois par le Figaro sur l’histoire à l’école ? Nicolas Dhuicq prolonge à sa manière les thèses apocalyptiques ressassées sans fin par une cohorte d’auteurs à la mode (Casali, Wetzel, Badré et quelques autres) dont la proximité idéologique avec la droite dure ne tient pas de la simple coïncidence.

Parce qu’elle s’avise d’enseigner la guerre d’Algérie ou la Collaboration, parce qu’elle commence à prendre ses distances – bien timidement, trop timidement - avec ce récit stéréotypé et vide de sens qu’est l’histoire de France, l’école se voit régulièrement accusée de faire le lit d’un prétendu communautarisme. Et aujourd’hui celui du terrorisme. Bien sûr, la Droite populaire et ses extravagances peuvent faire rire,  on peut très bien ne pas la prendre au sérieux. Mais qu’un honorable parlementaire puisse se livrer sans honte, dans une séance publique à l’Assemblée nationale, à cet amalgame ubuesque entre homosexualité, histoire à l’école et terrorisme est le signe d’une singulière dérive du débat politique.

 

B. Girard

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