Diplôme national du brevet : l'éducation civique au service des marchands de mort
Cette année, et pour la première fois, les sujets du DNB étaient élaborés au niveau national et non plus dans chaque académie comme c’était le cas jusque là. Pour ce qui concerne l’éducation civique, on n’est pas vraiment surpris par le choix des organisateurs de l’épreuve : les collégiens ont été amenés à plancher sur la défense nationale. Hors de l’armée, point de citoyen ! Bien évidemment, cette épreuve est conçue pour empêcher les élèves d’exercer un regard critique sur l’institution militaire. Et pour cause, cette partie du programme scolaire étant élaborée en étroite et exclusive collaboration avec les autorités militaires. Le document de travail remis aux collégiens consiste en deux extraits réglementaires mais surtout, une BD, qui se voudrait édifiante, censée montrer la diversité des missions de l’armée. En réalité, l’image naïve et infantile – « la France n’a pas d’ennemi mais est toujours prête à se défendre » - dissimule mal un message lourdement propagandiste dont on sait que l’Education nationale, depuis les bataillons scolaires, se fait l’ardente apologiste. Arrivés au terme de leur scolarité en collège, à aucun moment les élèves n’auront donc eu la possibilité, on allait dire la permission, de poser des questions sur les budgets militaires extravagants de ceux qu’on appelle les grandes puissances (plus de 1200 milliards de dollars pour la seule année 2006 !), sur la responsabilité de la France, second ou troisième exportateur d’armements, dans les conflits en cours ou à venir, sur la menace atomique que la France et quelques autres font peser sur le monde, sur la légitimité de la guerre pour résoudre les conflits, sur l’injustice d’un ordre mondial générateur de tensions. Pour l’Education nationale, dont la duplicité en la matière n’est plus à démontrer, l’éducation civique consisterait donc à interdire toute interrogation sur les grands problèmes du monde. Mais quels citoyens prétend-on ainsi former ? Cette situation est d’autant plus paradoxale que le socle commun de compétences et de connaissances applicable dans tous les établissements scolaires depuis la dernière rentrée demande à l’école de développer chez les élèves des capacités de « jugement » et d’ « esprit critique », de « savoir distinguer un argument rationnel d’un argument d’autorité » ou encore de « savoir construire son opinion personnelle ». Tout le contraire, donc, de cette épreuve d’éducation prétendument civique qui tend à imposer une vérité révélée, un silence sur des questions qui dérangent et, en fin de compte, ce que l’on peut appeler une certaine morale d’état.
Voir aussi sur Journal d’école : « la « culture humaniste » à l’école, ça sert aussi à faire la guerre » (05/06/2007)
http://journaldecole.canalblog.com/archives/2007/06/05/5198831.html