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Journal d'école
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25 juin 2007

Diplôme national du brevet : l'éducation civique au service des marchands de mort

Cette année, et pour la première fois, les sujets du DNB étaient élaborés au niveau national et non plus dans chaque académie comme c’était le cas jusque là. Pour ce qui concerne l’éducation civique, on n’est pas vraiment surpris par le choix des organisateurs de l’épreuve : les collégiens ont été amenés à plancher sur la défense nationale. Hors de l’armée, point de citoyen ! Bien évidemment, cette épreuve est conçue pour empêcher les élèves d’exercer un regard critique sur l’institution militaire. Et pour cause, cette partie du programme scolaire étant élaborée en étroite et exclusive collaboration avec les autorités militaires. Le document de travail remis aux collégiens consiste en deux extraits réglementaires mais surtout, une BD, qui se voudrait édifiante, censée montrer la diversité des missions de l’armée. En réalité,  l’image naïve et infantile – « la France n’a pas d’ennemi mais est toujours prête à se défendre » - dissimule mal un message lourdement propagandiste dont on sait que l’Education nationale, depuis les bataillons scolaires, se fait l’ardente apologiste. Arrivés au terme de leur scolarité en collège, à aucun moment les élèves n’auront donc eu la possibilité, on allait dire la permission, de poser des questions sur les budgets militaires extravagants de ceux qu’on appelle les grandes puissances (plus de 1200 milliards de dollars pour la seule année 2006 !), sur la responsabilité de la France, second ou troisième exportateur d’armements, dans les conflits en cours ou à venir, sur la menace atomique que la France et quelques autres font peser sur le monde, sur la légitimité de la guerre pour résoudre les conflits, sur l’injustice d’un ordre mondial générateur de tensions. Pour l’Education nationale, dont la duplicité en la matière n’est plus à démontrer, l’éducation civique consisterait donc à interdire toute interrogation sur les grands problèmes du monde. Mais quels citoyens prétend-on ainsi former ? Cette situation est d’autant plus paradoxale que le socle commun de compétences et de connaissances applicable dans tous les établissements scolaires depuis la dernière rentrée demande à l’école de développer chez les élèves des capacités de « jugement » et d’ « esprit critique », de « savoir distinguer un argument rationnel d’un argument d’autorité » ou encore de « savoir construire son opinion personnelle ». Tout le contraire, donc, de cette épreuve d’éducation prétendument civique qui tend à imposer une vérité révélée, un silence sur des questions qui dérangent et, en fin de compte, ce que l’on peut appeler une certaine morale d’état.

Voir aussi sur Journal d’école : « la « culture humaniste » à l’école, ça sert aussi à faire la guerre » (05/06/2007)

http://journaldecole.canalblog.com/archives/2007/06/05/5198831.html

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Commentaires
R
6 mois pour rédiger des sujets, et le sujet n'est pas capable d'être correct. Pour les épreuves du bac, nous avons eu 2 correctifs.<br /> Qui dénature les examens et déplore après la perte de valeur de diplomes...L'éducation nationale "executive" est suicidaire.
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L
A Rémi Froschard<br /> <br /> Le correctif a bien été apporté verbalement au début de l'épreuve (du moins dans le centre d'examen où j'ai surveillé l'épreuve). Non seulement le sujet est nul mais l'administration n'est même pas capable de le libeller correctement.
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T
qu'on gave les mômes avec un catéchisme lénifiant sur l'armée ne m'étonne guère. On les gave déjà avec un catéchisme lénifiant sur le tiers-monde, sur l'histoire de leurs "communautés" et de religions, les relations sexuelles, les relations de bon voisinage, la citoyenneté la façon de bouffer, le monde associatif, etc etc.<br /> <br /> Comme disent C.Weiss et E. Laux dans "Ignare Académie", la pédagogie de la pensée molle et correcte leur ôte toute insouciance dès le plus jeune âge. Mais Lubin ne se dresse que contre un seul catéchisme, celui de la Défense Nationale. C'est le plus facile à détester, le plus commode à remettre en cause, c'est sûr.
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R
Le sujet en lui même est grave et douteux.<br /> <br /> Un correctif a été apporté au document 1, à savoir le rajout d'un article de loi (112-1, en plus du 111-1). L'article 112-1 abroge une obligation de l'article 111-1) à savoir la levée sous le drapeau.<br /> <br /> Dans la question 1, on demande les 3 obligations du service national. Sauf qu'il n'y en a plus que 2 (le recensement et la journée d'appel à la défense).<br /> <br /> Lubin, en qualité de prof, avez-vous eu connaissance également d'un correctif au moment de l'épreuve ?
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V
Je croyais la thèse du complot et la paranoïa réservées aux "déclinistes" ? <br /> Le choix de la "défense nationale" est aussi dicté par le souci constant d'éviter un sujet sur les institutions de la Ve république, bien plus meurtrier en termes de résultats. Comptez dans les annales les questions s'y rapportant !<br /> Quand au socle de compétences et ses prétendues exigences d'esprit critique, relisez les classiques "De la destruction du savoir en temps de paix" ou "Tableau noir".
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